Lorsqu’une entreprise se sent menacée ou souhaite donner un coup de boost à sa croissance, l’innovation se retrouve souvent priorité numéro un. En effet (et c’est prouvé), elle constitue bien un levier de croissance et de compétitivité. Mais les choses se gâtent lorsque l’on s’intéresse de plus près à la manière dont les entreprises innovent. Notamment pour piloter la phase d’idéation.
Parmi les démarches d’innovation les plus répandues en entreprise, vous trouverez le brainstorming, l’atelier de créativité, la boîte à idées, etc. Leur point commun ? Le hasard.
Créativité = hasard
Pourquoi parler de hasard ? Revenons aux fondamentaux : comment naît une nouvelle idée ? Principalement de l’association de connaissances existantes, qui n’avaient encore jamais été combinées.
Les méthodes de créativité laissent une grande place au hasard. Découvrez comment faire mieux pour optimiser votre démarche innovation !
Par exemple, pendant un brainstorming sur les véhicules à basse consommation, Pierre, designer, propose une idée qui paraît un peu folle au premier abord : un véhicule qui ne consommerait rien. Cette idée fait alors réagir Julie, ingénieur moteur et surtout férue d’écologie, qui connaît très bien les problématiques du bâtiment neutre en énergie, qui suggère un concept de véhicule capable de produire sa propre énergie de manière autonome. Ainsi, les idées proposées sont enrichies grâce aux connaissances des autres participants, au travers des échanges et des discussions.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la richesse du brainstorming ne vient d’ailleurs pas tant des idées échangées que des connaissances partagées.
En résumé, lors d’un brainstorming, des connaissances sont mobilisées et partagées par les participants et font émerger de nouvelles idées. Mais ce phénomène reste très aléatoire et non-piloté : si les bonnes connaissances sont activées au bon moment, tant mieux, on a une nouvelle idée, et sinon tant pis !
Si l’on regarde l’ensemble des connaissances disponibles au sein d’un groupe de travail, quelles sont les chances que la bonne combinaison de connaissances apparaisse pour générer la bonne idée ? Extrêmement faibles. Autant jouer l’avenir de votre entreprise au loto !
Comment faire mieux ?
S’il existait une formule magique pour gagner à tous les coups, ça se saurait ! En revanche, il existe des techniques pour augmenter vos chances de tomber sur des idées nouvelles et originales.
Partez avec les bonnes cartes en main
Identifiez en amont les experts pertinents à intégrer à votre groupe de travail : ceux qui détiennent les connaissances clés pour alimenter votre exploration.
Concrètement, qui inviter à une session d’idéation ?
- Des experts externes – pour apporter de nouvelles connaissances
Comme expliqué précédemment, les idées résultent de la connexion entre des connaissances : plus vous introduirez des connaissances nouvelles et originales, hors du domaine d’expertise classique de votre entreprise, plus vous aurez de chances d’obtenir des idées vraiment nouvelles. Votre mission : identifier ces domaines d’expertise à la fois nouveaux et pertinents vis à vis du sujet étudié. Des outils comme la cartographie C-K peuvent vous y aider.
Par exemple, un constructeur automobile qui travaille sur la voiture basse consommation pourrait faire intervenir les experts de l’équipe Solar Impulse (l’avion solaire) pour découvrir leur logique de gestion d’énergie en vol.
- Des experts internes – pour exploiter ces nouvelles connaissances
Les nouvelles connaissances apportées par les experts externes ne sont pas suffisantes, elles doivent être transposées et adaptées à la problématique étudiée afin d’obtenir des idées et des concepts vraiment pertinents. Or seuls vos experts internes, grâce à leur connaissance fine du sujet, en sont capables : ils sont donc indispensables ! Vous choisirez de préférence des experts ouverts à la discussion et conscients des limites de leur propre expertise.
Pour le travail sur la voiture basse consommation, il sera indispensable d’intégrer les spécialistes internes du bloc moteur et de l’énergétique.
Gardez la main pendant la partie
C’est le jour J et vous avez de la chance, tous les experts que vous avez invités ont répondu présents ! Toutes les connaissances pertinentes sont donc réunies, mais tout n’est pas encore joué : les chances que vous tombiez sur la combinaison gagnante, c’est-à-dire sur une idée qui soit à la fois nouvelle et prometteuse, sont plutôt faibles a priori… si vous vous contentez de faire de l’animation.
Soyez plus qu’un animateur : découvrez comment piloter efficacement la phase d’idéation, pour optimiser les résultats de la session de travail !
- Imposez le terrain de jeu
Contrairement à ce que l’on peut penser, générer des idées originales, très différentes de l’existant, est une tâche difficile. Si vous laissez les participants libres lors de la phase de génération d’idées, il y a fort à parier qu’ils resteront dans leur “zone de confort” et les idées produites seront peu originales. Identifiez au préalable des axes d’innovation en rupture, sur lesquels vous demanderez aux participants de travailler durant la session. Ici encore, la cartographie C-K peut vous être utile pour construire ces axes.
Par exemple dans le cas de la voiture basse consommation, les experts auront tendance à vouloir améliorer le moteur thermique classique. En revanche, si vous les “forcez” à travailler sur un concept de voiture qui ne pourrait utiliser le moteur thermique qu’une seconde par km, vous les inciterez à imaginer un mode de fonctionnement complètement nouveau.
- Favorisez l’utilisation des connaissances
Les axes d’innovation que vous aurez choisis peuvent amener les participants à travailler sur des sujets très nouveaux, qu’ils ne maîtrisent pas nécessairement. Ils peuvent rapidement se retrouver bloqués, ou fixés par des solutions existantes. Premièrement, demandez aux experts externes de présenter brièvement leur expertise, afin de vous assurer que ces nouvelles connaissances sont bien partagées au sein du groupe. Puis assurez-vous que ces connaissances sont bien mobilisées durant la phase de génération d’idées. Vous pouvez par exemple préparer en amont des cartes “connaissances” ou “exemples” qui vous permettront de ré-ouvrir ou relancer la discussion si besoin.
Une voiture qui n’utilise son moteur qu’une seconde par kilomètre ? Les participants vous diront probablement que c’est impossible. Rappelez-leur les éléments qu’ils ont appris sur le sujet Solar Impulse sur la gestion de l’énergie en vol par exemple et forcez-les à trouver des solutions en mobilisant cette connaissance.
Retenez simplement qu’il est possible de faire bien mieux que le hasard lorsqu’il s’agit d’innover. Pour mettre toutes les chances de votre côté : pilotez l’apport de connaissances dans vos sessions d’idéation ! Il existe bien sûr des techniques et méthodes plus avancées, développées spécifiquement pour l’innovation de rupture. Mais ces premiers éléments simples à mettre en œuvre vous permettront déjà d’augmenter sensiblement la qualité des idées et concepts proposés.