Peter, le chatbot d'aide entre élèves intégré à Messenger, a su convaincre Kima Ventures et plusieurs entrepreneurs investisseurs. Une troisième version est prévue pour début 2018.
L'école de demain passe aussi par les chatbots ! Peter, le chatbot d'aide aux devoirs entre élèves, annonce ce mardi avoir bouclé une première levée de 400 000 euros auprès de Kima Ventures et plusieurs business angels. Une opération financière qui concrétise plusieurs mois de développement après avoir d'abord fait face à la réticence des investisseurs. Peter avait cherché à lever des fonds il y a près d'un an, grâce à sa première version : une plateforme de mise en relation entre élèves et tuteurs fonctionnant sur Facebook Messenger. Le concept plaît. En quelques jours, Peter a bâti une communauté d'une centaine d'élèves et de quelque 300 tuteurs, principalement des étudiants.
Mais, très vite, Peter atteint ses limites : lorsqu'en janvier, le chatbot voit les inscriptions exploser, passant de 1000 à 100 000 membres en moins de 48 heures, impossible de continuer avec une base de tuteurs qui n'évolue pas aussi rapidement. Il aurait fallu recruter près de 30 000 tuteurs pour que le service puisse perdurer ! À l'époque, les quatre fondateurs présentent ces metrics impressionnantes à quelques business angels. Mais tous butent sur le business model : une offre freemium comprenant 20 minutes gratuites de tutorat avant de devoir payer pour une aide plus longue. L'idée de faire payer les parents a également effleuré l'équipe mais elle était difficilement scalable.
L'avènement du peer learning
Les associés reviennent aux fondamentaux. Ils ont nommé leur chatbot en référence à Peter Gray et sa théorie sur l'apprentissage par les pairs (ou peer learning) mais aussi à Peter Pan, improbable leader d'une équipe d'enfants suffisamment solidaires pour se sortir sans mal de leurs aventures à Neverland. Le concept de Peter est donc tout écrit : ce sont les élèves eux-mêmes qui s'entraideront, grâce à un système freemium donnant-donnant en monnaie virtuelle. Dès qu'un élève en aide un autre, il gagne du temps pour pouvoir se faire aider sur un autre sujet. De quoi à la fois valoriser les élèves et les inciter à donner pour recevoir en échange.
"Aujourd'hui, il faut moins d'une minute à Peter pour trouver un élève qui pourra en aider un autre dans telle ou telle matière et l'idée est d'atteindre, d'ici 18 mois, 10 000 cours par semaine", explique Jean-Sébastien Wallez, cofondateur du chatbot. L'idée est d'aider les élèves à collaborer, pas à tricher : on ne demande pas une réponse, on trouve des explications pour mieux comprendre. "C'est tout l'intérêt du live-chat par rapport à un forum classique, souligne l'entrepreneur. L'échange est vivant et permet une vraie pédagogie. D'autant que la prochaine version du chatbot récompensera davantage les élèves qui prennent le temps d'aider les autres grâce à des explications détaillées."
Pas question pour autant de voir Peter comme un remplaçant des professeurs. "On ne cherche pas à reproduire l'école mais à bâtir une solution complémentaire pour transmettre le savoir, précise Jean-Sébastien Wallez. Nos exemples sont plutôt à chercher du côté de l'école 42, où les professeurs sont d'anciens élèves, ou de Céline Alvarez qui veut repenser l'éducation." Les entrepreneurs évitent d'ailleurs soigneusement de présenter Peter comme un professeur et préfèrent lui imaginer une personnalité proche de celle d'un élève, pour renforcer la pertinence du peer learning.
" Quand un élève a un mauvais comportement sur le chat,
il ne va pas être averti puis banni.
Peter lui dit qu'il est blessé et qu'il doit prendre un peu de recul,
ce qui met fin à la discussion.
C'est la réaction qu'un élève aurait dans une cour de récréation,
pas celle d'un professeur qui doit poser des limites "
Jean-Sébastien Wallez, cofondateur de Peter
Peter en quelques chiffres
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