C'est le petit festival qui monte. De plus en plus d'entrepreneurs se posent la question d'aller exposer au Webit ou simplement y passer une tête pour découvrir les marchés d'Europe de l'Est. En effet, implanté à Sofia depuis 2009 - d'autres éditions régionales ont régulièrement lieu à Istanbul ou Dubaï - l'événement bénéficie d'un rayonnement certain dans la région des Balkans. Mais d'un certain rayonnement seulement en Europe de l'Ouest, davantage tournée vers le Web Summit lisboète. Alors, le Webit vaut-il le coup d'oeil ?
Autant le dire de suite : avec quelque 7000 participants en 2018 et 11 000 participants attendus cette année, le Webit n'a rien à voir avec les VivaTech (100 000 visiteurs en 2018), Web Summit (70 000) ou même Slush (40 000), son équivalent finlandais. Une différence d'échelle que l'on retrouve dans le programme de l'événement, qui peine à mobiliser les têtes d'affiche. La plupart des speakers restent des dirigeants de grands groupes, technologiques ou industriels de la région. Et la programmation des conférences s'en ressent : en-dehors de quelques thématiques technos pas franchement surprenantes et assez génériques ("le futur de l'éducation", "les défis de l'économie à la demande", "intelligence artificielle : le bon, la brute et le truand"...), les grands groupes squattent la scène Innovation à coup de keynotes dédiées à leur promotion. Pas franchement stimulant pour les startuppers qui viendraient prendre un shot de créativité.
Une opportunité low-cost pour les startups
Cette densité d'executives a néanmoins un mérite : pour les entrepreneurs qui viendraient prendre le pouls de la région et surtout seraient à la recherche de contacts commerciaux, le Webit est l'endroit rêvé. Les industriels se bousculent, les distributeurs y sont nombreux et les contacts sont facilités par le fait que les allées sont bien moins remplies qu'à d'autres rassemblements technologiques. Les rares startups françaises présentes cette année ont d'ailleurs souligné la "bonne surprise" qu'a constitué leur participation, leur permettant de nouer des contacts qualifiés auprès d'investisseurs ou de distributeurs.
Un bilan d'autant plus positif que le voyage s'avère peu onéreux : pour les startups sélectionnées par l'organisation, le stand est gratuit ou presque (moins d'une centaine d'euros). Quand on sait qu'un emplacement à Slush ou au Web Summit se négocie autour de 2500 euros, la différence a de quoi faire réfléchir ! Pour ce tarif dérisoire, les startups bénéficient d'un stand en palettes d'environ un mètre carré. Pas de (bonne) surprise, en revanche : le wifi est intermittent... Mais toutes les startups tricolores interrogées se sont dites contentes d'avoir fait le voyage, le rapport coût/bénéfices penchant clairement du côté des seconds.
Le tournant espagnol
Revers de la médaille de cette quasi gratuité : la moitié des stands de startups sont restés vides durant les deux jours que dure le festival... Une aubaine pour les entrepreneurs qui ont pris le temps d'animer les leurs mais une piètre vitrine pour l'événement, dont certaines allées ressemblaient à un village fantôme. Peut-être est-ce pour cela que le festival a décidé de déménager : il posera dès l'an prochain ses tentes et ses valises à Valence, en Espagne, qui avait - sans succès - tenté de chiper le Web Summit à Lisbonne et se console donc avec le Webit.
Reste à savoir si cette délocalisation sera synonyme d'une montée en gamme de l'événement. Pour se faire une place au soleil parmi les (nombreux) événements technologiques d'Europe de l'Ouest, le Webit va devoir revoir ses standards à la hausse. Mais si le festival aligne sa politique sur celle de ses concurrents, les startups risquent de devoir, cette fois, passer à la caisse. Ce qui rendra mathématiquement l'événement moins attractif pour les jeunes pousses. L'équilibre sera donc délicat à trouver. Rendez-vous l'année prochaine pour savoir comment le Webit a géré ce nouveau virage.