Il occupe un bon poste pour un jeune sortant de master en droit bancaire et financier. En effet, Jeff est un battant, et excelle dans ce secteur comme on gagne une course mal chaussé.
De la banque à l’art
De fait, il se sent comme le petit élément d’une immense structure. L’impression de ne créer aucune valeur pour l’entreprise, la routine horaire, la pression et l’absence de vision personnelle le poussent à rechercher une voie de sortie. Cependant, le confort offert par un tel poste rend difficile la recherche de changement.
C’est donc dans sa vie personnelle qu’il trouve d’abord un exutoire : la créativité artistique. Il passe alors des heures à peindre. Sa vraie vie lui semble commencer à 19h30. Un paradoxe s’installe : ce qui lui prend 80% de son temps constitue ce qui a le moins d’importance pour lui, tandis que la création garde la première place dans ses intérêts : “Plutôt que d’en faire un moyen de procrastination, j’ai décidé d’en faire ma vie.”
BonsoirBonsoir : une vocation
Jeff sait qu’il n’est ni un entrepreneur né, ni vraiment un artiste. BonsoirBonsoir n’est donc ni un projet entrepreneurial choisi parmi mille idées potentielles, ni une excuse pour fuir son entreprise. C’est un appel, une vocation.
Entouré d’artistes, il a à coeur de les faire connaître. Il voudrait que le luxe d’un concert privé, d'un live painting, ou d'une dégustation d'oenologique commentée soit à la portée de tous. Pour lui, la principale barrière à la réservation d’une performance live est 100% psychologique et culturelle. “ On range cette pratique dans la case luxe, ou pro ”
Après avoir rencontré personnellement 294 artistes en 1 an, soit presque un par jour, Jeff lance alors en 2016 la plateforme BonsoirBonsoir, sur laquelle on trouve les artistes sélectionnés par son équipe : peintres, musiciens, comédiens, troupes, magiciens, … Ce qui importe à Jeff dans sa sélection, c’est la qualité de l’artiste et son habitude à créer/performer en live. “ BonsoirBonsoir ne propose pas des animations mais des artistes “ tient-il à rappeler.
Son objectif pour 2018 : placer une trentaine d’artistes par semaine chez des particuliers ! Bien sûr, les professionnels de l’événementiel constituent un marché sur lequel BonsoirBonsoir s’appuiera. Mais la mission dont Jeff se sent investi, c’est de promouvoir les artistes auprès des particuliers.
Pour atteindre ses objectifs, il faudra casser cette vision de la perfomance comme un luxe: en partageant les frais, des étudiants ou jeunes actifs peuvent facilement s’offrir les services d’un pianiste qui vienne faire chanter les convives.
La création de cette culture passe aussi par des partenariats avec des plateformes comme Privateaser, Excuse My Party, etc… Aujourd’hui, Bonsoirbonsoir compte une centaine d’artistes dans son pool de performers qui continue de s’agrandir.
Enfin, Jeff compte lever des fonds d’ici septembre pour financer l’embauche d’un business developer, un chef de projet événementiel, un développeur, un directeur artistique et le développement de nouvelles fonctionnalités. De plus, une version 2 de la plateforme sort bientôt avec une cagnotte pour les partages de frais et des fonctionnalités spécialement développées pour les agences et les professionnels.
Pas de regret ?
À aucun moment Jeff ne regrette d’avoir choisi le chemin difficile. Même lorsqu’il faisait le livreur à vélo chez Stuart pour financer son développement. Sa mission lui remplit l’âme et remplace très bien le salaire confortable d'antan. Il n’a aucun mal à se lever le matin et se sent capable de tout endurer avec joie pour faire rayonner ces artistes : “ Chez Stuart, il m’arrivait régulièrement de me retrouver en short-Kaway à livrer des bâtiments magnifiques dans lesquels j’étais en costume-cravate il y a 2 ans ! Et j’étais chaque foi heureux d’avoir choisi cette vie “, conclut-il.
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