A la fois incontournable et terriblement chronophage, l’e-mail peut facilement devenir ingérable au fil de la croissance d’une entreprise. Et comme si les boîtes individuelles ne suffisaient pas, les adresses collectives (de demande d’information, de support, de prise de contact, etc.) débordent rapidement sans que personne ne sache qui a répondu, qui est apte à le faire ou qui est disponible.
C’est dans ce triangle des Bermudes de l’e-mail que s’inscrit Front : la startup portée par des Français, développée aux Etats-Unis (via le Y Combinator) offre à ses clients professionnels une plateforme pour mieux gérer l’afflux de messages sur des boîtes communes. Elle centralise SMS, e-mails, messages Facebook ou Whatsapp, mentions Twitter, etc. et intègre des outils populaires comme GitHub, Asana, Slack, Zapier, Trello (et près de 50 autres).
Forte de plus de 5 000 clients et 170 employés, la startup fondée en 2013 annonce ce mercredi 22 janvier une quatrième levée de fonds en série C à hauteur de 59 millions de dollars, soit un peu plus de 53 millions d’euros au cours actuel. Singularité des devises, le montant du dernier tour de table en janvier 2018 était de 66 millions de dollars pour… toujours un peu plus de 53 millions d’euros. En tout, la jeune pousse a levé 138 millions de dollars jusqu’à maintenant et assure avoir quadruplé sa valorisation.
Des investisseurs emblématiques du "Future of work"
En plus des investisseurs historiques comme Sequoia Capital, Initialized Capital ou Anthos Capital, Front cite de nouveaux acteurs “réinventant l’avenir des modes de travail” autour de la table, comme Mike Cannon-Brookes et Jay Simons d’Atlassian, Eric Yuan de Zoom, Frederic Kerrest d’Okta ou encore Ryan et Jared Smith de Qualtrics.
“Je suis ravie que ces entrepreneurs et acteurs talentueux rejoignent notre mission”, a réagi la cofondatrice et CEO de Front Mathilde Collin. “Ces leaders construisent le 'future of work', et leur investissement dans notre entreprise valide notre position : l’e-mail peut faire tellement plus pour les particuliers comme pour les entreprises”, souligne-t-elle.
Front permet aussi d’automatiser certaines tâches pour ne pas laisser les collaborateurs désemparés devant leur boîte mail toujours plus remplie. Si la plateforme fait autant, que lui reste-t-il à développer avec l’aide de cette série C ? “Le financement va permettre entre autres d’étoffer notre offre existante (amélioration du calendrier de Front, développement d’une nouvelle plateforme, plus d’automatisation, un mode offline, etc.), d’étendre notre équipe sur notre nouveau site de Phoenix, et nous avons déjà embauché un nouveau CMO”, déroule Mathilde Collin.
Comment s’est déroulée la création d’un nouveau bureau à Paris en début 2018, une forme de “retour aux sources” ?
“C’est une très bonne expérience, ça nous a appris à monter une startup au sein de notre startup, avec toutes les équipes représentées (produit, ingénierie, ventes, support, clients), menée par notre cofondateur et CTO Laurent”, résume la cofondatrice.
“Cela nous a permis de nous rapprocher de plus de 1300 de nos clients, 25% de notre clientèle étant en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique. Cela a été une occasion unique pour apprendre, si tôt dans notre histoire, et un investissement dont nous sommes fiers”, conclut-elle.