“L’école prépare les enfants à vivre dans un monde qui n’existe pas”. Albert camus, en écrivant ces quelques mots exprimait déjà à la perfection la situation de notre système éducatif. Comment expliquer que l’éducation soit si déconnectée de la réalité ? Comment expliquer que la structure qui forge notre enfance, nos cerveaux, est restée coincée à l’ère industrielle, en considérant les étudiants toujours comme une chaine d’ouvriers ?
Notre éducation issue d’un système complètement archaïque crée une scission entre ce que l’on apprend, ce que l’on doit apprendre, et ce qu’on utilisera. Je vois ici deux véritables raisons complémentaires qui continueront à creuser ce fossé :
1) Le taux de croissance exponentielle des données disponibles et un besoin d’adaptation permanent de formations aux outils qui la traitent
C’est simple, aujourd’hui la donnée disponible, cet or moderne, qui permet aux Saas de faire rêver les grands groupes en leur permettant une récolte, un nettoyage, un traitement, et une analyse parfaite de leurs blinds spots, explose à un taux exponentiel.
Face à cette évolution, les outils pour réaliser ces tâches deviennent de plus en plus complexes et sont en constante mutation. Hadoop, Domino, Kaggle, Yseop, Data Robot... Tous promettent une utilisation facile pour une énorme valeur ajoutée mais encore faut-il savoir les utiliser. De plus, L’IA rajoute son grain de sel : le machine learning devient ce “MUST HAVE” ajouté sur tous les decks et à toutes les sauces. Mais la réalité est différente, les seules véritables formations disponibles appliquées et orientées métiers ne sont pas disponibles dans nos écoles.
Cette évolution de l’écosystème de la donnée n’est pas suivie par la transformation des contenus pédagogiques ce qui crée inévitablement un écart magistral entre ce qui est enseigné et ce qui est disponible/utilisé en réalité. C’est aussi pourquoi il y a une vraie transition des formations vers les MOOCs. Les étudiants n’ont pas l’impression d’apprendre. Les juniors ont l’impression d’être submergés et les seniors dépassés.
C’est aussi pourquoi je pense que la formation aux Data sciences est le marché le plus prometteur de ces prochaines années. A titre d’exemple, je cite souvent Datascientest, une startup fondée par des anciens des Mines et de l’X, spécialisée dans la formation des sciences de la donnée. Elle fournit aux entreprises et aux écoles une superbe plateforme LMS proposant un catalogue de formations orientées métiers et une technologie correspondant aux modes d’apprentissages actuels qui “favorisent l’expérimentation aux cours magistraux, et qui se concentrent autour de formations plus courtes et plus ciblées”. Ils travaillent déjà avec de nombreux grands groupes comme la Société Générale, Covéa ou encore Generali.
2) La rigidité des infrastructures et la culture académique française
Culturellement, la France est restée coincée au 19e siècle. Andreas Schleicher , le Directeur de l’éducation de l’OCDE, expliquait dans Le Monde “L’enseignement n’est pas pertinent en France. On y est en décalage. Le monde moderne se moque bien de ce que vous savez. Il s’intéresse à ce que vous savez en faire” Il a besoin de gens créatifs, capables de croiser les sujets quand l’école française fait encore trop réciter des leçons“.
Elon Musk explique dans cette interview qu’il a fondée une école nommée AdStra pour ses enfants où il n’y a pas de classes, et qu’au lieu de se concentrer sur la résolution et l’outil, il se concentre sur le problème. A l’instar de la fameuse Singularity University où on se concentre sur des cours de vie comme comment faire des erreurs, comment construire des relations amicales, comment négocier... Je trouve cette approche incroyable. Je trouve sincèrement fondamental, qu’on se re-concentre aujourd'hui non plus sur des softs skills mais sur des “life skills”.
En France plus qu’ailleurs, on n’enseigne pas suffisamment ce qui sera pertinent pour réussir sa vie “ et il serait grand temps qu’on s’y mette, ça urge un peu.