On ne présente plus Sam Altman : président du Y Combinator, le prestigieux accélerateur Californien, co-fondateur de OpenAI, un organisme de recherche sur l’intelligence artificielle, il incarne l’esprit Silicon Valley. Et ses contradictions.
De passage en Europe, il fût l’invité de prestige d’eFounders le temps d’une soirée. Lui qui a l’habitude des grandes audiences a pu se montrer au naturel dans l’ambiance intimiste du startup studio parisien. Et confier son avis sur tous les sujets qui agitent la Valley en ce moment. De l’intelligence artificielle au revenu universel en passant par l’effet pervers des algorithmes sur notre consommation de l’information – tour d’horizon de l’horizon que dessine les entrepreneurs de la Silicon Valley.
L’AI : le prochain filon
Sam Altman en est convaincu, l’intelligence artificielle va transformer le monde – c’est bien pour cela qu’il a créé OpenAI avec Elon Musk. Il va plus loin et prédit que de la même façon qu’avec l’explosion d’internet en 1997-98 ou la démocratisation du mobile en 2007-08, le « machine learning » ouvrira dans les prochaines années une énorme vague d’innovation et de création d’entreprises. Un futur proche qui devrait être particulièrement intéressant pour les fondateurs de startups, les investisseurs et l’écosystème dans son ensemble.
Un futur qui pose toutefois quelques questions, ce que ne manque pas de relever le public présent : l’intelligence artificielle ne risque-t-elle pas d’accroître le gouffre qui sépare les ultra-riches des 99% restants de la population ? Pour Sam, pas d’inquiétude. La technologie a déjà démontré sa capacité à égaliser les opportunités de manière rapide et efficace. Là où il y a danger, selon Altman, c’est si l’intelligence artificielle revenait à un seul acteur. Une possibilité à laquelle il ne croit pas une seconde. Et, il profite pour le rappeler, OpenAI est un organisme de recherche qui a vocation à communiquer et démocratiser – sinon son code – au moins les bénéfices de son usage.
Le revenu universel, à la sauce SF
Autre sujet abordé dans ce talk aux allures de think tank : le revenu universel. Sujet phare de la campagne présidentielle, Sam rappelle que l’idée s’est déjà frayé un chemin dans le discours politique américain où elle fait bien plus l’unanimité. Une idée dont l’avant-garde se trouve dans l’environnement tech de San Francisco, un microcosme qui jouit d’une place de premier plan pour comprendre les questions qui se posent déjà avec l’automation de certaines tâches répétitives par L’IA.
«L’échelle des changements que va provoquer l’IA va bien plus loin que la technologie», confie Sam. Elle aura un impact grandissant sur la société et sa manière d’organiser le travail. L’aspect financier de la question ne le perturbe pas, Sam annonce que si on a l’ambition d’instaurer le revenu universel, on en aura les moyens. La vraie question se situe plus, selon lui, sur le plan psychologique.
S’il est confiant que l’IA peut résoudre des problèmes et assurer les besoins en production, Altman ne croît pas que celle-ci puisse transformer la nature humaine. Conscient du fait que le travail génère de la reconnaissance, de l’appartenance, et l’opportunité pour certains de se mettre en compétition, il faudra demain inventer des solutions pour combler le vide laissé par celui-ci. Un projet qui fait écho à l’ambition du startup studio eFounders : construire le travail de demain.
Fake news, vrais « likes »
Autre sujet brulant depuis l’election outre-Atlantique : les fameuses « fake news » et « filter bubble » qui ont alimenté la montée au pouvoir de Donald Trump. Pour Sam, la diffusion d’actualités non-vérifiées sur les réseaux sociaux est simple à résoudre d’un point de vue technique. Le challenge se situe plus dans la manière de consommer l’actualité.
L’effet pervers d’algorithmes qui, tournés vers la maximisation de l’engagement, proposent des contenus sur la base de nos préférences et renforcent les divisions dans la société est simple à comprendre. L’issue, quant à elle, est plus dure à trouver. Car comme il le résume lui-même : « ce que les gens veulent et ce qui les maintient engagés est très différent de ce qui nous aide en tant que corps social. » Et de finir sur sa phrase fétiche : « on doit bosser là-dessus. »
L’énergie (et l’ambition) débordante de la Silicon Valley
Cette phrase – cet élan qu’il partage avec tout l’écosystème californien – Sam en est le parfait représentant. Transhumaniste avoué, businessman avéré, tech-geek revendiqué, Sam joue des clichés de la Valley. « C’est un environnement particulier, où plus une idée est folle plus elle a de chances de réussir. »
Il ne nie pas l’importance des fonds d’investissement, présents en masse dans la Bay. Mais insiste sur la culture qui soutient les innovateurs : si le défaut principal reste l’arrogance affichée par l’écosystème, il permet aussi de réaliser des idées à couper le souffle. Un état d’esprit qui avait déjà mener Hivy et Front – deux projets issus d’eFounders – dans les rangs du Y Combinator. Et dont Altman dit déjà qu’il espère qu’ils seront suivis par de nombreux autres…