C'est devant Florence Parly, ministre des Armées, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie et des Finances, Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et Cédric O, secrétaire d’Etat chargé du Numérique, que la députée LREM des Français de l’étranger Paula Forteza a présenté, ce matin, les conclusions du rapport Quantique : le virage technologique que la France ne ratera pas.
Celui-ci, co-rédigé avec Jean-Paul Herteman, président d’honneur du GIFAS et ancien président-directeur général de Safran, et Iordanis Kerenidis, directeur de recherche au CNRS "au regard des enjeux de croissance économique et de souveraineté liés aux technologies quantiques, du contexte européen et mondial qui voit certains pays intensifier leurs programmes de développement autour de ces technologies, et des forces et faiblesses de l’écosystème industriel et de recherche français" dévoile ses recommandations stratégiques :
Déployer une infrastructure de calcul quantique de pointe à destination de la recherche et l’industrie
En intégrant "différents émulateurs et accélérateurs quantiques basés sur des principes technologiques divers, pourra représenter un levier d’action fort", explique le rapport, avant d'ajouter que cette infrastructure "permettra de limiter les risques d’effets de verrouillage et d’intégration verticale, de développer l’écosystème logiciel et les usages pratiques, de développer la légitimité et le rayonnement de la France à l’international et de contribuer à l’émergence de fournisseurs de calculateurs quantiques français et européens de rang mondial".
Lancer un programme de développement technologique ambitieux
En mettant notamment en place des programmes de R&D dédiés à la technologie quantique, et rassemblant acteurs publics et privés afin de lever les "différents verrous scientifiques et technologiques jalonnant le développement de l’ordinateur quantique, ainsi que des dispositifs de cryptographie nécessaires à la sécurisation des communications sensibles à l’ère du quantique".
Mettre en place un programme de soutien au développement des usages
En créant des "challenges quantiques" capables d'associer "secteurs d’usages et secteurs technologiques, aussi bien dans le domaine du calcul quantique que dans le domaine des capteurs quantiques" afin un objectif clair : améliorer ou renforcer "la compétitivité des secteurs aval tout en sécurisant les débouchés court-terme des secteurs technologiques".
Créer un environnement d’innovation efficace
En créant des centres quantiques dont l'ambition sera de rassembler différents métiers et secteurs autour de pôles de D&D "reconnus au plan international tant pour le rayonnement académique qu’industriel".
Déployer une stratégie de sécurité économique adaptée
Afin de protéger le patrimoine scientifique et technologique français et ainsi éviter le ciblage volontaire des acteurs les plus vulnérables par d'autres États.
Instaurer une gouvernance efficace
Comme dans chaque plan stratégique présenté au gouvernement, la mise en place d'une gouvernance "agile et dotée d’un pouvoir décisionnel, associant l’Etat, les organismes de recherche et les industriels" est recommandée afin de lever les verrous relatifs au déploiement des objectifs.
Alors que la France a pris un retard certain dans le secteur face aux Américains et aux Chinois, les enjeux du quantique ne sont plus à négliger : médecine moléculaire, logistique, stockage de CO2, fabrication de fertilisants " verts "... " On est dans l’aviation en 1903 ", expliquait début décembre le financier Charles Beigbeder, créateur il y a un an du fonds d’investissement spécialisé Quantonation. " La seule différence, c’est que quand quelqu’un réussit à faire quelque chose quelque part, toute la planète est au courant en moins d’une heure ".
Un groupe de travail, constitué des représentants de l’Etat et de personnalités issues du CEA, de l'INRIA, du CNRS, et de la BPI, sera désormais chargé d’élaborer dans les trois prochains mois une feuille de route détaillée "permettant de répondre aux six recommandations du rapport", et ce dans les cinq prochaines années.