Portfolio par Victoria Masson
5 septembre 2019
5 septembre 2019
Temps de lecture : 3 minutes
3 min
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Quand l’économie collaborative se met au service des agriculteurs

Partage de matériel, échange de parcelles ou de bons conseils, les plateformes collaboratives se multiplient au sein du monde agricole. Un moyen de faire face, ensemble, aux difficultés économiques et de recréer du lien pour vivre mieux.
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" En regroupant mes parcelles, j’ai fait une économie de 150/200 euros par hectare par an " Xavier Dufour, agriculteur de 38 ans en Champagne-Ardenne, faisait face à un problème foncier : des parcelles éloignées d’une trentaine de kilomètres. " Il fallait compter 1h30 de trajet aller-retour avec nos machines pour chaque opération, donc le prix du gasoil, le personnel, etc. " Pour éviter cette perte d’argent et d’efficacité, il a fait le choix de l’économie collaborative et s’est tourné vers la plateforme EchangeParcelle.

EchangeParcelle, créée par Mickaël Jacquemin, met en relation les agriculteurs désireux, comme Xavier Dufour, d’échanger des parcelles éclatées. " On veut favoriser la mise en réseau, on est des facilitateurs ", explique-t-il. L’agriculteur de la Marne a voulu aller plus loin et réunir au sein d’une association, nommée CoFarming, d’autres startups qui répondent à des problématiques différentes de la sienne. " Les agriculteurs ont des charges structurelles conséquentes. Que je produise ou pas, mon matériel est là, détaille-t-il. Avec l’économie collaborative, les charges structurelles peuvent varier du simple au double. "

Recréer du lien

Parmi les startups présentes au sein de CoFarming, on trouve par exemple WeFarmUp qui propose de la location de matériel agricole entre professionnels, ou encore Agri-Echange qui permet d’échanger des services entre agriculteurs sans sortie de trésorerie. Petite nouvelle du milieu, Farmr., startup lancée le 26 juin dernier, répond, elle, à un autre besoin du monde agricole : recréer un tissu social rural. " L’agriculteur n’a pas le même quotidien que l’urbain. Il ne coupe pas avec son travail. Il vit là où il est, il fallait donc une plateforme dédiée ", explique Baptiste Létocart, co-fondateur de ce premier réseau social entre agriculteurs 100% gratuit.

Si les agriculteurs n’ont pas attendu ces plateformes pour s’entraider, les lieux de discussions ont évolué. Les petits commerces, de moins en moins nombreux, jouent moins qu’avant leur rôle de place d’échanges. Pour recréer ce lien, et s’affranchir des frontières physiques, " le numérique peut aider, assure Baptiste Létocart. L’économie collaborative permet de ne pas faire appel à une solution payante, mais de demander d’abord l’aide de la communauté. "

Les premiers à convaincre restent bien sûr les agriculteurs eux-mêmes. Les utilisateurs de Farmr. sont plutôt jeunes et " déjà très connectés ". Mais plus qu’une question d’âge, " c’est une question d’état d’esprit, assure Xavier Dufour. Les agriculteurs doivent être acteurs, si on les pousse, on aura plus d’opposition que d’adhésion. "

Pas de solution miracle pour autant, " l’économie collaborative est un outil, on ne réglera pas tout avec, rappelle quand même Michaël Jacquemin. On ne veut pas ubériser nos organisations agricoles.

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