Le 30 mai dernier, j’ai reçu un appel auquel je ne m’attendais pas : un conseiller du ministre des Affaires Étrangères affirme vouloir nous inviter, mon associé Nicolas Bridey et moi, à rejoindre la délégation de 13 entreprises françaises qui accompagnera le secrétaire d'État Jean-Baptiste Lemoyne au Canada, en marge du G7. Malgré la période chargée et la densité de nos agendas, nous avons évidemment rapidement décidé d’accepter l’invitation.
Si au premier appel, l’objet de notre invitation reste assez confus, nous comprendrons quelques jours plus tard pourquoi nous avons été retenus. Le ministère des Affaires Étrangères a profité du déplacement d'Emmanuel Macron au G7 pour s’entourer de 13 entreprises qui auraient l'occasion d’échanger autour de l'enjeu stratégique que représentent l’intelligence artificielle et le sourcing pour les acteurs publics. L'objectif étant de resserrer le lien entre le Canada et la France sur ces sujets. Quelques jours plus tard, nous décollions donc avec douze autres entreprises, direction le Québec.
Un rythme... présidentiel
Ce n'est qu'une fois dans l’avion que nous rencontrons donc les autres participants avec lesquels nous constituons la délégation. Elles sont toutes soit déjà implantées soit en cours d’implantation au Canada. Trois d’entres elles oeuvrent dans la Medtech et viennent rencontrer des acteurs canadiens du secteur clinique et hospitalier, cinq autres sont spécialisées en informatique (ESN) et les dernières sont issues de secteurs divers (software, transport, télécommunications).
Dès l'atterrissage, c’est un vrai marathon qui commence. Sans excès protocolaire, le planning est mené à une cadence soutenue, appuyée par une parfaite organisation de Business France et des autorités françaises, et ponctué en introduction de chaque échange par une présentation des entreprises françaises, de leurs problématiques et intérêts. Nous sommes à peine dans le bain que nous plongeons dans 48 heures de visites et de tables rondes, où chaque nouvelle rencontre est plus enrichissante que la précédente. Ce ne sera que dans le vol retour que l’on aura le temps de débriefer et qu’on se rendra véritablement compte de la chance que l’on a eue.
Des échanges de qualité
Accompagnés de Cédric Villani et de représentants du numérique français tels que le CNUM, nous rencontrons et échangeons longuement avec des pointures mondiales de l’intelligence artificielle, telles que Gilles Savard de l'Institut de valorisation des données (Ivado) ou l’équipe de direction de la licorne Element AI - dont font notamment partie Jean-François Gagné et Joshua Bengio. Ils nous détaillent leur stratégie puis nous partageons notre vision quant aux prochaines évolutions de l’IA dans les achats, le Canada ayant récemment lancé le programme AI Supply Chain qui doit favoriser l'émergence d'un écosystème IA dans le domaine des achats.
De son côté, le fondateur de l'Ivado nous explique comment la donnée permet de propulser l’innovation dans tous les secteurs d’activité. Dotée de près de 250 millions de budget de budget, cette initiative portée par un consortium public/privé, dont font partie HEC Montréal, Polytechnique Montréal et l’Université de Montréal, a pour vocation de regrouper professionnels de l’industrie et chercheurs universitaires afin de développer une expertise de pointe dans le domaine de la science de la donnée, de la recherche opérationnelle et de l’intelligence artificielle. Le but ? Transformer les découvertes scientifiques en applications innovantes concrètes.
Prospecter de potentiels partenaires
Le voyage est aussi l'opportunité de rencontrer de potentiels partenaires. Nous rencontrons ainsi les directions Achats (approvisionnement en québécois) des principales villes québécoises (Montréal, Laval, Longueil), de la Province et de l’État. Le Canada s'est en effet engagé dans une politique d'investissement public afin de soutenir activement l'économie. Nous avons l’occasion de tester notre service et l’intérêt des acteurs publics pour des solutions leur permettant d’assurer transparence et performance à leur politique d'achats. Enchaînant présentations et démonstrations, nous découvrons leurs pratiques et contraintes réglementaires et expliquons le fonctionnement de Silex en matière de sourcing fournisseurs. Nos interlocuteurs se montrent particulièrement curieux de nos travaux en cours avec les acteurs publics français tels que les villes ou hôpitaux.
Dans un contexte de polarisation des grandes puissances mondiales, cette délégation avait vocation à renforcer les synergies et pistes de collaboration entre la France et le Canada sur les enjeux de la commande publique, de l'intelligence artificielle et de la santé. Faire partie de ce voyage a offert à Silex une excellente opportunité de valider l’approche et les synergies fonctionnelles et technologiques avec les acteurs canadiens. Humainement, je souhaite à beaucoup de startuppers de vivre une telle expérience car, au-delà des retombées business potentielles, ces 48 heures nous ont offert des clés de compréhension que nous n’aurions pas pu trouver ailleurs.