Connu pour investir dans des entreprises européennes travaillant dans la tech, le fonds Atomico s’est lancé le défi d’ouvrir le champs de ses investissements. Pour apporter un regard nouveau sur le secteur, Sophia Bendz, Partner chez Atomico, a choisi de donner 100 000 dollars à douze business angels sélectionnés dans huit pays différents. La France était représentée pour cette première année par Roxanne Varza, Directrice de Station F qui a investi dans deux startups françaises, Karamel et Foodvisor. Un choix qui s’est fait en toute indépendance, la seule restriction étant l’éthique (armes, sexe, violence, jeux d’argent).
Pour expliquer ce changement de paradigme, Sophia Bendz explique qu’ils ont choisi des “jeunes visionnaires qui ne connaissaient pas le fonctionnement d’Atomico et ont investi là où ils voyaient de l’innovation”.
Un premier round encourageant
Pour cette première saison, le fonds a sélectionné des entrepreneurs de différents secteurs ( alimentation, pailles écologiques, environnement, location immobilière, transformation digitale…). Leurs particularités et leurs valeurs se sont retrouvées dans les 35 projets soutenus qui répondent principalement à des enjeux et des problèmes sociaux et sociétaux:
- le futur de l’alimentation avec SolarFoods, Entocycle, MushLabs ou encore AKUA…
- la santé et le sport avec BYON, WOOP, Boost Thyroid et Adia...
- le changement climatique et l’écologie avec Tickr ou Pachama...
En tout, 15 entreprises à impact ont été soutenues, soit 43% des startups au total.
Autre point à souligner, le nombre de femmes fondatrices ou co-fondatrices financées par ce programme (37%). Une énorme avancée pour Atomico dont 92% des financements reviennent actuellement à des hommes.
Deuxième saison : une stratégie centrée autour de l’impact et des femmes
Pour la deuxième saison, une stratégie claire est annoncée : investir dans des entreprises à impact et/ou portées par des femmes, Sophia Bendz avouant sans complexe que “l'investissement providentiel est essentiel pour activer de nouveaux groupes de fondateurs encore sous-représentés”. Un point sur lequel le fonds reconnaît pécher. Sur son site, il évoque clairement que son “déficit de financement (envers les groupes sous-représentés comme les femmes) a été perpétué par un manque de diversité dans la communauté des investisseurs”.
La première sélection comptait déjà 8 femmes sur 12 investisseurs, la seconde 9 dans l’espoir de booster les investissements dans les startups fondées ou co-fondées par des femmes.
Difficile cependant d’aller plus loin dans la diversité et de se fixer de véritables objectifs. Même Cédric Giorgi, nouvel investisseur par intérim désigné, reconnaît que le “vivier de fondateurs est beaucoup plus restreint si on s’attaque à la diversité des origines”.
Dans un article sur Medium, Sophia Bendz revenait sur son expérience en tant qu’investisseure, soulignant 3 facteurs décisifs pour réussir : l’expérience, l’argent et le réseau. “Roxanne Varza a été une excellente business angels. Elle a détecté beaucoup d’investissements potentiels dans l’écosystème française” explique la Partner d’Atomico qui a clairement décidé de rebondir, encore une fois, sur le réseau de ses business angels pour choisir la deuxième session.
S’appuyer sur le réseau des business angels intérimaires
“Les choix ont été fait par recommandation” explique Cédric Giorgi, un des deux français sélectionnés avec Maud Pasturaud, conseillère en marketing et croissance parmi les 15 nouveaux Anges du programme. L’ancien directeur des projets de Sigfox avait déjà évoqué, parmi de nombreuses possibilités, son envie de devenir entrepreneur en résidence dans un fonds d’investissement. Si son choix ne semble pas s’être tourné vers cette voie, il voit la proposition d’Atomico comme une opportunité d’expérimenter le métier. “Malgré mes réussites, je n’avais pas les finances personnelles, le programme d’Atomico résout ce problème” reconnaît-il. L’entrepreneur a déjà conseillé des startups mais “ce n’est pas la même chose d’investir son temps et de l’argent, il y a une responsabilité éthique aussi envers le fonds et les startups dans lesquelles je vais investir” poursuit-il.
Si la nouvelle est encore récente et qu’il dispose d’une année complète pour investir, Cédric Giorgi a déjà quelques pistes en tête. “Je regarde les startups à impact et celles dans les deeptech. J’aime bien la diversité, j’ai plutôt envie d’investir dans cinq ou six startups dont deux plutôt locales et la moitié portée par des femmes”. Impact et diversité, deux objectifs qui ne lui ont pas été fixés par Atomico mais semblent en parfaite adéquation avec sa vision.
Pour mieux épauler les nouveaux investisseurs dans leur démarche, Sophia Benz a réalisé quelques améliorations comme l’organisation d’évènements pour permettre aux participants de se rencontrer, des contenus pratiques sur des savoirs-faire ou encore un reporting mensuel des investissements.