Combien de personnalités issues de la sphère "civile" ont pris part à l’action gouvernementale au cours des dernières décennies ?
Alors qu’investir des chefs d’entreprise, des universitaires ou des avocats est depuis longtemps chose commune dans bien des pays occidentaux, l’Hexagone se distingue lui par une indéniable frilosité dès lors qu’il s’agît d’ouvrir les portes de ses ministères à des profils autres que les professionnels de la res publica ! Vous avez-dit entre-soi ?
Quelques rares noms surnagent encore dans notre mémoire collective, de Thierry Breton à Francis Mer, anciens patrons du CAC40 ayant brièvement occupé le fameux 5e étage de Bercy, sans oublier le médecin Bernard Kouchner, l’avocate Christine Lagarde, le philosophe Luc Ferry ou la spationaute Claudie Haigneré.
L’auteur de ces lignes n’entend nullement opposer de manière stérile ou manichéenne d’un côté les élus de la nation, encartés ou militants de longue date au sein des partis politiques instituées, et de l’autre les représentants de la société civile et du monde de l'entreprise.
À l’heure où l’emploi et l’activité en France peinent encore à profiter des formidables opportunités liées à la révolution numérique, l’évidence impose de reconnaître au contraire l'apport que les uns et les autres pourraient avoir en travaillant ensemble à la conduite des grandes politiques publiques en matière de santé, de justice et surtout d’économie.
Dans ce dernier domaine, nul ne peut sérieusement nier que les entreprises, principales créatrices de richesse, ont avant tout besoin de simplification administrative et fiscale, corrélée à davantage de flexibilité et de liberté dans la gestion de leurs ressources humaines.
Qui mieux qu’un entrepreneur, ayant lui-même connu les joies, hésitations et difficultés inhérentes à la gestion d’une société, serait donc à même de comprendre et appliquer les mesures nécessaire à un retour durable de la croissance ?
Nos concitoyens appellent d’ailleurs de leurs vœux une telle collaboration d’un nouveau genre, comme le montre un récent sondage (IFOP - novembre 2016). 75% d’entre eux se montrent ainsi favorables à un rôle plus important des entrepreneurs en politique, une catégorie qui inspire également confiance à plus de deux tiers des Français !
Il ne s’agit pas de dresser ici un portrait robot du nouveau ministre-entrepreneur que le prochain président de la République devra ainsi s’engager à nommer dès le mois de mai prochain, à la suite de son accession à la magistrature suprême.
Sans doute celui-ci devrait-il néanmoins susciter la confiance de ses pairs, de par ses engagements syndicaux ou associatifs en faveur de toutes les entreprises, en particulier les plus petites d’entres-elles qui emploient, rappelons-le, 49% des salariés de France et pèsent pour près de 44% de la valeur ajoutée nationale.
Porté à la tête de Bercy et de sa gigantesque machine bureaucratique, il devra s’astreindre à respecter quelques objectifs chiffrés, tels qu’augmenter significativement le nombre d’entreprises de plus de 50 salariés, accroître d’au moins 50% le nombre d’ETI en France ou encore faire naître autant de « licornes » que possible.
Un ministère de l’économie dirigé par un entrepreneur aurait également la capacité de se faire caisse de résonance des mutations spectaculaires du monde du travail, marqué par le développement du travail indépendant et des nouvelles formes d’emploi qui concernent d’ores et déjà 13 millions de français (enquête McKinsey – Novembre 2016).
L’ouverture du monde politique à des figures de la société civile est une évolution démocratique aussi essentielle qu’inéluctable. Il revient désormais au futur gagnant du suffrage universel de faire sienne cette évolution et nommer ainsi un entrepreneur à Bercy !