De Taïwan au Japon, les startups françaises de l'IoT espèrent bien séduire des consommateurs asiatiques très technophiles et particulièrement friands d'objets connectés. Pour cela, elles misent sur des technologies à bas coûts et dont les usages ont été pensés spécifiquement pour le marché local.
Continent technophile s'il en est, l'Asie est logiquement une terre de conquête des startups françaises de l'IoT. "L'Internet des objets suscite beaucoup de promesses en Asie mais il n'est pas encore largement déployé", constate Philippe Chiu, cofondateur d'Unabiz, installée à Singapour et Taïwan depuis un an. Pourtant, consommateurs comme entreprises ont une appétence toute particulière pour les objets connectés et les usages qui en découlent.
D'abord, "la technologie reste trop chère", souligne Philippe Chiu. C'est pourquoi Unabiz, qui en plus de concevoir des objets connectés est également opérateur d'un réseau dédié à l'IoT, souhaite "industrialiser l'IoT parce que la massification du réseau fera automatiquement baisser les coûts". Allié à Sigfox, qui est un actionnaire minoritaire d'Unabiz à Singapour, la jeune pousse a obtenu le premier agrément d'opérateur sans carte Sim à Singapour et à Taïwan. Parallèlement, elle noue des partenariats avec une myriade d'entreprises de manufacture à Taïwan pour réduire au maximum le coût des objets connectés qu'elle commercialise.
Penser l'intégration à WeChat, le géant chinois
Résultat : l'UnaBell, le bouton connecté que la startup propose en B2B2C aux entreprises pour renouer le contact avec leurs clients, est facturé entre 1 et 4 euros par mois. Il permet aux entreprises d'associer au bouton une action récurrente : l'appel au service client si le produit tombe en panne ou une nouvelle commande lorsqu'un produit arrive à épuisement, par exemple. Une façon de soulager leurs clients de démarches fastidieuses.
Mais les startups françaises de l'IoT sont également attentives à ce que leurs produits correspondent au marché local. Ainsi, après avoir lancé Niu, son propre bouton connecté, en France, la startup Nodon vient d'en lancer la commercialisation en Chine. "Dans un pays où WeChat compte 850 millions d'utilisateurs, il est nécessaire d'imaginer des usages spécifiques à la Chine", souligne Thomas Gauthier, CEO de Nodon. Et notamment en lien avec le mobile, que les jeunes Chinois ne quittent pas : partage de contenus, envoi de messages prédéfinis, commande d'un taxi ou paiement mobile. Toutes ces actions pourraient être réalisées d'une simple pression du bouton Niu, configuré auparavant.
Une présence visible dans les grands événements Tech
Conscients de leur avance, les Frenchies de l'IoT veulent accélérer dans la région pour asseoir leur leadership dans le secteur. Après s'être implanté à Singapour - "la vitrine du monde technologique", qui veut déployer 100 millions d'objets connectés d'ici l'année prochaine - et Taïwan - le centre névralgique de la manufacture informatique mondiale - Unabiz lorgne désormais sur les pays d'Asie du Sud-Est. De son côté, Sigfox a déjà déployé son service au Japon.
Pour donner plus de visibilité à leurs solutions, les startups françaises misent notamment sur les grands rendez-vous Tech régionaux : Unabiz a participé sous la bannière French Tech à Innovex, le salon dédié aux startups du forum Computex, tandis que Nodon se rend cette semaine au CES Asie et Pacifique qui se tient à Shanghaï. Des événements qui devraient mettre en lumière l'expertise des Frenchies et leur assurer un bel avenir dans la région.