Chaque année, 85 millions de touristes choisissent la France comme destination, en faisant ainsi le pays le plus visité au monde. Pourtant, en termes de recettes, l’Hexagone est à la traîne… De quoi inspirer quelques startups qui, chacune à leur manière, tentent de moderniser le secteur.

A en croire les statistiques d'une étude publiée par Liligo.com et Next Content, l'époque où les touristes ne voyageaient qu'avec un simple guide papier serait révolue. Aujourd'hui, 96% des Français partent avec leur smartphone. "Autrement dit, presque tout le monde, constate Nadia Grimoult, responsable communication chez Liligo. Ils sont aussi 42% à y ajouter un ordinateur portable".

Une connexion au Wi-Fi toujours problématique en France

D'après elle, cette difficulté à se déconnecter serait relativement récente : "ça a commencé il y a dix ans, mais on le voit de plus en plus depuis ces cinq dernières années. Autrefois, on se servait de ces appareils surtout pour réserver ou organiser ses vacances, avant de partir. Bien souvent, on s’en sert aussi désormais durant le séjour".

Mais selon Nadia Grimoult, la France serait en retard dans le domaine du smart tourisme. "Le problème se pose dans certains endroits où il est très difficile d'avoir du wifi, comme les domaines skiables, les parcs de loisir, mais aussi les transports, comme le train, ou l'avion, regrette-t-elle. Or il y a peu d'endroits aujourd'hui où les touristes ne souhaitent pas être connectés".

C'est partant de ce constat que Jonathan Justman a cofondé en 2013 Travel Wifi. La petite entreprise propose à la location des boîtiers hotspot Wi-Fi mobiles, pour 8 euros par jour. Depuis ses débuts, en mars 2014, elle a déjà séduit plus de 20 000 clients.

Une connexion portable pour rassurer les touristes

Jonathan Justman a eu l'idée de ce wifi portable lors d'un voyage au Japon. "En fait, on n'a rien inventé, confesse-t-il, le concept était déjà bien développé dans certains pays d'Asie. Mais en France, en dépit du nombre important de touristes qui viennent chaque année, ça n'existait pas encore".

Les touristes asiatiques représentent d'ailleurs 40% de sa clientèle, juste devant les nord-américains, puis les australiens. En guise d'explication, le cofondateur avance les "prix de roaming très élevés, 100 à 1000 fois supérieurs aux touristes européens", mais aussi le besoin de se sentir "rassuré". "Ils sont à l'autre bout du monde, explique-t-il, et parfois un peu perdus, notamment quand ils ont l'habitude de vivre dans des villes très quadrillées où il est plutôt facile de se repérer, comme New York, et qu'ils viennent visiter Paris".

Les guides connectés font de l’ombre au papier

Pour découvrir la capitale française plus sereinement, les touristes connectés peuvent pourtant aussi compter sur d'autres startups tricolores, qui se sont spécialisées dans la conciergerie à bagages, comme Nannybag, la réservation de dernière minute en journée via son smartphone avec Dayuse, ou encore les carnets de voyage connectés, à l’image de Memotrips. Parmi ces ambitieuses, on trouve aussi Parisianist, un organisateur de voyage personnalisé, en ligne.

Sedrik Allani a créé cette startup après avoir "pas mal voyagé, dans plus de 35 pays". "A chaque fois, se souvient-il, c'était une énorme galère pour préparer le séjour". "Galère" qui ne s'arrête pas à son retour à Paris, où ses amis étrangers lui demandent régulièrement une liste de bonnes adresses ou lieux à visiter pour leurs prochaines vacances dans la capitale. Il se rend alors compte de la difficulté à organiser son voyage, entre guides papiers "seulement mis à jour tous les trois ans", où "actualités chaudes comme les pièces de théâtre ou les expositions" sont absentes, et sites internet plein d'informations "souvent très mauvaises".

Des vacances plus « locales et authentiques »

Au total, les touristes consulteraient ainsi pas moins de 38 sites différents avant leur départ. Sedrik Allani, lui, leur propose de n'en visiter qu'un : le sien. Après un questionnaire sur les préférences, le budget et les visites lors d'un éventuel précédent voyage, son équipe concocte un parcours dans la capitale et ses environs. Au programme : 70% de "classiques", et 30% de lieux et événements qui permettent de vivre "le Paris des parisiens". Le voyageur, lui, n'a qu'à valider son panier et payer les activités proposées. C'est le site qui se charge ensuite de réserver pour lui des vacances "plus locales et authentiques".

En juin 2016, le concept avait déjà séduit 2300 clients, issus de 170 nationalités différentes. Mais Sedrik Allani ne compte pas s'arrêter là. Bien conscient du potentiel du tourisme connecté, il compte, tout comme Travel Wifi, traverser les frontières. 

Article initialement publié le 21 juin 2016