Certains fonds ont la Tech gravée dans leur ADN. Ce n'est pas le cas d'InfraVia. Non pas que le fonds dédaigne l'innovation. Mais aux robots et à l'intelligence artificielle, le fonds a longtemps préféré le béton et les câbles. Spécialisé dans les infrastructures, il investit depuis 2008 dans des industries du transport, du bâtiment ou de l'énergie. En France, il a ainsi soutenu le projet de salle musicale Tempo, inaugurée en 2017 sur l'île Seguin à Boulogne-Billancourt, les parcs photovoltaïques de Tecta Énergie ou l'opérateur de distribution de gaz Régaz.
"Ce sont autant de services qui ont progressivement glissé du secteur public vers le secteur privé", analyse Vincent Levita, CEO et fondateur d’InfraVia. Et financer de tels projets coûte cher : ce sont plus de 4 milliards d'euros que le fonds a sous gestion. De quoi donner quelques idées à l'investisseur. "Le numérique s'est développé dans le B2C mais commence à atteindre les industries", observe-t-il. Mais l'arrivée des voitures connectées ou de l'autoproduction d'énergie nécessitent des infrastructures adaptées. Dans le même temps, les besoins financiers de potentiels géants technologiques sont colossaux ; ces derniers peinent d'ailleurs à trouver des relais suffisants en France, comme l'a souligné le rapport Tibi.
Créer un écosystème favorable
C'est dans cette perspective qu'InfraVia a décidé de lancer un fonds dédié à l'investissement late stage dans le secteur du numérique, InfraVia Growth Fund. "L'idée est de financer des infrastructures passives sur lesquelles viennent s'ajouter des couches de services", précise Vincent Lévita. Cela nécessite beaucoup d'argent : on parle d'un objectif cible de 300 millions d'euros pour le fonds avec des tickets de 20 à 50 millions d'euros.
Mais aussi des compétences dont ne disposent pas toujours les financiers purs et durs. "Nous souhaitons créer un écosystème favorable pour que les futurs géants du numérique se développent, affirme l'investisseur. Cet écosystème existe déjà dans les infrastructures." L'équipe d'InfraVia, qui accompagne déjà plus d'une trentaine de projets industriels, mettra donc son temps et son expertise au service d'entreprises Tech.
Mais pas n'importe lesquelles : des entreprises B2B industrielles, dont les technologies ont été éprouvées, rentables ou en passe de le devenir, avec un focus particulier sur les SaaS industriels et les outils de gestion de cloud. Mais le fonds "ne s'interdit rien" et pourrait donc faire quelques pas de côté pour aller chercher d'autres types de projets, notamment dans le secteur de la santé, très dynamique en ce moment. Avec, en ligne de mire, une introduction en Bourse ou une opération de LBO pour mettre les pépites en orbite.