Le 12 mars dernier, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire rappelait sa volonté d'intégrer dans un prochain projet de loi la possibilité pour les entreprises de se fixer des "objectifs sociaux et environnementaux". Mais au-delà des effets d'annonce, comment différencier les entreprises qui s'engagent réellement de celles qui ne font rien ?
C'est dans cette approche pédagogique et pour valoriser les organisations qui agissent concrètement que l'association Gouvernance Équitable vient de lancer son comparateur du développement durable des TPE, PME et grandes entreprises, qui permet d'accéder aux performances RSE de 250 000 entreprises. Un outil à destination des consommateurs, afin de leur permettre d'orienter leurs achats vers des entreprises éthiques, mais aussi les organisations publiques ou privées qui souhaitent nouer des partenariats éclairés.
À termes, le comparateur devrait être en mesure de classer les entreprises selon les 4 piliers du développement durable : économique, social, sociétal et environnemental. Mais pour cette première version, il s'agit seulement de mesurer si l'entreprise concilie développement économique et principes éthiques avec des engagements tels que la juste répartition des bénéfices et des richesses, l'intégration du coût social et environnemental dans le prix des produits, ou le recours à des méthodes alternatives comme l'économie circulaire. Et il semblerait qu'une première tendance se dégage déjà :
"En examinant les résultats obtenus, on constate une disparité entre les secteurs d'activité. En revanche, la taille des entreprises a peu d'influence : la proportion de TPE et de PME à répondre au critère économique est équivalente, alors que les grandes entreprises sont un peu moins performantes."
Ludovic Delevingne, fondateur de Gouvernance Équitable
Ainsi, le comparateur classe les services à la personne, l'action sociale, la réparation automobile, le transport terrestre, l'industrie de l'habillement parmi les secteurs les plus efficaces en matière de développement durable sur le plan économique. À l'inverse, l'énergie, les jeux d'argent, et plus étonnement l'industrie pharmaceutique et la distribution d'eau terminent dans le bas du tableau. Un classement basé sur un indicateur supposément fiable et neutre, l'EBE (Excédent Brut d'Exploitation), qui intègre 3 variables : la capacité d’une organisation à échanger des biens et des services (son chiffre d’affaires), son patrimoine (le total de son bilan) et ses ressources humaines (son effectif).
En finir avec le green washing
Destiné aux organisations voulant valoriser leur image et promouvoir leur engagement, le label Gouvernance Équitable a été conçu pour mettre le développement durable à la portée de tous, grâce à un coût d'obtention limité, et un pré-diagnostic gratuit. Mais pas question pour autant de tomber dans les travers des organismes de certification. "Le label Gouvernance Équitable veut s'affranchir du "green" ou du "social washing". C'est pourquoi nos critères d'obtention sont mesurables, et la méthode d'évaluation extrêmement rigoureuse", martèle Ludovic Delevingne.
Ingénieur Arts et Métiers, il a eu l'idée de créer le label Gouvernance Équitable à partir d'un constat : alors qu'il existe encore des disparités de pouvoir au niveau individuel, toutes les entreprises - des plus petites structures aux grands groupes - ont le pouvoir d'agir de façon concrète en mettant en place une véritable "gouvernance équitable". Pour en finir avec les effets de communication dans le domaine du développement durable, le fondateur de Gouvernance Équitable a aussi voulu donner au grand public les moyens de s'informer facilement sur les performances réelles des entreprises.
"Le comparateur et le label valorisent les entreprises, même les plus petites, qui agissent concrètement en faveur du développement durable. Bien informés, les consommateurs savent ainsi quelles sont les structures à privilégier au moment d'acheter."
Ludovic Delevingne