Le groupe immobilier Nexity mise sur l'expérimentation pour insuffler de nouvelles méthodes créatives de travail au sein de ses équipes. Même jusqu'au comité de direction !
Un grand groupe avec les méthodes d'une startup. C'est l'idée portée par Nexity, qui expérimente depuis plusieurs mois des process empruntés aux entreprises en hypercroissance. Le groupe n'a pourtant plus rien d'une jeune pousse : créé en 2010, il compte aujourd'hui plus de 7000 collaborateurs, est coté en Bourse et affichait en 2016 un chiffre d'affaires de 3,1 milliards d'euros. Des indicateurs qui feraient rêver plus d'une startup.
Et pourtant, c'est bien au sein de ces nouvelles entreprises que le groupe immobilier est allé puiser son inspiration. "Tous les ans, nous organisons des universités managériales où des managers aux manettes d'entreprises qui ont déjà effectué leur transformation numérique viennent partager leurs bonne pratiques, explique Guillaume Ravix, directeur du développement des Ressources Humaines chez Nexity. On parle co-construction, open innovation et on a eu envie de transposer ces méthodes dans nos propres équipes."
Design thinking et lean startup au programme
C'est ainsi que naît La Fabrique : au départ, le groupe imagine une soixantaine de projets dont une dizaine ont finalement été lancés pour expérimenter ces nouvelles méthodes. Au programme : réfléchir aussi bien sur des thématiques métier (la technologie BIM, par exemple) que sur la philosophie et les valeurs de l'entreprise (comment favoriser la mobilité interne ?) grâce à des outils allant du design thinking à la méthode lean startup. Première étape : former les managers qui vont chapeauter les projets. "Des personnels des RH aux animateurs potentiels des ateliers, il a fallu former tout le monde à ces méthodes pour qu'ils soient capables d'être des facilitateurs de projets, de scénariser et d'animer ces projets", souligne Guillaume Ravix.
Objectif atteint, grâce à la mobilisation des équipes... jusqu'au plus haut niveau de l'entreprise : le comité de direction lui-même s'est formé et a appliqué ces méthodes lors de sa dernière réunion destinée à élaborer la stratégie du groupe à l'horizon 2020. De quoi motiver l'ensemble des collaborateurs et sortir de la traditionnelle gestion de projets top-down. Au total, ce sont plus d'une quarantaine de top manager qui se sont activement mobilisés dans l'organisation et l'animation des ateliers.
Faire plutôt que parfaire
Principal changement lié à l'utilisation de ces méthodes créatives : la réflexion part des besoins des clients et non, comme c'est souvent le cas dans les grands groupes, de l'expertise à disposition de l'entreprise. "L'idée était de se mettre à la place de nos clients, de lister leurs freins et d'imaginer une nouvelle offre, un service ou un produit qui permettraient de dépasser ces réticences." En adéquation avec "la culture du résultat" prônée par Nexity, les dix projets ont abouti et doivent déboucher sur la mise en place de solutions sous peu.
Pourtant, cette expérience a bousculé la culture de l'entreprise, habituée à la performance et jusque-là peu adepte d'une des devises des startups : "Done is better than perfect" ("Fait est mieux que parfait", en français). "L'objectif était d'obtenir un produit minimum viable pour tous les projets, pas quelque chose de parfait, rappelle Guillaume Ravix. Cela a aussi permis de faire bouger les lignes du groupe en matière d'expérimentation, de droit à l'erreur mais également de transversalité dans la réflexion qui doit associer toutes les équipes."