Pour Maddyness, Romain Dehaussy, directeur du cabinet Chausson Finance, a élaboré une série d’articles pour que la levée de fonds et ses mécanismes n’aient plus aucun secret pour nos lecteurs. Cette semaine, c'est auprès d'Antoine Le Conte, fondateur de Polabox, qui deviendra Cheerz, service d’impression de photos pour smartphones et auprès de Laurent Dumas-Crouzillac, partner chez Caphorn Invest, qu'il est allé recueillir quelques conseils.
1. Pour instaurer une relation de confiance, un VC attend plusieurs qualités d’un entrepreneur :
« Bad news before good news » : il est important que l’entrepreneur fasse preuve de transparence en communiquant les mauvaises avant les bonnes nouvelles
L’entrepreneur doit être capable de se remettre en question et d’écouter son entourage, le marché et son board
2. Les 100 premiers jours post-levée posent les bases de la relation entrepreneur - VC pour les années suivantes
Le premier meeting post-levée est parfois qualifié de « Oh shit meeting ». Le VC peut alors découvrir des éléments qui n’étaient pas visibles lors de l’analyse effectuée lors de la levée Il est important que le VC et l’entrepreneur se fixent des objectifs de croissance et structuration à 3 mois - 6 mois – 1 an.
Enfin, c’est à ce moment que se mettent en place les modes de communication VC – entrepreneur : la fréquence des échanges et du reporting, ainsi que le contenu de celui-ci (les metrics et nouvelles importants à communiquer)
3. Attention à ne pas se précipiter dans ses investissements
Le danger qui guette tout entrepreneur post-levée : investir trop rapidement. Attention à ne pas se précipiter en déployant trop rapidement l’argent frais (zones géographiques ou recrutements hâtifs et donc potentiellement mauvais…). Il est recommandé de préparer une montée en cadence progressive
4. « Une courbe de cash au-dessus de sa courbe d’égo »
Il ne faut pas croire que la bataille a été gagnée lors de la levée de fonds. Au contraire ! Ce n’est que le début.
La fuite en avant (je suis en retard donc j’investi plus) est rarement la bonne solution
5. La constitution du board est cruciale pour les entrepreneurs
Il est souvent souhaitable que le board reflète les poids respectifs de la table de capitalisation.
Un board efficace regroupe des acteurs expérimentés et bienveillants qui savent travailler ensemble, et écarte les personnes néfastes pour la société.
Enfin, un bon board comprend un nombre restreint de personnes, limitée aux personnes qui peuvent ajouter de la valeur sur les prochaines étapes de développement.
6. L’entrepreneur doit gérer son board
C’est à l’entrepreneur de fixer les règles, de tenir le cap. Il doit montrer qu’il est le capitaine à bord.
L’entrepreneur doit utiliser son board pour prendre des décisions stratégiques. Il peut proposer plusieurs options à discuter en board afin de l’aider à sa prise de décision.
Le board n’est pas là pour décider à la place des dirigeants.
7. Les périodes entre deux boards nécessitent également un travail de la part de l’entrepreneur
Il faut tenir régulièrement informés les membres du board des principales news business, qu’elles soient bonnes ou mauvaises, au-delà du reporting régulier fixé post-levée.
Il est également recommandé de sentir le pouls des membres du board lors d’échanges one-to-one réguliers.
8. Bien préparer son board en amont permet au dirigeant d’en tirer plus de valeur
Charge à l’entrepreneur de préparer son board en amont. Le reporting chiffré ainsi que les slides présentés au board doivent être envoyés quelques jours avant. Le board est le moment de discuter de la stratégie et de prendre des décisions.
9. Charge à l’entrepreneur de tirer toutes les ficelles opérationnelles proposées par le VC
Le VC représente une réelle aide à la structuration et au développement de l’entreprise, notamment dans la mise en place de la bonne gouvernance, le développement d’indicateurs opérationnels pertinents, …
Certains VC apportent une forte valeur ajoutée car ils ont développé des réseaux de contacts et proposent des mises en relation avec des prospects ou des partenaires business. Certains VCs ont développé une logique de plateforme avec des personnes dédiées dans leur équipe ou dans leur réseau pour aider les startups de leur portefeuille. Cela concerne des compétences aussi variées que les RH, PR ou encore DAF.
Enfin, un VC de renom au capital d’une startup sert de gage de qualité afin d’attirer d’autres VC ou d’autres sources de financement. Les startups peuvent ainsi obtenir de meilleures garanties pour leurs prêts par exemple.
10. Délivrer
La meilleure manière de développer une relation constructive avec son VC est bien évidemment de délivrer opérationnellement le plan de développement qui a été convenu ensemble