Un bon litre d'enfance modèle, une tranche d'hérédité familiale et un soupçon de rébellion... Seraient-ce les ingrédients de la recette du succès des entrepreneurs ? Une étude, menée par le fonds britannique Eight Roads Ventures auprès de plus de 300 entrepreneurs de six pays européens, montre que de nombreux facteurs influent sur le succès d'un entrepreneur.
Premier constat : le mythe de l'entrepreneur rebelle... est bel et bien un mythe. Certes, une minorité d'entrepreneurs ont été motivés par une détestation de l'autorité (38%), un conflit familial (25%) ou une attitude résolument impertinente (31%). Mais la plupart des entrepreneurs interrogés, dont les entreprises génèrent a minima un millions de dollars et parmi lesquelles on trouve BlaBlaCar, Made.com ou encore Shazam, se révèlent avoir été des enfants et élèves modèles, entourés par leur famille et soutenus par leurs proches. Jusqu'à devenir pour certains des attention whores, 35% des interrogés révélant "adorer susciter l'attention".
La jeunesse, terreau de l'entrepreneuriat
Autre point commun entre les entrepreneurs qui rencontrent le succès : ils sont jeunes. 41% ont lancé leur première boîte entre 18 et 25, à l'âge où certains usent encore leurs jeans sur les bancs de l'université. La proportion décroît irrémédiablement avec l'âge : 34% l'ont lancée entre 26 et 30 ans, 16% entre 31 et 35 ans et seulement 9% après 35 ans. Entreprendre jeune n'est donc pas gage de succès mais attendre trop longtemps peut au contraire être pénalisant.
Néanmoins, élément intéressant, les motivations de la création d'entreprise évoluent avec l'âge des entrepreneurs. Si les chefs d'entreprise les plus jeunes ont un vrai moteur social, leur principale motivation résidant dans le fait d'améliorer la société, les entrepreneurs plus matures (31-35 ans) rêvent d'être leur propre patron tandis que les plus âgés viennent à l'entrepreneuriat parce qu'ils sont malheureux dans leur poste. N'est pas idéaliste qui veut !
Un entourage déterminant
Autre mythe battu en brèche par l'étude, celui du self made man, parti de rien pour gravir seul les échelons. Dans la réalité, plus d'un tiers des entrepreneurs (36%) ont des parents entrepreneurs, 16% ont un entrepreneur dans leur famille élargie et 13% parmi leurs amis ou connaissances. Au total, deux tiers des entrepreneurs ont donc eu un contact régulier avec l'entrepreneuriat dès leur plus jeune âge, bien loin de l'idée que les entrepreneurs brisent les codes familiaux et se font "par eux-mêmes".
En témoigne d'ailleurs le fait que parmi les figures les plus inspirantes pour les entrepreneurs, on trouve, derrière l'indéboulonnable Steve Jobs et le très attendu Bill Gates... la famille. De quoi donner une toute nouvelle importance à la startup première génération de maman ou à l'entreprise de travaux de tonton qui s'intercalent opportunément au milieu des Mark Zuckerberg, Elon Musk ou encore Richard Branson.
Une ambition grandissante
À l'heure du bilan, les entrepreneurs présentent un double visage : d'un côté, ils débordent d'ambition, 57% ayant répondu que celle-ci s'était accrue depuis le début de leur aventure entrepreneuriale et 49% disant la même chose de leur appétence pour le risque ; de l'autre, les entrepreneurs à succès se montrent particulièrement durs avec eux-mêmes, 51% ne se disant "pas fiers du tout de ce qu'ils ont accompli" et 54% regrettant ne pas avoir su créer une équipe qui puisse les remplacer.
Un peu moins d'un quart estiment tout de même avoir "dépassé les attentes de leurs proches". Et la famille reste, même pour les entrepreneurs les plus confirmés, un moteur essentiel : 46% citent la sécurité financière de leur famille comme le principal héritage qu'ils souhaitent laisser de leur travail (devant la réalisation d'un rêve et le fait de résoudre un problème). Comme quoi, même avec 500 employés et des millions d'euros de chiffre d'affaires au compteur, un entrepreneur reste un humain comme un autre.