Étoile filante ou projet mort-né ? À peine cinq mois après une levée d'amorçage record de 16 millions d'euros, c'est (déjà) la fin de Less, la nouvelle protégée de Jean-Baptiste Rudelle, avalée par le géant du covoiturage, BlaBlaCar. L'annonce de son retour chez Criteo, jeudi, laissait présumer d'un grand changement. Les informations diffusées alors mentionnaient le fait que c'étaient les actionnaires de Criteo qui avaient demandé à l'entrepreneur de reprendre son poste de directeur général, qu'il avait quitté fin 2015. Et tout s'explique désormais : après la vente de Less, Jean-Baptiste Rudelle avait les mains libres.
Les équipes de Less, composée d'une vingtaine de personnes dont le cofondateur Florent Boutellier, rejoindront celles de BlaBlaCar, qui profiteront de leur expertise technologique :" l'équipe de Less a une vraie force dans le géotracking — un bloc technologique qui nous intéresse ", a ainsi précisé Nicolas Brusson, cofondateur et CEO de BlaBlaCar à Business Insider France. Cette acquisition confirme un changement majeur de stratégie pour le géant du covoiturage qui, après avoir misé sur l'internationalisation, concentre aujourd'hui ses forces sur la précision de sa technologie." Cette acquisition s’inscrit dans une phase d’innovation pour BlaBlaCar, après la création d’un nouvel algorithme décuplant la granularité de notre service, et le lancement national de BlaBlaLines ", a ainsi souligné Nicolas Brusson.
Le montant du rachat de la startup par BlaBlaCar n'a pas été dévoilé. Les spéculations vont bon train : combien pourrait être valorisé un projet aussi jeune (lancé mi-novembre) dans un secteur bien trop encombré pour qu'il ait pu faire ses preuves en si peu de temps ? Il est certain que les 16 millions d'euros empochés à l'automne ont dû peser plus lourd dans la balance que les réussites de l'entreprise, dont aucune metrics n'a été révélée...
Le segment du court-voiturage se structure
Annoncée en grande pompe en novembre, lancée en version beta en janvier, l'application permettait aux conducteurs de partager leur voiture et de se faire rémunérer 10 centimes par kilomètre parcouru pour les trajets postés dans Less. L'idée était de doper le covoiturage courte distance, un segment sur lequel BlaBlaCar s'est positionné il y a tout juste un an en lançant son offre BlaBlaLines. Présent en Île-de-France depuis septembre, le géant du covoiturage devait déjà faire face à une concurrence importante avant même que ne soit lancée Less.
" Less s’est mesurée aux enjeux de la création d’une place de marché dans le secteur de la mobilité et, en anticipation d’une consolidation de marché des applications de covoiturage urbain, l’équipe a souhaité combiner ses forces avec un acteur établi ", déclare Jean-Baptiste Rudelle. L'opération permet à BlaBlaCar de renforcer sa présence dans la région parisienne et à Less de sortir par la grande porte, alors que la pérennité de son offre était loin d'être établie.