Beaucoup s’accordent à dire que la démocratisation de la réalité virtuelle est en marche. Une affirmation à nuancer : si 2017 incarne en effet son accélération et sa vulgarisation auprès du grand public, la réalité virtuelle n’est pas encore à l’apogée de son art et son entrée dans les moeurs n’est pas encore (et de loin) une réalité. Christophe Chartier, cofondateur et PDG d’Immersion, revient sur l'évolution d'une technologie, qui n'a pas fini de faire parler d'elle.
Le paradoxe réside dans le fait que certains professionnels utilisent cette technologie depuis les années 90, notamment dans l’univers de l’industrie. Ce qui semble nouveau et innovant pour certains, est déjà effectif depuis de nombreuses années chez d’autres. Ceci étant, ces dernières années, la réalité virtuelle a connu d’importantes évolutions qui ont transcendé ses applications. Elle ne devrait plus avoir à faire ses preuves pour convaincre tous les professionnels de ses atouts ! Partage des connaissances, optimisation des process et économies d’échelle sont autant d’avantages offerts par la réalité virtuelle. Parce qu’elle incarne la nouveauté, son utilisation traduit également une posture d’innovation, déterminante pour la plupart des entreprises.
Aujourd’hui, les solutions de réalité virtuelle qui fonctionnent déjà dans les grands groupes industriels peuvent être optimisées, reproduites ou adaptées, pour toutes typologies d’entreprises, même les plus petites d’entre elles. D’autant que la baisse des coûts des équipements favorise sa démocratisation.
Un marché émergent à fort potentiel
À l’heure actuelle, le marché de la réalité virtuelle dans son ensemble – professionnel et grand public - est principalement dominé par la vente de matériel qui ne se limite pas uniquement aux casques de réalité virtuelle ; il inclut également tous les équipements de visualisation tels que les CAVEs (Cave Automatic Virtual Environment) et les Powerwalls (autrement appelé mur d’images). La tendance devrait s’inverser dès 2020 dès lors que la vente de logiciels représentera près de 2/3 de la valeur du marché. Dès lors qu’une part importante du marché disposera d’équipements, la demande se décalera logiquement vers les contenus (logiciels) permettant de continuer d’élargir les champs d’utilisations de ces équipements.
Nous avons aujourd’hui identifié au cours d’une étude 5 500 entreprises équipées de technologies immersives, tout type d’équipements confondus, en Europe et aux Etats-Unis. En réalité, sur ce même territoire, plus de 6 millions d’entreprises opèrent dans des secteurs susceptibles d’avoir recours à la réalité virtuelle. Un tel écart laisse imaginer le potentiel de développement de ce marché dans les prochaines années ! De manière réaliste, il est certain que chacune de ces entreprises n’implémenteront pas la réalité virtuelle, cependant il suffirait que 10% d’entre elles identifient l’intérêt de la technologie au sein de leurs process pour que ce soit déjà une progression très importante pour le marché de la RV. Le marché professionnel a donc vocation à suivre la même tendance que l’ensemble du marché de la réalité virtuelle et à croître considérablement au cours des prochaines années. Reste à les convaincre des bénéfices de son utilisation, ce qui suppose un énorme travail de pédagogie pour accompagner cette gestion du changement.
Usages et profils professionnels
Nous avons confronté différentes hypothèses avec la réalité terrain pour faire émerger les 3 usages professionnels de la réalité virtuelle comme étant les plus courants :
Le marketing et la communication
La réalité virtuelle est aujourd’hui un atout marketing de poids. Son usage se développe massivement en offrant au client une expérience novatrice favorisant l’acte d’achat. En proposant une visibilité complète des atouts d’un produit, elle crée des possibilité inédites jusqu’alors inexploitées par les marketeurs. Les marques utilisent désormais cette technologie pour enrichir l’expérience des consommateurs, notamment sur le point de vente, mais aussi l’expérience client/prospect pour l’aspect BtoB lors de présentation
de nouveaux projets par exemple. Elle permet de déclencher des achats et d’accompagner le consommateur dans sa prise de décision.
Au-delà d’une utilisation marketing, les professionnels de ce secteur attendent beaucoup de ces technologies pour améliorer la collaboration entre les différents services au sein de l’entreprise ainsi qu’avec leurs partenaires et sous-traitants. Ces technologies immersives permettent également de déployer de vrais usages d’expertise à distance, diminuant les temps des interventions tout en en renforçant la qualité.
La formation
Qu’elle soit académique ou dans le monde industriel. La réalité virtuelle compte désormais parmi les technologies plébiscitées pour l’acquisition et le partage des connaissances puisqu’elle permet de simplifier et mutualiser les apprentissages.
Dans les entreprises, elle est au service du knowledge management en favorisant le transfert des connaissances pour accompagner la montée en compétences des collaborateurs. Les exemples sont multiples : opération de maintenance ou formation des employés sur un nouvel équipement industriel avant son installation, opérations expérimentales dans le domaine de la médecine, sensibilisation du personnel intervenant dans des environnements à risques.
Dans les écoles, elle permet aux étudiants de se confronter à la réalité...en virtuel, la réalité virtuelle et augmentée ayant tout son intérêt dans l’apprentissage de gestes techniques.
La recherche (secteurs publics et privés) et le design...
.... très présents dans le secteur automobile ainsi que dans le merchandising et la grande distribution (conception de rayons, mesure de l’émotion etc.)
Preuve est faite que les champs d’usages sont très variés et ne se limitent pas à l’industrie pure et dure ! Les professionnels de l’industrie aujourd’hui rodés à l’utilisation de la réalité virtuelle sont pour certains d’entre eux les meilleurs ambassadeurs des bénéfices de la RV, ils n’hésitent d’ailleurs pas à ouvrir les portes de leurs équipements à des utilisateurs extérieurs à leur entreprise et à les accompagner dans leur expérience immersive.
Au-delà d’accueillir des clients ou prospects dans ces salles de réalité virtuelle, des initiatives individuelles se sont créées au travers de plateformes mutualisées. Certains secteurs d’activité disposent déjà de ce type d’équipement mais qui se cantonnent à sa propre branche professionnelle. Mais pour proposer une expérience unique, il fallait aller plus loin et trouver un système universel capable de transcender les applications métiers avec une échelle internationale.
Fort de ces constats, plusieurs acteurs du secteur travaillent aujourd'hui à rendre l'usage de la réalité virtuelle plus accessible aux professionnels, et par conséquent au grand public. C'est par exemple le cas de la plateforme de location de salles de réalité virtuelle en ligne vr-bnb, qui permet ainsi aux professionnels déjà équipés de profiter de ces technologies ailleurs que de leurs locaux en louant une salle de réalité virtuelle ailleurs dans le monde et gagner ainsi en agilité.