Israël, territoire de 8,5 millions d’habitants, est souvent propice à la controverse facile et aux déclarations péremptoires. Mais ce petit État est aussi le terreau fertile d'innovations qui irriguent le monde entier.
Conflit historique avec la Palestine, terrorisme, processus de paix, colonisation, etc : la discussion se retrouvera invariablement orientée vers le débat géopolitique, la controverse religieuse, voir parfois le « procès » moral ou éthique, en fonction des interlocuteurs et de leurs convictions profondes. Il existe pourtant une toute autre réalité propre à l’État d’Israël, mal connue car insuffisamment médiatisée, celle d’une économie à la fois florissante et novatrice, à la pointe des tendances qui ne manqueront pas d’émerger et de se propager ensuite dans le reste du monde.
Commençons d’abord par plusieurs indicateurs macroéconomiques qui feraient au choix rêver ou pâlir d’envie la plupart des pays occidentaux et européens, en premier lieu la France : une croissance de 2,8% en 2015, un taux de chômage durablement passé sous la barre des 5%, une balance commerciale fréquemment excédentaire, sans oublier une dette publique qui n’a cessé de diminuer sur les dernières années (64,8% en 2015 contre 73,5% en 2012). Ces quelques données offrent bien évidemment l’exemple édifiant d’une économie solide, aux bases salutaires. Elles ne suffiraient pour autant à faire d’Israël le modèle unique que l’auteur de ces lignes entend présenter ici, dans la lignée de l’ouvrage de référence « Israël, la nation startup » (Éditions Maxima 2014 Laurent du Mesnil), co-écrit par Saul Singer et Dan Senor.
Silicon Wadi : un maillage de jeunes entreprises innovantes
Au-delà de son insolente bonne santé, le modèle israélien impressionne surtout grâce à son tissu de jeunes entreprises innovantes, surnommé la « Silicon Wadi », qui constitue le deuxième écosystème d’innovation au monde derrière la mythique Silicon Valley en Californie.
Fort du plus haut taux de startups par habitant et d’un nombre élevé de travailleurs indépendants, l’État d’Israël pratique depuis des décennies une politique volontariste d’investissement, consacrant plus de 5% de ses dépenses publiques à la Recherche & Développement (R&D), contre 2% en moyenne en France et 1,9% dans le reste de l’Europe.
À l’inverse de nombreux pays qui, à l’instar du nôtre, manifestent un certain attentisme face à la révolution numérique et digitale, Israël a choisi de l’embrasser pleinement en se spécialisant dans les High-Tech, donnant naissance à une multitude d’innovations qu’il serait vain de résumer ici. Rappelons-nous seulement que la clé USB, développée par Dov Moran, est dans une large mesure une invention israélienne et que le Nasdaq, principal indice des valeurs technologiques, répertorie plus d’entreprises originaires de Tel Aviv et ses environs que de l’Union européenne.
Une culture entrepreneuriale forte
Les secrets de la « startup nation » sont aussi à chercher dans une culture entrepreneuriale très forte, marquée par une véritable appétence pour l’audace et le « chutzpah » (culot) et dans cette volonté d’être une terre d’accueil pour les jeunes créateurs étrangers qui choisissent souvent la voie de l’expatriation afin de mener à bien leurs projets dans les meilleures conditions possibles.
Enfin, un développement adéquat du capital-risque alimente la croissance et permet aux startups de se financer, avec 2 milliards de dollars levés en 2012 pour 575 sociétés innovantes. C’est précisément ce dont notre pays manque cruellement, nonobstant les initiatives et déclarations récentes d’Emmanuel Macron afin d’encourager l’émergence d’un « Venture Capitalism » à la française et favoriser l’investissement dans les jeunes sociétés.
Il y a une semaine, avec d’autres chefs d’entreprises, j’ai accompagné Manuel Valls pour un déplacement en Israël, ponctué par plusieurs visites de centres de recherche et d’entreprises françaises implantées sur place. Souhaitons que cette récente visite puisse ainsi inspirer le Premier ministre dans ses choix de politique économique, à l’heure où la France a plus que jamais besoin d’un nouveau modèle et d’un changement drastique de paradigme pour retrouver les voies pérennes de la croissance et de la prospérité.