Les semaines se suivent et se ressemblent, probablement un peu trop. Après Save ou encore Take eat Easy, c’est la startup française ChicTypes qui annonce sa mise en redressement judiciaire. Seule porte de sortie : un rachat.
Spécialisé dans le « curated shopping » à distance, ChicTypes avait tout pour réussir : une proposition de valeur qui séduit, aussi bien les clients (20 000 à ce jour) que les fournisseurs (une centaine) et un marché sur lequel des concurrents ont déjà essuyé les plâtres avec succès.
Pourtant, depuis six mois déjà la jeune pousse est à la recherche d’un repreneur. Après une première levée de fonds d’1,4 million d’euros, ChicTypes voit les investisseurs lui renouveler leur confiance en septembre 2015 avec un second tour de 4 millions d’euros. Seulement, cette levée est tranchée. Si ChicTypes reçoit bel et bien une partie de la somme, la seconde part est soumise à objectifs. Problème, la startup ne grossit pas assez vite. « Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’une activité comme ChicTypes implique la maîtrise d’une chaîne de valeurs extrêmement complexe : marketing, IT, logistique, stylisme, achats etc. les coûts fixes sont très importants », nous confie Etienne Morin, cofondateur de ChicTypes aux côtés d'Antoine Régis. Pour être pérenne, ChicTypes doit rapidement atteindre une masse critique. « Cette masse critique c’est deux ou trois fois notre taille actuelle », note avec amertume le cofondateur.
D'un objectif de 50 millions d'euros de CA à la revente
Alors que la jeune pousse communique en 2015 sur un ambitieux objectif de 50 millions d’euros de chiffre d’affaires à horizon 2018, ses dirigeants doivent rapidement se rendre à l’évidence : alors que d’autres acteurs européens représentent 6 à 10 fois la taille de ChicTypes - et que l'Allemand Modomoto a racheté le Néerlandais The Cloakroom pour créer le "Curated shopping group"-, leur startup ne grossit pas assez vite et la marge contributive n’est pas assez importante. « Quand on envoie une malle il faut évidemment que l’on amortisse nos coûts. Il a fallu travailler sur l’efficacité de nos stylistes, grâce à la technologie, mais aussi sur le repeat business », outre l’acquisition, la jeune pousse doit également travailler son CRM, or, comme Etienne Morin le regrette, ChicTypes, « dans la course à la masse critique, n’a pas eu le choix entre croissance et valeur. »
Seule solution pour éviter de se soucier de ce problème de masse critique : s’adosser à un acteur industriel. Accompagnés par une banque d’affaires, les fondateurs de ChicTypes ont rencontré bon nombre de potentiels repreneurs au cours de ces six derniers mois. « Il restait un acteur en lice, qui fait la même chose que nous en Allemagne. Les échanges étaient bien avancés mais il ne nous a pas fait de proposition dans le temps imparti », explique Etienne Morin. Aujourd’hui, la jeune pousse, qui compte 50 collaborateurs, poursuit son activité et continue à se battre dans l’espoir d’une cession judiciaire. « Nous sommes encore en activité, nous continuons à servir nos clients de la même manière mais notre objectif est aujourd’hui de trouver un repreneur, pour qu’un maximum de personnes de l’équipe continue à travailler. Un redressement judiciaire, ce n’est pas la fin. »
Les industriels intéressés ont jusqu’au 16 septembre à midi pour déposer leur dossier de reprise. Si Etienne Morin est évidemment touché par l'issue de ces 4 années de travail, il reste toutefois confiant « peut-être que nous sommes arrivés trop tôt, peut-être que les choses n’étaient pas suffisamment optimisées, mais nous croyons à ce que l’on fait, et nos clients aussi. »