Vous les avez forcément entendus en 2017. Peut-être même trop. Ces termes ont en tout cas alimenté les conversations et l’actualité chez les startupers.

ICO

Acronyme de «Initial Coin Offerings» (en référence aux IPO désignant les introductions en Bourse), l’ICO a véritablement connu son heure de gloire en 2017. Ces levées de fonds en cryptomonnaies ont permis d’attirer plus de 3,2?milliards de dollars cette année, dépassant les sommes investies par le capital-risque. Rapide et peu contraignant, ce nouveau mode de financement permet aux startups de lever des millions de dollars en quelques heures.

Un succès qui a entraîné une vague d’inquiétude de la part des autorités de régulation. La Chine et la Corée ont tout simplement interdit l'émission d'ICO depuis leurs pays, tandis que les gendarmes boursiers et européens alertent sur le caractère «extrêmement spéculatif et risqué» de ces levées de fonds. A l’instar de l’envolée du bitcoin, la multiplication des ICO cache sans doute une bulle et quelques arnaques. Mais elle s’est imposée comme un financement alternatif pour les startups.

Doxing

Initialement cantonné au «revenge porn», le doxing est devenu un véritable phénomène sur les réseaux sociaux. Cette pratique, qui consiste à répandre en ligne des informations humiliantes ou intimidantes sur une personne, a connu une véritable frénésie avec les campagnes #BalanceTonPorc et #MeToo (496 000 tweets en un mois pour #BalanceTonPorc). Après les manifestations de Charlottesville aux Etats-Unis, un compte Twitter a été créé pour traquer les manifestants d'extrême droite qui avaient participé au rassemblement. Des hackers activistes ont aussi entrepris de balancer les vraies identités des membres cagoulés du KuKuxKlan.

Mais ces dénonciations parfois calomnieuses peuvent avoir des conséquences désastreuses en ruinant la réputation de marques ou d’individus. Une étude parue en novembre sur le doxing recommande ainsi la création d’un fichier recensant les cas de doxing et informant les gens quand leurs comptes apparaissent.

STAB

Vous connaissiez les GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon). L’an dernier vous avez peut-être fait connaissance avec les NATU (Netflix, Airbnb, Tesla, Uber). Mais ces géants ont outrageusement été dépassé en 2017 par les STAB. Ces quatre mastodontes de la tech (Sina, Tencent, Alibaba, Baidu) sont 100% chinois et ont vu leur capitalisation boursière combinée bondir de 600 milliards de dollars entre janvier et fin novembre. Tencent (opérateur de la messagerie très populaire WeChat) a ainsi détrôné Facebook en intégrant le top 5 des plus grosses valorisation boursières. Lors de la journée des célibataires le 11 novembre, Alibaba a explosé les records avec 25,3 milliards de dollars en une seule journée. Les Chinois, nouveaux maîtres de la tech mondiale ?

Chatbot

C’était LA technologie à intégrer en 2017. Plus intuitifs qu’une application, plus économiques qu’un opérateur humain, les chatbots se sont multipliés comme des petits pains sur nos téléphones. Accor Hotels, la Société Générale, et même l’Assurance maladie s’y sont déjà mis, alors que 80% des entreprises interrogées en 2017 projetaient d’installer un chatbot sur leur site ou leur page Facebook. Le succès de ces «agents conversationnels» est largement attribuable à l’essor des messageries instantanées (Facebook Messenger, WhatsApp, WeChat…) et aux enceintes connectées, qui s’appuient sur une interface vocale pour répondre aux demandes des usagers. Google Home a ainsi débarqué dans l’Hexagone en août tandis qu’Amazon Echo et le Djingo d’Orange sont attendus début 2018.

Clickbait

Version soft de la fake news, ces sites Internet «pièges à clics» sont l'une des nouvelles plaies du Net selon Facebook qui a décidé de sévir. Dans son collimateur : les titres accrocheurs avec une faible valeur ajoutée, du genre «Ce site va vous étonner pour 10 raisons, la troisième est juste incroyable !». Une stratégie encouragée par le culte des annonceurs pour des indicateurs rudimentaires comme le Coût Par Clic (CPC) ou le CPM (Coût pour Mille affichages). Afin d’améliorer la qualité de l’information, le réseau social a modifié son algorithme de manière à détecter les titres trompeurs et à les déclasser. Pas gagné, car même les médias traditionnelles adoptent parfois la tactique «clickbait» dans leur course à l’audience. Certains comme le Huffington Post, BuzzFeed ou Business Insider s’en sont même fait une spécialité.

Black Friday

Après nous avoir imposé la mode d’Halloween, les Américains ont réussi à nous faire plonger dans le Black Friday. Pas une seule enseigne n’est passée à côté de cette gigantesque opération commerciale fin novembre, aussi bien en ligne que dans les magasins physiques. Un véritable tsunami de promotions. Et les Français ont mordu à l’hameçon : les ventes ont progressé de 30% par rapport à l’an dernier, d’après le site Black-Friday.sale. Cdiscount a par exemple réalisé 43 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit 80% de plus qu’en 2016. La journée a battu le record de paiements par carte bleue réalisé lors du dernier samedi de Noël l’an dernier, avec 46,6 millions de transactions. Même aux Etats-Unis, où le phénomène est plus ancien, les ventes ont augmenté de 18% en 2017. Preuve que l’ivresse des bonnes affaires est bien vivace malgré la multiplication des périodes de promotion tout au long de l’année.

Repenti

Addiction, manipulation psychologique, exploitation sans vergogne des données… Plusieurs anciens gourous de la Tech se sont soudainement aperçus de ses dérives cette année. Justin Rosenstein, ancien ingénieur de Facebook et créateur du bouton «like», le décrit à présent comme «un truc qui brille procurant un pseudo-plaisir» et assure avoir désactivé toute nouvelle application sur son iPhone. Pour Tristan Harris, un ex de Google, notre esprit est carrément «piraté» par les réseaux sociaux. L’ex-boss de Facebook, Sean Parker, explique lui que l’entreprise «exploite une vulnérabilité dans la psychologie humaine». Plusieurs anciens employés de l’entreprise «observent le rôle que Facebook joue dans la société et se disent "Mon Dieu, qu’est-ce qu’on a fait ?», rapporte un journaliste.

LegalTech

Vous avez aimé la FinTech, la GreenTech et la FoodFech ? 2017 a vu l’émergence des LegalTech, ces jeunes pousses qui entendent «ubériser» les acteurs traditionnels du droit. Signe de l’avènement de cette nouvelle vague, la startup américaine Tech Rocket Lawyer a débarqué en France en juillet. Le site permet aux particuliers et PME de personnaliser des actes simples rédigés par des avocats professionnels, comme la création de statuts d'une entreprise ou un contrat de travail. Sur le même créneau, les startups françaises Captain Contrat et LegaLife connaissent une forte croissance. Malgré la forte opposition des avocats et les experts comptables, la justice semble ouvrir la voie à ces nouveaux acteurs : elle a donné raison en janvier au site Demanderjustice.com, accusé «d’exercice illégal» par l’ordre des Avocats de Paris.