3 avril 2020
3 avril 2020
Temps de lecture : 4 minutes
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Face à l'urgence, comment organiser et sécuriser la solidarité ?

Face à la pénurie de matériel et aux difficultés des personnels soignants, mais aussi des commerçants, la France entière s’active. La solidarité en ligne explose pour répondre à l’urgence tout en suivant les recommandations du gouvernement de “Rester chez soi”.
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Depuis deux semaines, le gouvernement, les entreprises et les associations s’organisent pour répondre à l’urgence. Devant la pénurie de matériel à destination des professionnels, certains entreprises n’ont pas hésité à transformer leurs lignes de production pour fabriquer des masques (comme 1083), des visières ou encore des valves. De nombreuses initiatives se sont aussi montées pour aider les petits commerces, alimentaires ou non, à faire face à l’absence ou la chute drastique de leurs revenus. Confinés chez eux, citoyennes et citoyens français cherchent aussi à participer à ce mouvement d’entraide tout en respectant le confinement.  La solidarité s’organise alors en ligne via des cagnottes et des campagnes de crowdfunding. 

Même confinée, la solidarité s’organise

En quelques jours seulement, la plateforme KissKissBankBank a récolté 301 275 euros grâce à la contribution de plus de 4800 personnes au profit du secteur médical ou du commerce. Le site recense, comme celui d’Ulule, dix-huit campagnes dédiées à la lutte contre le coronavirus. “Nous recevons trois à quatre fois plus de demandes que d’habitude mais nous sélectionnons uniquement celles qui sont fiables” , explique Arnaud Burgot, COO d’Ulule. La grande complexité vient du caractère urgent de certaines campagnes. “Elles sont souvent plus courtes et nécessitent parfois un transfert de fonds intermédiaire pour pouvoir débuter une production le plus rapidement possible” , souligne Arnaud Burgot. Ulule a même décidé d’affecter un de ses membres à la gestion des demandes urgentes pour qu’il puisse favoriser les mises en relation entre acteurs. C’est ce qui a notamment permis à la plateforme de s’associer avec MicroDon et KissKissBankBank pour lancer l’opération des Paniers Solidaires. Hormis un besoin de réactivité plus important que d’habitude, aucune différence sur les montants engagés n’est à noter, “leur moyenne se situe toujours autour des 50 euros” .

Chez Leetchi, le constat est identique. Le site comptabilise en effet 4300 cagnottes allant de “quelques milliers à plus de 110 000 euros” , explique Sibylle Pichot, Responsable de la communication. Et les chiffres ne cessent d'augmenter ! La campagne, intitulée, “Tous ensemble contre le virus", lancée par l’équipe de réanimation du CHU de Bordeaux Pellegrin a déjà récolté plus de 163 000 euros grâce à la contribution de 3000 personnes. 

Face à un tel afflux de demandes et de solidarité, comment s’organiser et vérifier que derrière toute cette bonne volonté, ne se cachent pas des profiteurs ? Depuis le début de la pandémie, les cyberattaques, le hameçonnage et les vols de matériel se multiplient, ce qui pousse à la plus grande prudence. 

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Une vérification accrue des organisateurs de cagnotte

Quelque soit le type de cagnotte ou de campagne qui leur sont soumises, ces organismes de collecte ont déjà des process de vérification très carrés. De même que les banques, les plateformes de crowdfunding sont “soumises à la réglementation sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme” , précise Arnaud Burgot.

Les équipes d’Ulule effectuent une vérification de l’identité des collecteurs et des destinataires des fonds en leur demandant leurs papiers. Des échanges téléphoniques ont également lieu avec les porteurs de projets lors de leur accompagnement. Couplées, ces deux procédures constituent “les meilleures garanties de sérieux et d'honnêteté dans la réalisation du projet” , estime Arnaud Burgot. Ulule vérifie également que l’association reçoit bien les fonds collectés ou qu’une “convention a été signée avec elle” .

Chez Leetchi aussi une attention toute particulière est portée à la sécurité. “Toutes les cagnottes solidaires en lien avec le Covid-19 sont identifiées automatiquement par des outils de screening internes et contrôlées une à une”  par le service de lutte contre la fraude. Ce dernier vérifie ainsi la véracité de l’objet et la destination des fonds. Pour agir en toute transparence, Leetchi a décidé d’identifier les cagnottes certifiées grâce à un badge vert et de leur dédier une page particulière sur son site. La liste, non exhaustive, est mise à jour en fonction de l’avancée des vérifications. L’entreprise rappelle également être la seule à pouvoir “valider la sortie de fonds” , précise Sibylle Pichot. 

Chacune des plateformes mobilisent ses forces vives et participe à cet élan national de solidarité. Leetchi, KissKissBankBank et Ulule ne prennent aucune commission sur les dons effectués, mis à part de  “les frais techniques et transactionnels

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