25 novembre 2019
25 novembre 2019
Temps de lecture : 4 minutes
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La charge mentale professionnelle poursuit les cadres jusqu’à la maison

Une étude Ifop pour Mooncard suggère que les cadres peinent à déconnecter du travail, que ce soit au sein du foyer ou en pratiquant leurs loisirs. Un constat qui transcende le lieu de vie, le sexe et les catégories d’âge.
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La loi française intègre le droit à la déconnexion depuis le 1er janvier 2017. Sur le papier, elle protège l’employé d’une sanction s’il déconnecte et oblige les entreprises de plus de 50 salariés à rédiger a minima une charte pour encadrer ce droit. Dans les faits, encore faut-il que votre cerveau accepte de déconnecter. C’est là tout le problème mis en lumière par l’étude “Charge mentale : comment le travail empoisonne notre vie privée” menée par l’Ifop pour le compte de la fintech Mooncard

L’enquête a été menée auprès d’un échantillon représentatif d’un peu plus de 1000 cadres. Premier enseignement, pas si surprenant étant donné les responsabilités liées au statut : 95% d’entre eux disent penser à leur travail le soir à la maison, dont 60% “souvent”. 

Là où cela devient plus préoccupant, c’est que la tendance se poursuit le week-end, moment pourtant plus propice à la relaxation et aux loisirs. Peine perdue, 94% des cadres interrogés disent continuer à penser au travail le samedi et le dimanche, dont plus de la moitié “souvent”. 

70% des moins de 35 ans pensent au travail pendant le sport

Envie de déconnecter à la salle de sport ? Perdu, le travail est partout ! Plus de 60% des cadres sondés disent penser “de temps en temps” ou “souvent” à leur activité professionnelle alors qu’ils font du sport. Un chiffre qui atteint presque les 70% pour les moins de 35 ans. 

Cette charge mentale vient même s’immiscer dans la sphère la plus intime : un quart des moins de 35 ans interrogés déclare ainsi qu’il leur arrive de penser au travail en faisant l’amour (20% pour les autres). Pas étonnant donc que ce soit un facteur de tension au sein du foyer : 58% de ceux qui pensent “très souvent” au travail le soir disent que cela génère “souvent” des tensions avec leur conjoint ou leurs proches. Ce qui les place loin devant ceux qui y pensent “de temps en temps” (27%) et ceux qui n’y pensent “jamais” (17%). 

Les trois quarts de ces mêmes cadres qui y pensent “très souvent” expriment d’ailleurs des problèmes de sommeil (contre 15% de ceux qui n’y pensent jamais et 44% de ceux qui y pensent “souvent”). 

86% de cadres du public disent avoir du mal à concilier pro et perso

Pas étonnant donc qu’une proportion impressionnante (86%) de cadres du public affirment avoir du mal à concilier vie pro et vie perso, contre 79% dans le privé. C’est peut-être car les collaborateurs du public sont plus nombreux à se dire “souvent” stressés au travail (51% contre 46%°) et à penser “souvent” au travail le week-end (57% contre 51%). Les trois quarts des cadres du secteur public jugent qu’ils ont trop de “paperasse” et de gestion administrative sur leur planche - contre 66% dans le privé. 

Ne pas réussir à se vider la tête booste naturellement le niveau de stress. Ainsi, 85% des salariés “souvent” stressés dans leur vie professionnelle sont aussi ceux qui pensent souvent à leurs dossiers une fois chez eux. 

Pourquoi donc les cadres ont une telle charge mentale ? L’enquête Ifop relève que 81% des personnes interrogées disent avoir “globalement plus de choses à faire qu’avant”; un constat recueilli à Paris, en région, auprès des jeunes, des seniors, des femmes, des hommes, de la TPE au grand groupe. 

Un trop plein d’e-mails et de tâches simultanées

Près des trois quarts soulignent un trop-plein d’e-mails, et 77% “trop de tâches à gérer en même temps”. Les réunions sont aussi pointées du doigt par 63% des cadres interrogés. 

Et si vous pensiez que la vie est plus tranquille à la campagne, détrompez-vous. Si les Parisiens sont un tout petit peu plus nombreux à penser au travail le soir (96% contre 95%) et le week-end (95% contre 94%), les cadres de région ressentent plus de stress au travail (93% contre 92%) et sont plus nombreux à déclarer “avoir trop de tâches à gérer en même temps” (77% contre 76%). 

Alors que s’approche le troisième anniversaire du droit à la déconnexion, les salariés peinent encore à l’utiliser. Parfois avant même le vote de la loi, des entreprises ont pourtant tenté de mettre en place des dispositifs afin de respecter le temps de repos de ses collaborateurs : incitation à différer l’envoi de son mail à des heures ouvrables chez Orange, proposition de déconnecter ses canaux de messagerie deux heures tous les jours à l’Apec, distribution d’autocollants “Le soir et le week-end, je me déconnecte, et toi ?” chez Areva, etc. Des initiatives peut-être un peu faibles face à l’ancrage sociétal de l’hyperconnexion et l’exigence de productivité chez les cadres.

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