"S'il y a une startup nation, il y a avant tout une startup région, puisque l'Île-de-France concentre 40% de la recherche française et 30% de sa richesse économique. Nous pensons que l'Île-de-France a tous les atouts pour être le hub de l'intelligence artificielle en Europe." Le message était clair, ce lundi midi, lors de la présentation du Plan IA 2021 par Valérie Pécresse : la région va mettre les bouchées doubles pour se faire une place mondiale dans le secteur de l'intelligence artificielle. Comment ? En mettant en place une véritable feuille de route sur les trois prochaines années.
L'Île-de-France dispose en effet aujourd'hui d'un important écosystème de chercheurs, de grandes entreprises, de startups, de grandes écoles et de laboratoires de recherche, qui ont aujourd'hui des atouts indéniables pour jouer un rôle dans le secteur de l'intelligence artificielle. Mais souffre encore de plusieurs difficultés qui ne lui permettent pas d'atteindre ses objectifs. En première ligne, une capacité d'investissement encore trop faible, un manque de lisibilité des offres et accompagnements dédiés à l'innovation et à la recherche ou encore une faiblesse avérée des exportations.
Mais quelles sont les solutions proposées par la Région ? Ce plan, qui se défend d'être "un rapport de plus" et ne prétend pas "traiter tous les enjeux de l'IA, éthiques et sociaux notamment", se découpe en 15 mesures, elles-mêmes réparties en quatre axes. Maddyness fait le point sur les principales annonces.
Un pack IA pour les PME et ETI franciliennes
La Région prévoit, en tout premier lieu, de faciliter l'usage de l'IA pour les entreprises en développement à l'aide d'un "pack IA". Ce dernier promet ainsi un accompagnement personnalisé comprenant sensibilisation, conseils, et suivi jusqu'à une phase de POC avec accès à une plateforme technique de stockage pour les données de chacun. "L'’idée, c’est d’aller jusqu’à la mise en production", insiste Valerie Pécresse. L'accompagnement sera fait par des professionnels de l'IA, dans des secteurs pré-sélectionnés comme prometteurs au contact de l'intelligence artificielle. Les projets les plus aboutis bénéficieront d'un accompagnement plus approfondi et d'un soutien financier. 100 entreprises pourront ainsi profiter du pack IA chaque année.
Une plateforme de mutualisation des données liées à l'IA
La Région a également annoncé vouloir mettre en place une plateforme dédiée à la mutualisation d’un certain nombre de données industrielles recueillies par les entreprises. Son objectif : permettre aux entreprises d'accéder à assez d'informations pour améliorer les performances de leurs algorithmes et ainsi affiner leurs projets. Valérie Pécresse, qui rappelait que la Région allait ouvrir l'intégralité de ses chiffres au grand public pour que les entreprises puissent s’en saisir et créer de la valeur, veut ainsi "permettre à la Région de développer sa stratégie de la donnée, en coopération avec des partenaires privés ou publics".
La création du premier lycée IA de France
Une première en France. Un pilote de lycée dédié à l'intelligence artificielle accueillera 200 élèves chaque année pour les former, dès la seconde, aux bases de la technologie. "Plus largement, les étudiants seront sensibilisés aux métiers de l'intelligence artificielle, aux problématiques des données et aux futurs enjeux de l'IA, en particulier sur le développement d'une IA de confiance et explicable", précise la Région.
Les enseignants de ce lycée seront, dans un premier temps, sélectionnés parmi les entreprises et académiques spécialisés en IA, avant que les professeurs issus de l'éducation nationale soient eux-même formés aux particularités de cette technologie.
Dans la même idée, la Région prévoit de proposer aux jeunes et aux demandeurs d'emploi des formations BAC+2 en IA. 200 profils seront ainsi également formés chaque année. Sont principalement visés les ingénieurs qui souhaitent se reconvertir dans l'IA, des statisticiens, développeurs ou encore des personnes formées initialement aux technologies de l'IA mais qui nécessitent une remise à niveau, la technologie évoluant très rapidement.
Des bourses pour faciliter le recrutement de doctorants en PME
"Les PME n’ont pas les moyens de se payer des doctorants. La Région travaille donc actuellement à une proposition de bourse doctorale pour permettre à des doctorants de venir travailler en entreprise, et notamment en PME", annonçait ce lundi Valérie Pécresse. Ce nouveau programme, doté d'un montant de 5 millions d'euros en 2019, devrait permettre d'accorder une dizaine de bourses sur l'année à venir.
Dans la même veine sera lancée InriaTech, une plateforme de transfert technologique partenariale. Celle-ci, composée d'une équipe de scientifiques et d'ingénieurs Inria mobilisables à la demande, a vocation à "faciliter l'accès aux technologies de pointe issues des laboratoires franciliens d'Inria et à favoriser l'émergence de nouvelles solutions produits ou services", explique la Région. InriaTech devrait voir le jour dans le courant de l'année 2019.
Une accélération des coopération internationales
Pour gagner en visibilité à l'international, la Région annonce vouloir renforcer ses échanges avec les hubs de l'intelligence artificielle dans le monde entier. Sont ici visés le Quebec, la Bavière et la Corée du Sud, avec au programme des échanges croisés d'étudiants et de doctorants, des programmes d'incubation internationaux, ou encore des coopérations sur d'importants programmes de recherche. Plusieurs partenariats ont déjà été amorcés avec ces trois provinces.
La Région Île-de-France prépare également une importante campagne de communication internationale autour du slogan "AI Paris Région". Son idée : promouvoir, d'une seule et même voix, les atouts des acteurs franciliens de l'intelligence artificielle, au travers d'une communauté d'ambassadeurs (industriels, chercheurs, investisseurs, etc.) "à même de porter un discours ciblé et coordonné". L'objectif, à terme, est d'attirer d'ici 2020 une conférence emblématique de l'intelligence artificielle sur le territoire.
Des aides régionales pour favoriser l'usage de l'IA
"Le problème de la plupart des PME c’est de se demander avec qui avancer et comment avancer, sans payer trop cher", explique Françoise Soulié-Fogelman, conseillère scientifique du Hub France IA, avant d'ajouter que "la première chose qu’on propose, c’est d’essayer de comprendre les problèmes et de savoir s’il y a des possibilités de débloquer ces difficultés".
Pour cela, la Région a décidé de renforcer en 2019 les moyens financiers consacrés aux aides à l'innovation. Les meilleurs projets d'innovation en intelligence artificielle pourront ainsi être soutenus jusqu'à 500 000 euros chacun, dans le cadre d'Innov Up leader PIA. "Un effort significatif sera engagé avec les principaux acteurs de l'écosystème francilien pour promouvoir les aides Up", précise la Région.
Une gouvernance pour suivre et piloter le plan IA 2021
Enfin, un comité de pilotage sera mis en place dans le cadre de ce plan dédié à l'intelligence artificielle. Composé d'Alexandra Dublanche, vice-présidente de la Région en charge du développement économique, Bertrand Braunschweig, directeur de l'INRIA Saclay, mais aussi de chercheurs, industriels, startups ou encore personnels académiques, celui-ci se réunira tous les six mois pour faire le point sur les différentes avancées du plan.