Le célèbre futurologue Laurent Alexandre (aussi fondateur de Doctissimo) a introduit la conférence en rappelant que la ville risque de penser à notre place si nous n’encadrons pas l’innovation qui s’y installe. Et celle-ci est partout, du sol au ciel, dans nos cités du XXIème siècle : robots, IoT, biomimétisme, intelligence artificielle et transports autonomes font désormais partie de notre quotidien. L’évolution urbaine fait ainsi cohabiter passé et futur en expérimentant de nouvelles solutions sur des infrastructures existantes.
Pour éviter un choc temporel, il est nécessaire d’expérimenter avant de mettre en place. Pour Stéphane Barbier, Chief Business Development Officer du projet Transpolis à Lyon, c’est ainsi que tout se joue sur le terrain. Il mène des expérimentations concrètes sur un “terrain jumeau”, une vraie fausse ville, afin de tester l’ensemble des cas d’usages et rester le plus pragmatique possible. “On expérimente les choses et derrière, on peut conseiller. On apporte la preuve de concept au niveau de la technologie et ensuite on peut aller voir la collectivité avec des recommandations sur le design urbain et l’aménagement de la ville. C’est par petites touches qu’on peut faire évoluer l’espace public, et permettre ainsi l'acceptabilité des nouvelles technologies”. D’après lui, la smart city doit se construire dans l’anticipation et le test, et non en réaction à l’évolution technologique.
Les grandes entreprises trouvent elles aussi dans les métropoles des terrains de jeu pour leurs innovations. Alexandre Droulers, responsable des projets de nouvelle mobilité chez Uber, précise que l’entreprise souhaite expérimenter dans des conditions quasi réelles nos futurs taxis - qui seront donc volants - d’ici 2020, aux côtés des voitures autonomes. Pour ce faire, il faudra mettre en place un terrain d’expérimentation complexe afin de reproduire les conditions réelles de la ville de demain et anticiper tous les scénarios possibles. La société a d’ailleurs investi récemment près de 20 millions d’euros dans le centre ATCP (Centre de Technologies Avancées de Paris) afin de réfléchir dès maintenant à l’aménagement du ciel. La transition technologique n’est donc facile pour personne. Tester permet de concrétiser et valider une solution. Encore faut-il trouver les interfaces pertinentes pour permettre aux citoyens de se connecter à cette ville renouvelée.
Créer le lien entre la ville et le citoyen
Pour Marc Aurel, designer et créateur du studio Aurel design urbain, le XXIème siècle peine à se faire une place dans l’espace urbain, et la question des interfaces est centrale dans le développement d’une technologie urbaine plus accessible.
“Aujourd’hui, nous sommes dans un espace urbain régi par une logique très XIXème siècle, une ville technique avant tout. Les espaces urbains sont encore trop des lieux de passage. ” Marc Aurel, Designer Urbain
Le smartphone est-il en effet la seule interface envisageable ? D’après le designer urbain, c’est une des briques manquante à la réflexion en cours sur la smart city alors qu’elle représente la solution pour intégrer davantage de personnes dans cette relation à la technologie au sein de nos villes. Pour lui, il est primordial d’imaginer d’autres interfaces que le smartphone pour la ville et de considérer le mobilier urbain comme une option aux multiples avantages : “il faut avoir des objets de qualité, des objets de premier usage, des objets simples, (...) par exemple des assises chauffantes, des espaces de rafraîchissement pour l’été etc. qui viennent qualifier de manière intelligente l’espace et qui servent d’interface à la technologie”.
La technologie pour la technologie n’est en effet qu’une course à l’ego pour ceux qui la conçoivent. Comme le rappelle Carlos Moreno, scientifique franco-colombien spécialiste de la Human Smart City, il est important de ne jamais oublier qu’une ville est faite surtout pour y vivre, et que l’innovation doit être pensée dans cette optique. Quelle place doit-on préserver pour l’Homme dans cette ville qui est un endroit si complexe ?
Répondre aux besoins premiers
Carlos Moreno prône ainsi le retour aux fondamentaux. Les hommes et les femmes sont ceux qui constituent la vie urbaine et humaine (54% de la population mondiale est citadine) et nous nous devons de réfléchir la technologie dans la ville de demain en fonction de leurs besoins. Il nous rappelle au passage les 5 fonctions essentielles de la vie urbaine : se loger, travailler/produire, se nourrir et s’approvisionner, se soigner, avoir accès à l’éducation et à la culture, se divertir. Auxquels il faut associer les 3 états fondamentaux de l’Homme : lui et son bien-être, lui et son environnement, lui et les autres.
En tant qu’êtres humains, si l’espace urbain nous permet d’accéder à ces 5 fonctions essentielles et à répondre à nos 3 états fondamentaux, la ville aura alors réussi sa transition technologique avec la vie humaine en son sein. À partir de là, les défis de la smart city sont très clairs : un défi social, un défi économique, citoyen, environnemental et un défi autour de la résilience. Des villes pour vivre, vous avez dit ?
C’est en tout cas ce que MINI a souhaité rappeler en réunissant autour de la table ces 5 acteurs de la ville de demain, et confirmer son engagement historique dans une réflexion collective autour de la recherche d’innovation et d’amélioration de l’espace urbain.
Maddyness, partenaire média de MINI