“ Il est déjà 6h04, je t’attends devant la salle de sport, qu’est-ce que tu fous ? ” Quand j’ai commencé à découvrir le monde entrepreneurial, le même conseil revenait à chaque fois: travaille beaucoup. Sans compter. Parce que c’est la seule façon de réussir.
J’avais un ami qui prenait ce conseil à cœur, et l’on se réveillait mutuellement pour être certains de ne jamais dormir après 6h. Parce que si tu n’es pas debout à 6h, c’est qu’au fond, tu n’as pas vraiment envie de réussir. Les entrepreneurs aiment expliquer à quel point ils travaillent. Beaucoup se vantent sur les réseaux sociaux de ne dormir que quelques heures, ou de ne pas avoir le temps de prendre de repas.
Alors j’ai pensé qu’en effet, si la plupart des réussites ont commencé à 6h du matin, j’allais le faire à mon tour. Quitte à prendre le risque de jouer à la startup, autant le faire au maximum. #licorne. Les vidéos de motivation qui fleurissent sur Youtube accompagnaient mon petit-déjeuner. Avec des citations de motivation sur fond de building à New York.
Hélicoptère + Mer + Building design, tout le “succès” y est 🙂
Mes potes se marraient en m’expliquant que j’avais simplement l’impression de faire les bonnes choses parce que le réveil sonnait à 6h, mais que ça ne changeait rien à ma productivité, ni à mon business.
Mais moi, je me disais que l’on verrait bien le résultat dans quelques années. Pire, je pensais qu’il fallait toujours faire plus, se lever toujours plus tôt, week-end compris. Parce qu’il ne faut pas perdre le rythme. Je n’étais pas vraiment aligné avec mes valeurs, mais je me forçais à suivre un chemin qui semblait être le seul qui puisse te rendre Successful™.
Et puis j’ai rencontré des digital nomades et découvert les entreprises qui proposent de concilier vie professionnelle et personnelle. Je me suis demandé s’il y avait quelque chose que je n’avais pas compris.
En fait, ce que je n’avais pas compris, c’est que la plupart des conseils sur l’entrepreneuriat sont biaisés. Parce qu’il repose sur l’idée que le succès se définit par la valorisation. Une boite qui fait des millions. Des milliards. Et valoriser encore plus. Et que l’on ne montre pas qu’il y a d’autres façons d’entreprendre.
J’avais la sensation que ce mode de vie n’était pas épanouissant, et que la liberté que je recherchais n’était pas au rendez-vous. J’ai récemment discuté ave Michael Pinatton qui m’expliquait que la création de sa startup l’avait emprisonnée.
Il avait commencé à embaucher et devait gérer ses employés, se rendre au bureau tous les matins. La liberté qu’il pensait se créer s’était transformée en prison pour lui. La façon d’appréhender la vie professionnelle chez les digital nomades paraissait plus en adéquation avec ce que je ressentais vraiment. Avec un travail qui s’adapte à sa vie, et non plus adapter sa vie aux horaires de travail. Et ça, ça change tout, parce que l’on travaille quand on est vraiment productif, quand on a envie de travailler.
Mais il y avait encore ce dilemme :
- Laisser son business dévorer sa vie pour être incroyablement successful
- Avoir une vie équilibrée mais être relégué dans la catégorie de ceux qui essayent de survivre avec leur business.
Le premier ne m’attirait plus mais le second n’était pas attirant… Puis j’ai fait la découverte des lifestyle business. Ces boîtes qui encouragent une culture low stress, où les équipes sont libres de travailler depuis le lieu où elles se sentent le mieux. Mais aussi proposer de déconnecter régulièrement pour mieux recharger. #WorkLifeBalance.
Lifestyle business: une nouvelle façon de voir le travail
Le lifestyle business propose d’allier les deux. Être en capacité de faire un bon travail, tout en gardant une vie équilibrée.
“ You can work hard on your lifestyle business and still have time for taking flying lessons, learning to play the guitar, nurture your garden, socialize with people outside your tech circle ”
David Heinemeier Hansson, cofondateur de Basecamp
Comme le répète inlassablement Idriss Aberkane dans son Ted Talk, toute idée révolutionnaire passe par trois étapes :
- Ridicule
- Dangereux
- Evident
Que ce soit le vote des femmes, l’ordinateur personnel ou le téléphone “smart”, ces idées sont toutes passées par ces 3 étapes.
Il y a quelques temps, Marissa Mayer, CEO de Yahoo, rappelait l’ensemble de ses salariés au bureau, après avoir essayé le travail à distance. En effet, travailler à distance n’est plus ridicule, puisque Yahoo a essayé, mais c’est dangereux. Former une équipe soudée implique nécessairement d’être au même endroit, tous ensemble. Pour le moment.
