L'auto-entrepreneuriat, nouvelle voie royale pour les jeunes ? C'est ce que semblent démontrer les résultats de l'étude de l'Observatoire de l’Auto-Entrepreneuriat Opinion Way sur "Les Français, la création d’entreprise et le travail indépendant".
Selon l'INSEE, près d'une création d'entreprise sur deux en France est effectuée par un auto-entrepreneur. Parmi eux, 54% choisissent d'en faire leur activité principale. À l'occasion du 2ème Salon des Entrepreneurs Marseille Provence-Alpes-Côte d'Azur, Opinion Way s'est intéressé à ce phénomène et souligne que cette tendance au travail indépendant est très marquée au sein de la génération des 18-34 ans.
Les jeunes sont attirés par le travail indépendant
Si l'envie de créer son entreprise a subi un léger recul en France par rapport à janvier 2016, elle culmine encore aujourd'hui à 30%. Opinion Way note que les projets entrepreneuriaux des Français sont de plus en plus envisagés à court terme. Ainsi, ils sont 47% à envisager la concrétisation de tels projets d'ici moins de deux ans.
Ce qui transparait le plus de cette étude, c'est l'intérêt grandissant des jeunes générations pour l'entrepreneuriat. 62% des 18-24 ans aimeraient créer ou reprendre une entreprise. Chez les 25-34 ans, ils sont 46% à souhaiter se mettre à leur compte. Contrairement à leurs aînés, les jeunes sont bien moins frileux lorsqu'il s'agit d'envisager de prendre le statut d'auto-entrepreneur : 37% des moins de 35 ans déclarent ainsi qu'ils s'orienteraient vers l'auto-entreprise et le travail indépendant contre 26% du total des actifs français.
Et ces chiffres n'expriment pas seulement une intention. Ils traduisent une véritable réalité économique : l'INSEE notait ainsi que sur les créations de 2014, les moins de 30 ans représentaient 30% des auto-entrepreneurs immatriculés cette année-là.
" On assiste à une révolution du travail. La vision, les attentes et les projets des jeunes en matière d’évolution professionnelle n’ont rien en commun avec ceux des générations précédentes. La pluri-activité, l’aménagement des rythmes de travail, l’essor du collaboratif mais aussi une forme de rejet du salariat que le chômage a contribué à faire émerger... sont autant d’aiguillons de cette révolution. "
François Hurel, Président de l’Union des Auto-Entrepreneurs
L'auto-entreprise bénéficie d'un regard bienveillant des Français
En France, deux millions d'actifs sont déjà passés par le statut du statut d'auto-entrepreneur. Ce statut bénéficie d'une image positive : pour 86% des sondés, il s'agit d'un moyen d'échapper au chômage et d'exercer une activité. Ils sont 84% à considérer l'auto-entreprise comme une opportunité de tester un marché, voire un tremplin vers la création d'entreprise.
Les Français ont développé une véritable proximité avec les auto-entrepreneurs, notamment grâce à l'essor des plateformes collaboratives (livraison de nourriture, Amazon etc.) puisque 42% des Français ont déjà eu recours à un auto-entrepreneur de manière directe ou indirecte via une plateforme collaborative, un chiffre déjà important qui se monte à 46% en ce qui concerne les jeunes de 18 à 24 ans.
L'auto-entreprise, au coeur des débats
Si pour les citoyens français l'auto-entreprise est globalement vue de manière positive, elle n'en reste pas moins sujette à débat. Quels secteurs peut-on ouvrir aux auto-entrepreneurs ? Quid des plateformes, comme Uber, qui font appel à ces personnes ? 85% des personnes interrogées estiment que le secteur de l'artisanat devrait s'ouvrir au travail indépendant. Ce chiffre grimpe à 90% chez la génération des 18-24 ans. D'autres secteurs sont également cités : à 83%, les Français seraient favorables à une ouverture des secteurs du tourisme et des activités sportives et de nature (animateurs, accompagnateurs, coach sportif etc.).
Quant à l'épineuse question des plateformes recourant à des travailleurs indépendants, la majorité des Français estime que l'on ne traite pas le vrai problème en attaquant en justice ces plateformes sur le motif de salariat déguisé. 12% des Français et 18% des moins de 35 ans condamnent ces actions en justice, arguant que ces nouvelles entreprises permettent à de nombreux actifs de créer de l'activité. Pour 55% des sondés, la solution serait de procéder à une convergence de notre protection sociale pour permettre aux travailleurs indépendants d’être aussi bien protégés que des salariés. Mais d'autres améliorations devraient être apportées : 36% des individus pointent le manque de reconnaissance du statut qui engendre des difficultés d'accès au logement, d'obtention de crédit et 34% s'indignent de l'absence de couverture chômage.
Face à ces difficultés, 52% des Français déplorent l'incertitude sur le revenu et à 43% la lourdeur administrative comme les deux premiers freins à l'auto-entrepreunariat.
Des perspectives d'amélioration du statut d'auto-entrepreneur
Pour faire face à ces doléances, de nouveaux acteurs cherchent à mettre en place des solutions de protection sociale dédiées aux auto-entrepreneurs. La startup BeeBoss ouvre la voie. Cette plateforme d’économie collaborative multiservices (partenaire de la Fédération Nationale des Auto-Entrepreneurs et de l'Observatoire de l'Ubérisation) dessine un début de protection sociale et d’avantages, financés par l’entreprise à hauteur de 20% de son chiffre d’affaires.
La jeune pousse, dont la mission première est la mise en relation de grandes entreprises et d’auto-entrepreneurs, propose à ces derniers différents services pour palier le manque de reconnaissance de leur statut : accès facilité au logement avec une caution bancaire, maintien de revenu en cas de maladie ou d’accident… La démarche de BeeBoss est inédite. Elle a pour ambition de proposer une colonne vertébrale à l'économie collaborative, en proposant à ceux qui recherche un complément de salaires de nombreuses missions associant flexibilité et sécurité (comme la mutuelle par exemple). Pour les entreprises, il s’agit de mettre à disposition un vivier de talents avec des compétences contrôlées sans les contraintes liées la gestion et la facturation.
En septembre, Beeboss a lancé une campagne dans le but de recruter d'ici la fin de l'année 120 000 talents.