Si seulement je pouvais savoir ce que pensent les investisseurs…” Entrepreneurs, ne rêvez plus ! Les investisseurs du club d’entrepreneurs investisseurs Seed4Soft dévoilent les dessous de leur expérience et prodiguent leurs conseils à la nouvelle génération de startuppers. Cette semaine, Éric Boutouller.

Pouvez-vous me dire quelques mots concernant votre job actuel ?

Je dirige l’activité de Microsoft sur la partie Europe de l’Ouest, la plus grande région de Microsoft après les Etats-Unis. Cela représente 14 pays, 4000 personnes et une croissance à deux chiffres. J’ai intégré Microsoft en 2002, où j’ai été Président de Microsoft France (2005) pour devenir en 2012 Président Europe de l’Ouest de Microsoft. Auparavant, mon diplôme de Sciences Po en poche, j’ai débuté ma carrière chez SYS-COM une société éditrice de logiciels, puis j’ai poursuivi mon parcours chez Compaq, un constructeur d’ordinateur.

Quelles ont été les key lessons learnt au cours de votre vie professionnelle ?

Le management s’est véritablement transformé ces 5 dernières années. Les méthodes hiérarchiques : top down, one to many ont été remplacées par des méthodes plus horizontales comme l’enablement, l’empowerment, le coaching. Aujourd’hui, dans les entreprises on aide à la croissance et à l’épanouissement des collaborateurs au sein des équipes. Je suis convaincu qu’une grande ouverture et une perméabilité aux idées des autres est nécessaire pour évoluer. On doit se nourrir, se renforcer avec la diversité et les opinions des autres pour devenir meilleur. J’ai réalisé assez tard que l’on apprenait tous les jours et qu’il était important d’être dans un learning mindset pour rester humble face au savoir. Le dernier point qui me tient à cœur est la vision impulsée dans l’entreprise par les dirigeants. Les équipes sont motivées par une vision qui dépasse le cadre de l’entreprise et inspirés par des valeurs communes qui leur permettent de garder un cap même dans la tempête.

Que pensez-vous du contexte actuel pour des startups de software en France ?

Il s’améliore, on observe une inspiration grandissante grâce aux belles success stories françaises. Sur le plan de l’enseignement, les écoles multiplient les formations techniques d’excellence préparant aux métiers du software. Côté fiscalité, le dispositif est incitatif pour les investisseurs privés ce qui permet une profusion des financements à destination des startups. Finalement, je pense que ce seront plus les idées que les moyens qui vont se raréfier.

Quels sont les deux ou trois facteurs critiques de succès pour réussir dans le software ?

Un recrutement de haut niveau est nécessaire concernant les équipes techniques, avec notamment des très bons développeurs, pour avoir une vision technique du produit et une architecture dynamique. Le choix du modèle économique est également primordial, aujourd’hui les entreprises en Saas bénéficient d’un modèle économique récurrent, vertueux et scalable. Nouer des partenariats stratégiques me semble également essentiel, chez Microsoft nous avons développé le programme BizSpark Plus qui fonctionne comme un catalyseur pour les créateurs d’entreprises. Enfin, il faut parvenir à combiner créativité, technologie de pointe et approche industrielle pour obtenir les meilleures chances de réussite.

En tant que mentor, comment et sur quels sujets pouvez-vous aider une jeune startup ?

Je peux les aider sur toute la partie mise en relation, notamment pour signer leurs premiers contrats. Je conseille les startups de manière à les faire réfléchir, à les challenger et à leur apporter le recul nécessaire sur leur activité. Un des sujets clefs dans le mentorat est le people leadership, j’apporte un regard différent sur l’équipe dirigeante, je réponds à leurs questions et je leur permets de trouver une dynamique favorable.