Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux et montrant des employés de l'entreprise de textile Le Slip Français grimés en noir provoque l'indignation, de nombreux internautes appelant au boycott de la société qui a dit "condamner fermement ces actes".
Notre position suite aux faits diffusés ces derniers jours sur les réseaux sociaux. pic.twitter.com/CgirMjxYzw
— Le Slip Français (@LeSlipFrancais) January 3, 2020
La vidéo, tournée lors d'une soirée privée à une date non précisée et révélée par le compte Instagram "Décolonisons-nous" vendredi, où elle a été vue plus de 50.000 fois depuis sa mise en ligne à l'aube, montre deux femmes et un homme. L'homme imite par moments un singe sur fond de musique jouant Saga Africa, tandis que l'une des femmes est maquillée en noir, sous les rires de la troisième personne. Une vidéo de la même soirée circule également sur Twitter, où elle a été partagée plus de 930.000 fois depuis sa mise en ligne jeudi soir. Selon le compte "Décolonisons-nous", la vidéo montre plusieurs employés de l'entreprise le Slip Français, société créée en 2011 et qui emploie aujourd'hui plus de 200 personnes, d'après son site.
Le Slip Français condamne les agissements privés de ses salariés
En réaction, l'entreprise a diffusé vendredi un communiqué dans lequel elle se dit choquée, et indique condamner "fermement ces actes". "Les salariés concernés ont été convoqués et sanctionnés par la direction du Slip Français", ajoute la société, qui n'indique pas la teneur de ces sanctions. "Toute manifestation raciste ou à caractère discriminatoire n'est pas acceptable pour notre entreprise", poursuit le communiqué diffusé sur Twitter. Le Slip Français affirme par ailleurs avoir rassemblé tous ses employés pour rappeler "la responsabilité de chacun dans son rôle de citoyen".
Contacté par l'AFP, Guillaume Gibault, le fondateur du Slip Français, s'est dit "secoué" par l'événement, et a précisé que les deux salariés concernés ont été convoqués et mis à pied à titre conservatoire dès vendredi. "Moralement, c'est contraire à nos valeurs. On dénonce ces actes-là (...) On a été très fermes avec eux", a-t-il déclaré à l'AFP. Après la publication de la vidéo sur un premier compte le 1er janvier, "on a réagi tout de suite", a détaillé Guillaume Gibault. "Dans un contexte où les choses vont très vite, on fait de notre mieux pour être très fermes. Ce genre de comportement n'a pas sa place dans notre équipe et dans notre démarche, ça n'est pas nos valeurs", a-t-il poursuivi, indiquant envisager de mettre en place un "programme de sensibilisation sur ces sujets-là".
Des contacts avec SOS Racisme
Guillaume Gibault a par ailleurs précisé que l'entreprise a rassemblé l'ensemble de ses employés vendredi matin pour rappeler "les valeurs d'ouverture" portées par sa société. Il a aussi indiqué à l'AFP s'être entretenu vendredi avec Dominique Sopo, le président de l'association SOS Racisme. "Il a été discuté de la participation de l'association à la mise en place, en interne, d'un programme de sensibilisation aux problématiques du racisme et des discriminations", a détaillé SOS Racisme dans un communiqué.
L'association a "demandé à ses avocats de déterminer si l'ensemble de ces éléments, pris dans le contexte de la soirée, pourraient être constitutifs d'injures publiques à caractère raciste". "Le plus désolant, c'est que ce sont des jeunes qui soit s'adonnent consciemment à un racisme hypocritement nié, soit ne comprennent même pas qu'ils véhiculent le racisme", a commenté Dominique Sopo, cité dans le texte, qui rappelle que "le blackface tel qu'il est ici utilisé puise les origines dans le théâtre américain du 19e siècle et visait à humilier les personnes noires en les ridiculisant". Dans son communiqué, l'association cite "la réponse d'une des participantes à cette soirée" - qui n'est pas salariée du Slip Français : "Pour clarifier les choses, loin de moi la moindre pensée raciste, bien au contraire ! Il s'agissait d'un dîner entre potes sur le thème Africa, rien de plus. Désolée si cela a mal été interprété. Bonne année et viva Africa".
Maddyness avec AFP