La startup DNA Script est capable de produire un ADN de synthèse grâce à des enzymes naturelles. Et pourrait bien bouleverser l'avenir de la médecine d'ici à peine quelques années.
Et si, demain, on savait soigner un cancer ? Guérir des maladies orphelines ? Éradiquer purement et simplement les maladies génétiques ? C'est ce que laisse entrevoir la pépite française DNA Script, qui a bouclé un nouveau tour de table de 11 millions d'euros, après avoir déjà rassemblé 2,5 millions en trois ans d'existence. L'occasion pour la jeune BioTech de faire entrer à son capital deux acteurs industriels : Illumina Ventures, leader du marché de séquençage de l'ADN, qui a mené le tour de table et Merck Ventures BV, bras financier du laboratoire Merck. Les investisseurs historiques Sofinnova Partners, Kurma Partners et Idinvest Partners remettent également tous la main au portefeuille.
DNA Script, dont Sylvain Gariel, l'un des fondateurs, figure dans la liste des innovateurs à suivre du MIT, a mis au point une technologie permettant de fabriquer un ADN de synthèse plus rapidement et avec de meilleurs résultats qu'avec les techniques employées jusque-là. La startup travaille ainsi à partir d'enzymes, naturellement présentes dans le corps humain, pour qu'elles procèdent elles-mêmes à la production d'ADN. "Nous fabriquons déjà de l'ADN, l'idée est maintenant de passer à la phase d'industrialisation", précise Sylvain Gariel.
Une technologie qui ouvre de nouvelles perspectives pour la médecine notamment. En sachant fabriquer rapidement un ADN similaire à celui de l'humain avec la garantie qu'il sera correctement assimilé par le corps humain - puisque fabriqué non plus par des procédés chimiques mais grâce à des enzymes naturelles - l'humain serait capable de venir à bout des maladies génétiques en remplaçant les gènes déficients par des gènes en bonne santé. Voire de prévenir l'apparition de ces maladies avec des vaccins d'un nouveau genre. La technologie permettra également le stockage de données ou encore la production écologique de produits chimiques.
Du pétrole aux enzymes
C'est d'ailleurs en travaillant chez Total que Sylvain Gariel et son associé Thomas Ybert ont l'idée de se pencher plus avant sur la synthèse de l'ADN. "L'idée était de produire du pétrole grâce à des micro-organismes qui transformeraient du sucre en pétrole au lieu de le transformer en alcool, comme c'est le cas dans la fabrication de vin, par exemple", raconte Sylvain Gariel. Mais les deux jeunes hommes se rendent vite compte que ce qui bloque, ce n'est pas la lecture de l'ADN - le séquençage a émergé dès les années 1970 - mais sa synthèse, soit le fait de pouvoir le répliquer.
Les avancées faites par DNA Script sont cruciales pour le secteur. Soutenue par l'institut Pasteur, scrutée par les laboratoires, la startup est attendue au tournant. Mais, pour l'heure, il est trop tôt pour parler de commercialisation de sa technologie. "Nous recevons beaucoup de demandes et nous devrons décider lesquelles traiter en priorité", reconnaît Sylvain Gariel. Les fonds apportés par la levée serviront d'abord à renforcer l'équipe, aujourd'hui constituée d'une quinzaine de personnes. Ensuite, ils permettront à la jeune pousse d'avancer sur l'industrialisation de la technologie sans laquelle un usage commercial ne serait pas envisageable. Mais l'entreprise pense être prête d'ici "deux à trois années".
DNA Script en quelques chiffres
|