Après plusieurs mois d'attente et un CES Innovation Award, le produit promis par la startup E.sensory va enfin sortir en juin prochain grâce à une levée de fonds de 450 000 euros réalisée auprès de Nestadio et d'investisseurs privés. Un nouveau tour de table pour ce fer de lance de la Sextech française que nous détaille Christel Le Coq, sa fondatrice :
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres sur E.sensory aujourd’hui ?
Aujourd’hui E.Sensory, ce sont 8 personnes réparties dans 3 villes (Brest, Rennes et Lyon), 18 mois de travail acharné, 1 CES Innovation Award, 23 pays de précommandes, 7 éditeurs partenaires, une trentaine d’auteurs édités et 1 produit, le Little Bird qui sortira (enfin !) fin juin ! C’est aussi une nouvelle levée de fonds de 250 000 euros complétée par un prêt du CMB de 125 000 euros et un prêt d’amorçage BPI de 75 000 euros.
Pourquoi avoir levé ces fonds ?
La fabrication de la première série de Little Bird (sextoy connecté) nécessite à elle seule 100 000 euros d’investissement. Ces fonds sont donc principalement dédiés à la mise en production du produit, aux dépenses marketing liées au lancement de l’offre et à l’internationalisation, l’idée étant de pouvoir proposer très rapidement des contenus en anglais, allemand, espagnol. Nestadio Capital, présent dès notre premier tour en « Love money » a confirmé sa confiance, les deux nouveaux entrants sont des investisseurs privés.
Est-ce plus compliqué de réaliser un tour de table dans le secteur du sexe ?
Oui ! Tout le monde connaît le potentiel mais il y a beaucoup de réticences, beaucoup de freins pour en parler et investir. C’est à l’image du sextoy. Le marché est estimé à 22 milliards de dollars, ce qui représente un volume important de produits distribués, pourtant, quand on en parle personne n’en achète ! Mais je pense que ça changera, les lignes bougent et le sujet des SexTech deviendra peut être même très tendance dans les mois qui viennent !
" Les lignes bougent et le sujet des SexTech deviendra peut être très tendance dans les mois qui viennent ! "
Quelle est votre ambition pour plus tard ?
B.Sensory est un premier service, un démonstrateur de ce que nous pouvons mettre en place grâce à notre plateforme. Notre ambition est de développer le concept de « lecture numérique sensorielle » sur d’autres lignes de business. Nous travaillons par exemple avec Amazon au niveau européen sur la thématique des contenus « audio-sensoriels » en lien avec des vêtements connectés. Nous avons aussi beaucoup d’idées dans le domaine du jeu et du cinéma.
Comment voyez-vous l’évolution de votre domaine ? Quels conseils donneriez-vous aux entrepreneurs qui veulent s’y lancer ?
Le secteur « érotique » est toujours celui qui adopte en premier les nouvelles technologies, qui trouve les premiers usages et business. Minitel, VHS, VOD… Le scénario reste le même à l’heure du mobile. Des applications comme Snapchat ou Whatsapp ont d’abord été utilisées par des couples pour l’échange de contenus coquins avant de se démocratiser. Et si on parle des nouveaux contenus, le premier producteur de films en France pour l’Occulus Rift n'est autre que Dorcel !
" Le secteur érotique est toujours celui qui adopte en premier les nouvelles technologies "
Bref, c’est un secteur qui sera toujours innovant et donc très excitant ! Le conseil que je pourrais donner - et que j’essaye de suivre ! - c’est de ne pas développer tout ce qui peut l’être mais bien ce qui correspond à des attentes. Dans le domaine des objets connectés il est vraiment temps de penser usages, services, accessibilité plutôt que technologies.