Chaque année, la part de la population vivant en zone et périphérie urbaines croît. Selon les prévisions de l’ONU, 2 personnes sur 3 vivront en ville en 2030. Le développement urbain (et de fait la concentration de nombreux individus sur une même zone géographique) pose la question de la pérennisation des ressources, de l’adaptabilité des services, du confort des citoyens. Cette évolution oblige à repenser les modes de développement de la ville afin de la rendre fonctionnelle et durable pour tous.
Les villes intelligentes utilisent la technologie pour recréer du confort urbain durable dans une ère où la population croît au rythme de l’épuisement des ressources énergétiques.
L'humain, enjeu majeur de la ville intelligente ?
Né au début des années 2000, le terme de ville intelligente s’élève pour désigner les actions issues de nouvelles technologies de l’information et de la communication, instaurées pour améliorer la qualité des services urbains (mobilité, habitat, administration) dans un souci de durabilité. Mais l’objectif de la ville intelligente, bien qu’oeuvrant pour un ensemble, doit être celui du développement autour de l’humain et de ses besoins.
Si le terme n’est pas encore connu de tous, les citoyens s’accordent pour dire qu’une ville intelligente doit avant tout être le lieu de leur implication directe. En lui donnant la possibilité d’être co-constructeur de son environnement, le citoyen reprend la parole, s’implique, enrichit ses liens sociaux et recrée des occasions d’échanges avec les autres. Ensemble, ils deviennent une communauté.
Avec pour base cette communauté, les startups de la smart city travaillent à faciliter les échanges en son sein et entre elle et les acteurs qui l’entourent. Afin d’oeuvrer efficacement au service d’une ville plus intelligente, il convient d’organiser une gestion communautaire où les actions et la parole de chacun sont encouragées. Selon les propos d’Emmanuel François, Président de la Smart Buildings Alliance, “nous sommes en train d’évoluer vers une aire numérique illimitée. C’est un énorme défi qui place l'homme au centre du processus de décision. Parce qu'il est informé en temps réel, un citoyen spectateur et consommateur plutôt passif se convertit en acteur consommateur, producteur et responsable. Sans apparaître utopique, il nous faut passer d'un monde aux intérêts individuels à un monde géré par et pour le bien commun (...)”.
C’est en ce sens que les solutions numériques peuvent servir l’intérêt du citoyen en l’impliquant dans les actions communes. En utilisant une plateforme d’échanges commune et instantanée, les demandes peuvent être centralisées et produites par chacun pour solliciter une réponse plus rapide et constatable par tous. Les membres de la communauté peuvent par ce biais s’entraider en répondant à des besoins, des questions, se soutenir, s’échanger des informations et des services, à petite ou à plus grande échelle (en sollicitant une demande tant auprès de son voisin de palier que des services de la ville).
Pas de ville sans citoyens
Grâce aux actions des citoyens et à leurs implications, les villes vont gagner en performance. En vivant des interactions sociales et en favorisant les actions communes, les citoyens oeuvrent au développement de la ville durable. Les échanges de biens et de services de proximité limitent l’impact environnemental ; les discussions profitent à l’émergence d’actions communes et participatives (ruches, jardins partagés…) ; les actions individuelles sont revalorisées au bénéfice de tous les citoyens (lorsqu’un citoyen signale un incident dans la ville, tout le monde profite de cette action). Les nouvelles technologies offrent ainsi un support au citoyen, sur lequel il reprend sa place de contributeur pour le bien de de sa ville, de sa communauté, de son bien-être.
Lyon, pionnière des villes intelligentes française, a notamment développé le projet Follement Gerland construit autour de la notion du “bien vivre ensemble”. Résidences et nature s’assemblent pour offrir aux habitants un cadre convivial, riche en services bénéfiques au confort quotidien, qui suscitent la participation, les balades et les rencontres. Terrasses, jardins ou encore boîtes à outils partagés sont autant de lieux d’échanges pour reconnecter les citoyens entre eux. Le jardin est par exemple suivi par un jardinier qui organise plusieurs journées par an d’initiation participatives. Jardinier et régisseur sont directement connectés aux habitants via une application digitale qui leur permet de communiquer facilement, suscitant les interactions et l’émergence d’actions bénéfiques à la durabilité de la ville.
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André May est fondateur de la startup CityLity, qui développe une application pour faciliter les échanges dans la vie quotidienne et permettre au citoyen d'être acteur de sa ville.