"Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson. " Cette citation de Confucius, qui nous accueille sur le site de Coding Days, est aussi la raison d'être du programme que propose la startup. Fondée en 2016 par Alexandre Zana, Coding Days s'est donné pour mission de rendre l'apprentissage du code facile et accessible à tous, convaincue que la programmation informatique est aujourd'hui aussi importante pour la vie professionnelle que l'anglais il y a dix ans.
Une conviction qui résonne avec l'histoire de son fondateur. Alors en école de commerce, le jeune homme a des dizaines d'idées de projets qui lui passent par la tête et cherche des développeurs pour l'accompagner : " et là j'ai réalisé que je n’arrivais pas à communiquer avec eux, je me suis pris plein de portes, ils me faisaient des devis hallucinants ", raconte-t-il. Il prend donc le parti de s’y mettre seul, quitte à y passer ses jours et ses nuits et à sécher les cours, tout en rejoignant la Makers Academy, un bootcamp de code à Londres.
De la reconversion professionnelle à l'acculturation
À son retour, il intègre une agence de développement en tant que CTO, et monte sa propre structure en parallèle... mais finit par retourner chez Makers en tant que développeur. Un jour, alors que les élèves lui demandent de l'aide sur certains points, il s'improvise professeur. Une révélation :
" Je les faisais tomber dans les pièges dans lesquels j'étais moi-même tombé, je trouvais des exercices pratiques et originaux pour leur donner envie d'aller plus loin, bref je me suis trouvé une nouvelle passion : la formation. "
Après quelques allers-retours entre Paris et Londres, il se lance en avril 2016 pour faire naître Coding Days. D'abord sur ses week-ends, en gardant son activité d’agence jusqu'à la fin de l'année. À l'origine, Coding Days se destine à susciter des vocations et à accompagner la reconversion professionnelle de futurs développeurs. Mais en écoutant les retours des participants, Alexandre Zana prend vite le parti de pivoter vers des programmes d'acculturation sur-mesure au prix unique de 99 euros.
"Comprendre le code et les développeurs", "créer son site Internet en une semaine" ou encore "comprendre l'UX-UI"... Le fondateur de Coding Days s'inspire des méthodes de projet agile, de la pédagogie Montessori et du peer-programming, populaire parmi les développeurs, pour proposer des sessions de formation sur une journée ou une semaine, par groupe.
Nous voilà donc, par un samedi matin particulièrement chaud du mois de mai, dans les locaux du Schoolab, où Coding Days est hébergé. Il est 9 heures et une trentaine de participants à moitié réveillés discutent autour du petit-déjeuner. Parmi eux, Xavier Gomez, fondateur de Techfoliance, qui a entendu parler de Coding Days par une ancienne camarade de promo : " Elle m'a assuré que ça pourrait m'aider à communiquer avec les développeurs en parlant le même langage qu'eux. Moi j'étais déjà convaincu qu'aujourd'hui, dans l'entrepreneuriat, c'est vital d'avoir des notions de code. "
Après une rapide séance destinée à briser la glace, nous prenons place par groupe de quatre, avec notre ordinateur personnel, face au tableau blanc pour 8 heures consacrées au CSS/HTML. À côté de nous : Morgane, qui travaille au Schoolab mais prépare sa reconversion professionnelle ; Camille, comédienne qui gère un pure-player dédié à la culture queer ; et Raphaël, cadre marketing dans la grande distribution. Et les autres groupes sont tout aussi hétérogènes, des débutants qui n'ont jamais touché une ligne de code aux ingénieurs de formation qui veulent se mettre à jour. Quelque soit le niveau, nous travaillerons tous sur les mêmes exercices, en tentant justement de mettre à profit cette diversité.
Alexandre et Hamza et Tom, les deux formateurs qui encadrent la session, déroulent le programme de la journée. Ils font partie des trente experts qui animent régulièrement les sessions Coding Days, sélectionnés pour leur maîtrise technique, leur pédagogie et leur personnalité. Car les journées de formation doivent aussi être de bons moments dont se rappelleront les participants.
Pour commencer, ils nous font énoncer les termes que nous évoque le code : Python, HTML, CSS, full stack... Autant de notions qu'ils s'engagent à nous faire comprendre d'ici la fin de la journée. Challenge accepted ! On commence petit, en inspectant le code source d'une page web pour comprendre la différence entre front et back end.
En profiter pour avancer sur son projet
Puis, très vite, on passe aux choses concrètes : il nous faut modifier les ingrédients d'un burger virtuel, et rajouter un cornet de frites à côté - un exercice ludique, mais pas évident ; heureusement, les trois experts passent entre les tables pour répondre aux questions des participants. À mesure que la matinée avance, les appels à l'aide se font plus nombreux et les fronts se plissent. Certains sont si concentrés qu'ils ne se lèvent pas lorsque sonne l'heure de la pause déjeuner. Une poignée de participants est en effet venue avec un objectif précis, relatif à leur projet. C'est le cas de notre voisine Camille, qui a rencontré Alexandre par un ami d'ami lors d'un déménagement :
" Je lui ai confié que je voulais pouvoir gérer mon site sans dépendre de prestataires extérieurs. Franchement c'est super sympa, je ne m'attendais pas à ce que ça soit aussi facile et pédagogique ! Et puis je suis bien contente d'avoir oublié mon ordinateur, je trouve qu'on a avancé bien plus vite en travaillant en groupe. "
Si le BtoC fournit la majorité des 3000 participants annuels aux Coding Days, c'est sur le BtoB que compte la jeune pousse : à ce jour, les professionnels représentent 85% de son chiffre d'affaires. Orange, la Société Générale, Suez... Des clients prestigieux qui ont participé au décollage de Coding Days. La jeune pousse vient d'ailleurs de signer le bail de ses nouveaux locaux, en plein coeur de la Silicon Sentier.
Pour attirer d'autres clients de ce genre, Coding Days a développé des programmes plus poussés, axés sur la data science, la blockchain, la cybersécurité ou le growth hacking. Mais Alexandre Zana assure ne pas vouloir concurrencer le programme Lion de The Family ou les bootcamps du Wagon : " On ne forme pas des développeurs, mais des gens qui sont capables de leur parler, et de manipuler du code. "
Verdict
Est-ce que cela permet à la formation de tenir sa promesse ? Oui : on apprend à déchiffrer le jargon et on découvre les bases du HTML/CSS. Pour ne rien gâcher, tout est fait pour qu’on passe un bon moment, de la session d’icebreaking aux coachs qui sont particulièrement sympa et à l’écoute, en passant par les repas offerts. Mais pas question, à l’issue de ces 8 heures, de devenir un développeur pro ! Pour maîtriser vraiment le code, il faudra faire plus que l'acculturation - avant, pourquoi pas, de passer au niveau supérieur avec la formation d'une semaine.