C’est un peu comme un speed dating. D’un côté, on trouve six industriels dont Airbus, Stelia Aerospace ou Daher, de l’autre 24 startups et PME du numérique, pré-sélectionnées pour leurs compétences. Ces dernières commencent par « pitcher » leurs solutions en 5 minutes, avant un échange de questions-réponses prolongé par un cocktail.

Baptisé « Plug In », cet événement a eu lieu fin 2016, sous la direction du pôle de compétitivité EMC2. A la clé, six lauréats ont ensuite été retenus pour accompagner les industriels dans leur réflexion sur l’usine du futur (voir liste ci-dessous (1)). La suite? D’abord une série de réunions communes prévue jusqu’en avril… Et pourquoi pas la signature de contrats par la suite..

« Avant, on ne se parlait même pas »

Exercice ultra calibré, « Plug In » a servi de déclic pour certains, comme E.S.P.A.C.E. Ce sous-traitant pour l’aéronautique réfléchissait depuis longtemps à l’intégration du numérique… Sans vraiment franchir le pas, surtout par manque de temps. « 99% du temps, on est noyé dans l’opérationnel, concentré sur la fabrication des pièces et le contrôle qualité, car il faut suivre la montée en cadence croissante de l’aéronautique », explique Magali Chatal, la responsable R&D. Employant 260 salariés entre Nantes et Toulouse (28,9 M€ de CA), cette entreprise réalise notamment des pièces mécaniques et des sous-ensembles (des structures de sièges d’avion pour Stelia, par exemple).
Autre frein, la peur de se perdre dans la jungle du numérique. « On entend partout : si vous n’intégrez pas le numérique vous êtes mort ! D’accord, mais comment on s’y prend? Jusqu’ici, il nous manquait une porte d’entrée vers les acteurs de ce milieu, confie Magali Chatal. Avant Plug In, on ne se parlait même pas.»

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Depuis la soirée pitch, E.S.P.A.C.E collabore avec l’éditeur de logiciels Productys, notamment sur la dématérialisation des documents,  comme les ordres de fabrication, ces fiches qui listent le nombre de pièces à réaliser et les étapes de production. Autre axe d’étude :  compiler l’information pour « visualiser en temps réel si un poste est débordé ou bloqué par exemple, pour réagir au plus vite ». Bref, gagner en compétitivité.

Initié par les agglomérations de Nantes et Saint-Nazaire, ce rapprochement entre usines et startups locales s’imposait. Ce bassin industriel abrite de grand donneurs d’ordre comme Airbus (5.450 salariés en local) et les chantiers navals STX qui fabriquent les plus gros paquebots du monde. « Mais il y a encore un cloisonnement entre l’industrie et l’écosystème numérique », constate Sophie Péan, responsable communication d’EMC2.

Créer davantage de passerelles

« Certes les réseaux existent, mais il faut aussi des événements, des passerelles pour se rencontrer, comme Plug In», ajoute Benoît Sagot-Duvauroux, gérant de Gobio. Concepteur d’exosquelettes et intégrateur de robots collaboratifs, il a lui fait équipe avec l’industriel Stelia Aerospace. Une petite surprise. « Stelia venait pour d’autres besoins, mais notre pitch les a fait réfléchir à l’amélioration des conditions de travail : comment adapter les postures des opérateurs ou faciliter le port de charge lourdes », raconte l’entrepreneur.

De fait, ces passerelles se multiplient aujourd'hui. Ainsi lors de la Nantes Digital week 2016, une rencontre avait déjà réuni jeunes pousses et poids lourds régionaux (DCNS, le fabricant de meubles Gautier, etc.). En début d’année, des entreprises des deux bords ont effectué ensemble un voyage d’affaires à Seattle (USA), avec rendez-vous pris chez Boeing, Microsoft et Amazon. Quant au dispositif Plug In, il sera reconduit fin 2017.

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Auteur : Florent Godard