L'enquête Venture Pulse réalisée par KPMG montre que si le nombre d'opérations réalisées a chuté, les montants investis se sont maintenus. De quoi faire grimper le ticket moyen... ce qui n'a pourtant pas bénéficié aux entreprises les plus jeunes.
Les investisseurs ont été particulièrement frileux en ce début d'année. L'étude Venture Pulse réalisée chaque trimestre par KPMG montre que le nombre de levées réalisées dans le monde a chuté de 15,2% au premier trimestre 2017 par rapport au quatrième trimestre 2016, pour atteindre les 2716 opérations. Néanmoins, KPMG note que "si la prudence est restée de mise durant la première moitié du trimestre, plusieurs opérations importantes concrétisées lors de la seconde moitié ont redonné vie à tout le marché du capital-risque". Les levées d'Airbnb (1 milliards de dollars) et de la MedTech Grail (914 millions de dollars) témoignent de ce nouvel élan.
Des opérations record qui ont contribué à la hausse du montant des investissements réalisés : +12,6% par rapport au quatrième trimestre 2016. "Alors que le montant moyen des transactions dans les différentes régions du monde soit ont progressivement augmenté soit sont restées stables ces deux derniers trimestres, il est clair que l'appétit des investisseurs n'a pas décru, tout comme le capital disponible, mais plutôt qu'il s'est manifesté avec davantage de prudence", constate KPMG.
Performance mitigée des entreprises américaines, l'Asie en embuscade
Les dynamiques sont également très inégales selon les régions analysées. Sur le continent américain, le déclin global du nombre de deals cache de grandes disparités selon les pays. Le Canada et le Mexique ont tous les deux tiré le continent vers le bas. Le premier dans l'attente du plan annoncé par le gouvernement pour soutenir le capital-risque qui présage donc d'un rebond dans les prochains mois et le deuxième en raison de l'incertitude qui a pesé sur les relations avec les Etats-Unis, lors du premier trimestre au pouvoir de Donald Trump. Chez l'Oncle Sam, les investisseurs ont préféré porter leur intérêt sur des entreprises... étrangères : britanniques, anticipant les effets du Brexit, mais aussi israéliennes ou espagnoles avec un retour sur investissement jugé potentiellement plus élevé que celui des entreprises américaines.
L'Asie a elle aussi connu un début d'année plutôt mitigé. Bien que le niveau des investissements se maintiennent après le record enregistré en 2016, le nombre d'opérations réalisées chute à son plus bas niveau depuis... 2012. Néanmoins, les investisseurs chinois continuent de faire la pluie et le beau temps dans la région, d'autant plus que les réglementations boursières très strictes du pays - et contrôlées de près par l'Etat chinois - ne permettent pas aux entreprises locales d'envisager l'introduction sur les marchés comme une possibilité fiable de financement.
En Europe, les volumes sont eux aussi en baisse, pour le cinquième trimestre consécutif... mais le montant des investissements continue de se maintenir. Sans surprise, ce sont les startups qui débutent qui pâtissent de cette frilosité : pour le deuxième trimestre d'affilée, le nombre d'investissements en seed est inférieur à celui des tours early stage. Bien que le Royaume-Uni reste la locomotive continentale, la France s'impose comme un acteur majeur, au coude à coude avec l'Allemagne pour les montants investis (respectivement 359 et 399 millions de dollars), notamment grâce à la très belle levée de Vestiaire Collective (58 millions d'euros), qui grimpe à la sixième place du top 10 des investissements les plus importants. "Les accélérateurs français ont tendance à collaborer avec de grands groupes industriels et, ensemble, ils créent un système d'open innovation qui soutient l'activité des startups", souligne Michel Paolucci, de KPMG France.