Au cœur d’un monde du travail en quête de nouveaux modèles, les freelances sont devenus légion ces dix dernières années. Apparu aux États-Unis où un travailleur sur trois est aujourd’hui indépendant, le phénomène a progressivement gagné la planète entière. Pour autant, ces nouveaux travailleurs sont loin de bénéficier des avantages encore liés au salariat traditionnel. Santé, retraite, logement … autant de domaines qui relèvent pour eux du parcours du combattant. Rien d’étonnant alors à ce que certains optent pour le portage salarial, cette solution intermédiaire qui permet le versement d’un salaire par une société tierce, facilitant ainsi les démarches d’achat immobilier ou de demande de prêt. Car la capacité de financement est au cœur des préoccupations des freelances, d’autant plus au démarrage de l’activité.
Un financement bancaire encore peu facile d’accès
Dans cette course au financement, de nombreux indépendants pointent notamment du doigt un accès difficile au crédit bancaire. Même si le refus systématique du banquier reste un mythe, toujours est-il que l’obtention d’un financement bancaire regorge de complexités. Malgré leur volonté de s’adresser davantage à cette nouvelle catégorie de professionnels, les établissements bancaires traditionnels disposent de critères d’octroi de crédit encore peu adaptés : seuil de revenus minimum, antériorité de l’activité d’au moins trois ans, chiffre d’affaires constant ou en hausse... Voués à maîtriser le risque crédit pour la banque, ces critères se révèlent bien vite contraignants et restrictifs pour des auto-entrepreneurs, et en particulier pour ceux qui se lancent. Même si les banques acceptent généralement de financer les investissements, comme l’achat de matériel ou de logiciels informatiques, elles octroient plus rarement un crédit pour les besoins en trésorerie liées aux premières dépenses auprès de fournisseurs ou de sous-traitants. Résultat : peu de freelances parviennent à obtenir un prêt bancaire pour soutenir le décollage de leur activité.
Les freelances à la recherche d’aides financières
Avec peu ou sans prêt bancaire, la partie est pour autant loin d’être perdue. Pour pallier les difficultés d’accès au financement, les travailleurs indépendants peuvent compter sur le dispositif d’aides publiques mis en place dans l’Hexagone. A l’instar de l’ACCRE1 , il se matérialise notamment à travers des allègements fiscaux ou des exonérations de charges sociales. Des aides publiques existent aussi à l’échelon régional en fonction de l’activité et de la localisation, et même européen via un programme de promotion du micro-crédit (EaSI). En complément, les freelances s’appuient parfois sur des aides privées venant de business angels ou de réseaux d’aides aux créateurs d’entreprises comme Réseau Entreprendre ou Initiative France. Sans oublier bien sûr les associations à l’image de l’Adie, qui aide les entrepreneurs à obtenir des micro-crédits. Pour autant, malgré tout le travail de pédagogie et d’aiguillage fait par des organismes comme Pôle emploi, de nombreux freelances peinent encore à s’y retrouver parmi ces aides éparses.
La Fintech, nouveau soutien des freelances
Alors, pour mieux faciliter le quotidien des freelances en matière de financement, de plus en plus de start-ups proposent des solutions dédiées aux besoins spécifiques de ces nouveaux professionnels. En Allemagne, l’un des pays pionniers dans ce domaine, des Fintech comme Billie ou Finiata accompagnent ainsi des milliers d’indépendants dans la gestion quotidienne de leurs problématiques de financement. L’Hexagone n’est pas en reste avec Younited Credit qui propose du crédit à la consommation pour aider à la création de micro-entreprise, ou encore avec Finfrog, solution de microprêt qui a noué récemment un partenariat avec Deliveroo en vue de soutenir financièrement les coursiers autoentrepreneurs.
Animées par une logique de collaboration, certaines Fintech ont même décidé de travailler main dans la main pour offrir des solutions clé-en-main. C’est le cas de trois acteurs du marché du freelancing - la marketplace Malt, la néobanque Qonto et le fournisseur d’assurance-santé en ligne Alan -, qui ont lancé l’année dernière Sésame, une offre de services dont l’ambition est de répondre à l’ensemble des enjeux rencontrés par les travailleurs indépendants. Alors qu’un grand pan de l’économie ne s’est clairement pas encore mis au diapason face à l’émergence de ces nouveaux besoins de financement, les freelances trouvent des alliés précieux au cœur de la nouvelle économie qui n’a de cesse, encore une fois, de faire bouger les lignes.
Article de Cédric Teissier et Arthur de Catheu, cofondateurs de Finexkap