Depuis 2012 et la création du Secrétariat général de la modernisation de l'action publique (SGMPAP), le gouvernement investit dans la simplification et la numérisation de ses services. La Semaine de l'innovation publique qui a débuté ce 14 novembre offre un panorama des différentes initiatives et se conclut, pour l'événement parisien, à la Gaîté Lyrique du 17 au 19 par la Fabrique de l'innovation publique.

« Il faut faire savoir que dans l’ensemble des fonctions publiques, des agents ont une capacité et une action d’innovation, portent des projets et ont des idées au service des citoyens et des usagers », explique Laure de la Bretèche, Secrétaire générale de la modernisation de l’action publique (SGMAP) qui pilote l’événement la Semaine de l'innovation publique, qui a débuté le 14 novembre. Cet événement, qui se déroule dans toute la France est une démonstration de l'administration française au public de ses dernières innovations.

Favoriser l’innovation, simplifier les démarches administratives grâce au numérique ou encore utiliser les datasciences étaient par exemple au menu des conférences et des ateliers qui se sont déroulés ce jeudi. à Paris. Demain, le show sera assuré vendredi par la désignation des lauréats du Nudge Challenge et des Laboratoires d’innovation publique, qui auront « pitché » leur projet en 180 secondes.

Innover rapidement et briser les silos

Tout au long de cette semaine, l'esprit « startup » a régné, notamment avec un hackathon et des barcamps, censés encourager l’échange entre les participants et permettre l’émergence de problématiques et de solutions communes. « Il y a à la fois de l’explication au grand public ou aux agents mais c’est aussi un moment où ceux qui innovent peuvent avoir des questionnements et trouver des gens avec qui les partager », ajoute Laure de la Bretèche. L’enjeu est d’innover rapidement et à moindre coût, en minimisant les freins hiérarchiques et en brisant les cloisons qui existent entre les services, là où l’administration mettait habituellement des années à développer et déployer une solution spécifique à un service et qui était in fine dépassée. Mais la semaine n’est qu’un instantané. Le travail initié sur la thématique de l’innovation se traduit par une série de dispositifs dont le but est d’être pérennes. 

 " On sait faire des hackathons, on sait en tirer des usages, des corrélations dans l’usage des données, mais se pose la question de l’après. Il faut qu’on puisse tirer rapidement un bilan de ces 24 ou 48 heures d’ébullition et savoir ce qui peut aboutir ou non "

Laure de la Bretèche

Une logique appliquée aux Laboratoires d’innovation publique, rattachés au Programme d’investissements d’avenir. Les lauréats se verront accorder les moyens de mettre en place une structure au sein de leur administration afin de rassembler des agents, mais aussi des usagers, des universitaires ou des entreprises. Ils doivent imaginer et tester de nouvelles pratiques tout en mettant en place un reporting efficace.

La démarche rappelle les startups d’État. La première d’entre elles n’est autre que data.gouv.fr, le portail gouvernemental d’Open Data piloté par Etalab depuis 2011. Leurs fonctionnalités restent limitées au numérique : une administration signale un besoin ou une problématique ; une équipe de développeurs de la fonction publique se met en place et intègre l’Incubateur de services numériques du SGMAP. Une fois la solution open source développée, testée et jugée satisfaisante, elle est implémentée au sein de l’administration en question.

L'innovation publique aux mains des entrepreneurs privés

Aujourd’hui 25 « startups » sont accompagnées. La plupart sont en cours « de consolidation », c’est-à-dire que l’équipe derrière la startup travaille toujours à l’amélioration du service. On peut citer par exemple deux outils à destination de Pôle emploi : « sur un territoire donné, vous pouvez, grâce aux fiches de postes ou aux annonces diffusées, faire ressortir une dynamique spécifique, un secteur en demande ou une préférence pour certains types de compétences », détaille Laure de la Bretèche au sujet de La Bonne Boîte, une solution qui analyse les signaux faibles émis par les entreprises pour orienter les candidatures spontanées. « On reproduit le même principe avec La Bonne Formation, afin d’orienter vers celles qui collent le mieux avec le besoin des entreprises locales. » 

Sujet phare du quinquennat, l’emploi est au cœur de l’effort de modernisation. En témoigne bob-emploi.fr, site particulièrement médiatisé lors de son lancement ce 16 novembre. Il doit générer pour chaque utilisateur un parcours de recherche d’emploi personnalisé, en fonction des données des profils similaires qui ont récemment trouvé un job. Bob a décroché un budget de 800 000 euros, en partie issus de financements publics. Porté par le jeune entrepreneur Paul Duan, il ouvre une nouvelle voie : inviter des entrepreneurs privés dans l’innovation publique. C'est d'ailleurs le but du dispositif Entrepreneur d’intérêt général, dévoilé par François Hollande cet été, à l’occasion de la dernière édition de Futur en Seine. Ouvertes jusqu’au 21 novembre, les candidatures doivent répondre à une dizaine de besoins exprimés par des administrations comme la mise en valeur des données pour la Bibliothèque Nationale de France ou un bot pour interroger celles de la Cour des Comptes.

« La Semaine montre les capacités d’innovation des intrapreneurs de la fonction publique mais il faut gagner en efficacité et faire appel aux ressources extérieures. On a déjà une quarantaine de candidatures », se réjouit Laure de la Bretèche, qui insiste également sur le travail de simplification entrepris à destination du privé, à l’image du Marché public simplifié, qui permet de candidater à l’obtention d’un marché public avec son seul numéro SIRET.

L'innovation publique s'adresse enfin également aux principaux concernés, les citoyens, avec les thématiques de la cartographie et de l'urbanisme ou du renouveau démocratique par le numérique. Ces questions seront abordées le 19 novembre en clôture de La Fabrique de l'innovation publique.