Ce sont finalement 123 startups qui ont été sélectionnées pour profiter d’un accompagnement sur mesure au sein du programme French Tech 120. Ce dispositif offre un accompagnement prioritaire à ces startups sélectionnées car considérées comme les plus prometteuses de France. C’est en réalité un élargissement du projet " Next40 " qui proposait d’assister uniquement 40 startups en hyper-croissance pour favoriser l’innovation et l’entrepreneuriat. Mais, si le financement et l’élargissement de l’aide apportée aux startups apparaît comme un signal positif pour la Tech française, encore faut-il que la sélection soit un peu plus variée pour être à la hauteur des objectifs d’une future "startup nation".
Ainsi, le choix de représenter chacune des régions françaises par une startup locale reste discutable et a sûrement abouti à l’exclusion de certaines startups prometteuses. De plus, le critère de nationalité de l’actionnariat, qui a conditionné les deux sélections, n’a jamais été un critère de qualité.
La deeptech, grande oubliée du classement ?
La première sélection du Next 40 n’exploitait déjà pas toutes les potentialités de la France en matière de recherche et d’innovation. Cette sélection, faite notamment sur la base des plus grosses levées de fonds et des chiffres d’affaires, était très orientée " numérique ". Or, rester cantonné à des technologies " simples ", sans miser sur des startups spécialisées dans la deeptech ne permet pas à la France de s’ouvrir à d’autres horizons économiques. Le gouvernement d’Emmanuel Macron a pourtant persisté dans cette voie lors de la sélection des 83 nouvelles startups. Le French Tech 120 ne présente donc que peu d’entreprises porteuses de grandes ruptures technologiques, même si elle fait la part belle aux entreprises de la MedTech et de la Biotech.
Pourtant, le terrain de jeu des entrepreneurs dans le secteur de la deep tech est très vaste : la robotique, la santé avec l’essor de l’intelligence artificielle, les nouveaux modes de transports (voitures autonomes et écologiques) et la création de nouveaux matériaux sont autant de potentialités accessibles à beaucoup de jeunes pousses. En outre, l’intensité capitalistique de ces startups est très importante, et se focalise en particulier sur le travail effectué dans les laboratoires de recherche pour apporter une véritable valeur ajoutée. Sur ce point, l’excellence de la recherche et des incubateurs français est un véritable atout pour les jeunes pousses de l’Hexagone. D’autant plus que les investisseurs français sont friands de deeptech : près de 90% d’entre eux pensent que la croissance de startups spécialisées dans les technologies de pointe est supérieure aux autres secteurs d’activité, selon Bpifrance. Les startups françaises qui dynamiseront le marché français seront tournées vers l’avenir et apparaîtront comme des vecteurs d’innovations performantes et utiles.
Quid de l'industrie ?
Mais si la deep tech peut être un tremplin pour le développement économique des startups, le secteur industriel peut aussi se révéler très fructueux. Or, l’activité industrielle fait également défaut dans la sélection des startups du French Tech 120. À l’opposé de l’économie de service où la concurrence mondiale fait rage, la demande au sein de l’industrie est très importante et présente de nombreux intérêts. En effet, les jeunes pousses ont la possibilité de mettre en place des innovations techniques et technologiques issues de nos laboratoires de recherche qui permettraient de créer des usines intelligentes, plus autonomes et plus performantes.
Dans ce cadre, les startups participeraient à l’émergence de l’industrie 4.0 tout en développant leur propre économie. Un cercle vertueux bénéfique pour l’ensemble de l’économie et de l’industrie française pourrait alors se développer. D’autant plus que l’industrie est en forte demande puisqu’elle doit répondre à des problématiques organisationnelles et environnementales. L’un des enjeux centraux pour l’industrie du XXIème siècle réside dans la diminution des impacts négatifs de son activité sur l’environnement. Pour développer la Responsabilité Sociale de l’Entreprise (RSE), les industriels doivent renouveler leur méthode de gestion des déchets, des polluants etc. à travers l’utilisation de nouvelles technologies plus écologiques. Un nouvel élargissement de la sélection avec des ambitions pour les startups de l’industrie et de la deeptech permettrait au French Tech 120 de devenir le bras armé de la startup nation.
Raymond Dorge, associé du cabinet GMBA