Créé en 2013, Lyra développe un ensemble de solutions numériques complémentaires dédiée à la conception de prothèses dentaires. Michaël Ohana, directeur général de la startup, a répondu aux questions de la rédaction.

Quel est votre constat de départ ?

Avec les évolutions du marché et le passage pour de nombreux secteurs à la révolution 3.0 celle dite de « l’internet des objets », Armand Stemmer, chirurgien-dentiste de formation, a étudié le marché dentaire :

  • La France était en perte de vitesse dans la compétition numérique dentaire au niveau mondial, avec l’émergence de la CFAO (Conception et fabrication assistée par ordinateur) dans les cabinets, la maturité des caméras et l’absence de technologie propre à la France.
  • Mais aussi un marché de la prothèse dentaire en souffrance avec pas ou peu d’investissement dans les petits cabinets, seulement 2.5% des dentistes équipés de la CFAO et une concurrence importante des grands importateurs.

Cette situation tient à une réelle difficulté d’intégration des technologies numériques dans le cabinet. Celles-ci requièrent un effort de formation important pour un résultat qui n’est pas toujours au rendez-vous lorsque le praticien n’est pas accompagné. Au-delà de l’accompagnement, le chirurgien-dentiste est confronté à la difficulté de rendre fonctionnel un flux digital faisant appel à plusieurs équipements qui ne sont pas toujours prévus pour travailler ensemble et qui sont proposés par des fournisseurs différents.

Quelle est votre solution ? 

L’offre initiale de Lyra permet aux chirurgiens-dentistes de faire l’expérience de la chaîne numérique avec leur laboratoire, et de définir les objectifs poursuivis à travers leur transition numérique.

Les offres e-volutiv et L&D permettent ensuite de déployer de façon simultanée dans le cabinet et dans le laboratoire les équipements nécessaires au flux digital souhaité par le binôme en fonction des applications cliniques qui l’intéressent. Ce déploiement peut être progressif car Lyra prend en charge les étapes complexes si nécessaire. Le praticien peut ainsi proposer une offre de soins bénéficiant des apports des technologies numériques sans maîtriser d’emblée la totalité du protocole et de sa mise en œuvre. Il peut faire l’acquisition des équipements au fur et à mesure de son expérience, et bénéficie d’une assistance clinique et technique permanente

Par ailleurs, LYRA est en constante recherche d’innovation  pour mettre les solutions numériques au service de la simplification des protocoles. Elle vient de breveter le dispositif iphysio dédié à la prothèse unitaire sur implant et limitant le nombre de pièces et de manipulations.

Quel est votre business model ?

Le business model de LYRA repose sur la transformation d’une solution industrielle en véritable offre de service. Pour ce faire, trois axes :

  • Intégration de toutes les technologies numériques dans le cabinet dentaire par la mise à disposition d’une chaine numérique complète LYRA.
  • Création d’une nouvelle méthode de travail entre dentiste et prothésiste en modifiant considérablement leur rôle au sein de la chaîne de restauration dentaire. L’idée est de parvenir à créer un véritable binôme complémentaire en interaction permanente en les accompagnant au travers de la révolution numérique par des formations continues sur la CFAO.
  • Pas d’investissement. Le matériel est mis à disposition moyennant un forfait prothétique all inclusive (produits et services).
  • Conquête du marché international (très en avance sur le numérique) avec l’Europe (Suisse, Italie, Portugal, Allemagne, Autriche), le Moyen-Orient (Dubaï) et les Etats-Unis (obtention de la certification FDA)

Pouvez-vous nous raconter votre plus belle anecdote de startuper ?

Il s’agit d’un laboratoire de prothèses dentaires qui ne souhaitait pas nous rencontrer, pensant que notre solution mettait sa profession en danger et qu’elle permettait aux dentistes de les désintermédier. Le propriétaire était très virulent et m’expliquait avoir milité pour que nous ne pussions pas être présent dans des manifestations de laboratoire.

La stratégie d’une startup étant difficilement « lisible » pour l’écosystème et étant donné qu’effectivement la communication pouvait être maladroite au démarrage, je décidais de prendre un avion le lendemain et de l’attendre à l’entrée de son laboratoire. Grande fût sa surprise de me voir. J’ai pu expliquer notre vocation et notre volonté d’accompagner les laboratoires dans leur transition numérique et le rôle que nous jouons dans la relation entre le dentiste et le prothésiste.

Apres ces deux heures d’échanges, d’explications et d’éclaircissements, nous nous sommes quitté soulagé et confiant de partager les mêmes objectifs. Aujourd’hui, nous sommes partenaires et ce laboratoire est un pionnier de la CFAO dentaire. C’est mon anecdote préférée car elle repositionne l’humain au centre de tout ce que nous faisons.

Quelle a été votre plus grosse galère ?

Pour l’obtention de la certification FDA américaine, LYRA a dû passer de nombreux tests parfois étonnants. En effet, pour vérifier la résistance de notre machine, l’équipe LYRA a dû jeter des boules de pétanque sur la machine. Le plus compliqué dans cette histoire a sans doute été de faire installer un boulodrome en plein cœur de la structure de certification.

Une actualité particulière à mettre en avant ?

La Technologie LYRA, qui permet la réalisation d’une prothèse dentaire numérique en 48 heures maximum et en seulement 4 étapes grâce à la CFAO. Pour ce faire, le dentiste va réaliser une empreinte optique de la bouche du patient grâce à la numérisation 3D.

Il va ensuite transférer ses clichés à son laboratoire équipé de logiciels de CFAO pour modéliser la dent c’est-à-dire effectuer sa restauration numérique. Les fichiers sont ensuite transmis par clé USB à la Machine LYRA MILL qui va usiner dans un bloc 100% céramique la dent selon le programme défini lors de l’étape précédente. La dernière étape constitue la finition et la pose définitive en bouche de la prothèse.

Le tout avec des lunettes connectées évitant les allers et retours de la bouche du patient à l’écran pour optimiser le geste.