C’est aussi ce que pensent les managers chez IBM, puisqu’ils ont pris la même décision. Il semblerait que l’idée du travail à distance et la fin du bureau en soit au stade 2. Mais la révolution vient souvent des petits poucets, rarement des grosses boites 🙂
Le Lifestyle Business, révolution au travail
Et quand Matthew Mullenweg a créé WordPress en 2005, personne n’y croyait vraiment. Une startup qui n’avait pas de business model, avec aucun bureau et des employés partout sur la planète. Et pourtant. WordPress est utilisé par 27% des sites internet dans le monde, soit environ 331 millions de sites internet.
Et ce succès a donné des idées à d’autres boîtes ! Zapier, Buffer, Aha!, Todoist, Toggl, Hotjar. Tous ces noms sont plus ou moins familiers, et ce sont toutes des entreprises qui suivent des valeurs simples et communes.
1) Rechercher la valeur et non la valorisation financière.
Beaucoup de lifestyle business sont des startups indépendantes, qui n’ont donc pas levé de fonds. Ce qui leur permet de garder une totale indépendance et de prendre les décisions importantes sans devoir rendre de compte à une personne extérieure.
2) Travailler efficacement, sans interruption.
Remettre en question la façon dont on travaille. Le travail à distance permet de ne pas être interrompu par ses collègues, de choisir les moments ou l’on va répondre. Mais aussi de ne pas se laisser distraire par des notifications, alertes et les réseaux sociaux. Avec peu ou pas de meetings.
(La différence entre être busy et travailler :))
(Concentration et calme pour être efficace)
3) Un work/life balance équilibré
Les lifestyle business proposent des cultures ouvertes, encourageant les équipes à prendre des pauses et à garder une vie équilibrée. Ne pas avoir peur de ne pas être joignable est important, et souvent les fondateurs montrent l’exemple 🙂
"Having a busy career doesn’t mean that you can’t live your life to the fullest"
Richard Branson
4) Le bureau disparaît
Parce que chacun peut choisir son lieu favori pour travailler, les équipes sont plus efficaces. De la maison, du café du coin ou au coworking, chacun est libre de choisir. Et de ne pas passer 1h dans les transports matin et soir.
Selon cette étude de Fuze , 83% des travailleurs ne ressentent pas le besoin d’être dans un bureau pour être productif. Et les horaires de travail disparaissent avec le bureau.
Avec des équipes distribuées dans le monde, il y a des personnes connectées 24h/24h. On ne mesure plus le temps de travail. Mais si les tâches ont été bien faites. Si tu termines à 14h, parce que tu as terminé ton boulot, tant mieux pour toi. Et profiter de la plage 🙂
" Long hours don’t equal hard work. They just equal long hours "
Il faut être productif pour être épanoui, mais on n’a pas besoin de travailler sans cesse pour être productif 🙂
“ I’ve never really thought of work and life as separate. My work is my life, and vice versa. I’ve never been one to work set hours, or out of a traditional office. Over the years, I have worked from a houseboat, my home and, more recently, a hammock ”
Richard Branson
La question est donc de savoir s’il faut optimiser sa vie pour la gloire ou pour le bonheur ? Certains entrepreneurs vont mettre en avant la volonté de changer le monde. Avoir un impact ! Go big or Go Home.
Je cherche une autre vision du monde, où l’on n’a pas besoin de tout ça pour s’épanouir. Un monde où l’on est patient pour comprendre chaque jour un peu plus qui l’on est. Et regarder la montagne à gravir avec assurance, sans vouloir désespérément atteindre le sommet.
Savoir ce que l’on veut
L’idée n’est pas de dire qu’il ne faut pas travailler ou très peu. Mais de savoir ce que l’on veut. Ne pas courir après des choses que l’on nous a vendu simplement parce que ça à l’air cool de dire que l’on travaille dur, que l’on veut changer le monde. Beaucoup d’études montrent aujourd’hui que les millenials sont prêts à moins gagner pour avoir un sens dans leur job.
J’ai créé le Nomade Show pour montrer qu’il y a d’autres façons de travailler, que l’on n’est pas obligé de choisir entre être employé et travailler de 9 à 5 du lundi au vendredi, ou bien de devenir entrepreneur et travailler du dimanche au dimanche, 15h par jour.
Aujourd’hui, je ne regarde plus de vidéos de motivation, et je me porte très bien. Parce que la motivation ne vient pas d’une vidéo, mais de la compréhension de soi pour savoir où l’on veut aller !