Le train de la révolution numérique est en marche et la France a un billet en première classe, selon Bart Willaert, directeur général de Mastercard en France, qui égrène les raisons d'être optimiste quant à l'avenir de nos startups... mais aussi des banques françaises.
La dernière édition du Mobile World Congress illustre bien les enjeux considérables et la forte concurrence autour de la transformation numérique des entreprises, des banques et de la société dans son ensemble. Les Fintechs, notamment, bouleversent les codes du marché et donnent l’impulsion au changement. Acteurs financiers traditionnels et nouveaux arrivants collaborent pour construire un avenir numérique inclusif. La France incarne mieux que n’importe quel autre pays ce bouillonnement autour de l’innovation. D’ailleurs, beaucoup de startups françaises à forte valeur ajoutée s’exportent à l’étranger. La France a une carte à jouer sur la scène internationale, des chefs d’entreprises et des jeunes entrepreneurs dynamiques ainsi qu’un savoir-faire à valoriser, comme en témoigne l'ouverture prochaine de Station F, l’un des plus grands campus au monde.
Un cadre propice à l'entrepreneuriat
Depuis quelques années les banques traditionnelles sont challengées par les néobanques, les startups et les Fintechs qui bouleversent les codes du marché, comme l'illustre la directive européenne sur les services de paiement (DSP1), adoptée en 2007 et qui a ouvert des brèches dans le monopole des banques. Loin de reléguer les banques au rang d’acteurs secondaires, ces "concurrents" s’avèrent en fait être des alliés, moteur d’ouverture, de créativité et de renouveau. Ceci venant renforcer le tournant 4.0 amorcé par les banques traditionnelles qui n’ont pas attendu le boom des Fintechs pour prendre le train de l’économie numérique en marche.
En outre, cet écosystème économique et financier fournit un cadre propice à l’entrepreneuriat, favorisant l’émergence de nouveaux acteurs et les investissements des pouvoirs publics pour stimuler ce marché en pleine explosion. Dès 2007 a ainsi été créé le pôle de compétitivité mondial France Innovation. Parmi les pépites françaises de la FinTech qui ont réussi leur internationalisation figurent notamment, Leetchi, Lemonway, Compte Nickel, MangoPay, SlimPay, Pumpkin, Payname, Bankin’, Lydia, PayTop, ou Yomoni. Le point commun de ces business model est d’utiliser la technologie pour lancer des services bancaires et financiers innovants tout en s’adossant au solide réseau et à l’expertise des banques.
Cela renforce ma conviction que le débat sur les startups qui font trembler les mastodontes de la finance est un leurre. Anciens et nouveaux acteurs coexistent finalement avec pour objectif commun de rendre toujours plus fluide l’expérience client. Ce constat est révélateur à la fois du potentiel des jeunes pousses et des entrepreneurs de l’Hexagone mais souligne aussi que la France a une marge de manœuvre : se diriger vers une politique globale qui favorise l’innovation afin de réussir à se hisser au niveau des leaders mondiaux.
Une marge de progression certaine
Néanmoins, une meilleure intégration des technologies est nécessaire à tous les niveaux, notamment au sein des entreprises, pour que la France continue de moderniser son économie et renoue avec une croissance positive et durable. Selon le dernier Digital Economy and Society Index (Desi), quirend compte des performances des Etats membres de l'Union européenne dans le domaine du nume?rique ainsi que de l’e?volution de leur compe?titivite? dans ce domaine et les classe selon cinq indicateurs (la connectique, le capital humain, l’utilisation d’internet, l’inte?gration des technologies nume?riques et les services publics nume?riques), la France ne se classe que 16e sur 28, soit une baisse de 2 places dans le classement depuis 2015.
Du côté des consommateurs, ils sont de plus en plus nombreux à adopter les solutions innovantes de paiement numérique, notamment en mobilité. Ceci n'est pas sans lien avec l’afflux du Big Data et l’omniprésence des objets connectés et des accessoires dans notre quotidien, même si leur adoption est plus lente comparativement aux pays nordiques notamment.
Innovation et ouverture, moteurs de la transformation globale
Dans le contexte actuel de relative stagnation économique, le secteur bancaire français se comporte bien à l’international. Face à une pression réglementaire forte, les banques françaises ont su saisir l’innovation comme une opportunité, une dynamique qui est aussi portée par la coopération globale et la convergence d’idées nouvelles qui émergent de part et d’autre.
Les banques françaises proposent depuis quelques années de nouvelles solutions de paiement numérique également plébiscitées à l’international. Cela vient conforter l’idée d’un cercle vertueux où chacun contribue à nourrir l’écosystème global, ce "réservoir" d’opportunités, ensuite vecteur de croissance au niveau local. Dirigées vers le consommateur final, ces solutions innovantes facilitent au quotidien la vie des consommateurs français, avec à la clé, un gain de temps conséquent, au profit d’activités familiales ou de loisirs par exemple. Entre autres innovations, la carte à puce inventée en France et exportée dans le monde entier pour sécuriser les paiements, tout comme plus récemment les recherches et développements autour de l’intelligence artificielle et ses applications dans diverses régions du monde et en France sont des illustrations de cette dynamique à la fois mondiale et locale.
L'innovation, oui, pourvu qu'elle soit inclusive
L’innovation est aussi un moteur de croissance inclusive lorsqu’elle est dirigée vers le capital humain. Les entreprises doivent en effet tenir compte de leur environnement et prendre leurs responsabilités en matière sociale. De plus en plus d’entreprises françaises, leaders des secteurs de l’assurance, des télécommunications, de l’agroalimentaire ou du luxe, sont déjà impliquées dans cette démarche éthique. Elles mettent en œuvre une politique volontariste dirigée vers l’innovation sociale qui combine à la fois altruisme et profit.
C’est une vraie tendance de fond qui prend de l’ampleur. Les pays nordiques comme la Suède ont d’ailleurs depuis longtemps adopté un modèle économique et social qui a fait ses preuves en la matière en privilégiant une logique centrée sur le partage et le collaboratif. Et pour que les innovations soient adoptées par l’ensemble des acteurs de l’économie numérique et en particulier les clients finaux, celles-ci devront impérativement être inclusives et s’inscrire dans le mouvement mondial de numérisation de l’économie (IoT, smart cities, mobilité…).
Il faut rappeler qu’en Europe, malgré un accès numérique en forte progression, 138 millions d’individus sont, financièrement parlant, coupés de la société, à savoir sans compte bancaire ni moyen de paiement. La multiplication de technologies ainsi que les projets innovants autour de la numérisation des paiements contribue à l’adhésion d’un nombre croissant d’individus à l’écosystème de paiement.
En conclusion, l’innovation favorise la croissance dès lors qu’elle s’inscrit dans une démarche d’ouverture vers l’extérieur. Pour le secteur bancaire français, cette fenêtre ouverte est une opportunité de croître et d’activer des canaux de conversation et d’échange pour sortir les idées novatrices de l’espace national et les intégrer dans l’écosystème global. Ainsi, les différents acteurs de l’économie mondialisée, banques, gouvernements, administrations, institutions, Fintechs, GAFA apportent chacun leur pierre à l’édifice, pour bâtir un monde plus inclusif. L’innovation alliée à l’inclusion agit comme un levier, facilitant l’accès à ces nouvelles technologies pour le plus grand nombre et contribuant au développement économique et social à l’échelle mondiale. Dans cette optique et dans un contexte politique et électoral particulier, la France des Fintechs et des startups a des atouts à faire valoir tout en continuant à se développer pour être en mesure de rattraper les nations leaders sur le plan de la croissance numérique et inclusive.