Pour Maddyness, Romain Dehaussy, directeur du cabinet Chausson Finance, a élaboré une série d’articles pour que la levée de fonds et ses mécanismes n’aient plus aucun secret pour nos lecteurs. Cette semaine, découvrez comment optimiser la période précédant le closing avec White Star Capital et Dayuse, spécialiste de la location de chambres d'hôtels en journée.
1. Préparez les audits en amont
Les audits effectués par les fonds d’investissement représentent un moment fastidieux pour tout entrepreneur. N’hésitez pas à mobiliser les personnes compétentes en interne ou chez vos conseils (juridiques et comptables) bien en amont afin que les documents sujets à audit soient prêts en temps voulu. Evitez de perdre du temps et le momentum sur ce sujet.
Pour David Szekely de White Star Capital, la meilleure chose à faire consiste à préparer une « online data room » (sur Box.com ou DropBox.com) dans laquelle vous mettez à disposition des investisseurs tous les documents importants relatifs à l’activité de votre société, classés par catégories ».
2. Choisissez un avocat spécialiste des levées de fonds…
Un avocat vous fera gagner un temps précieux et vous donnera une approche plus rationnelle de cette étape importante qui peut être parfois très émotionnelle pour un entrepreneur. Il vous évitera vraisemblablement de faire des erreurs qui pourraient vous coûter cher par la suite. « Prenez un avocat spécialisé sur le corporate dès la constitution de la société. Il vous conseillera sur des sujets critiques comme la relation entre co-fondateurs ou les problématiques de propriété intellectuelle » rajoute David Szekely.
3.… qui vous expliquera les marges de manœuvre possibles
Au même titre que le leveur de fonds, l’avocat aguerri vous apportera sa connaissance du marché. C’est à dire qu’il vous briefera sur ce qui est habituel pour des transactions similaires. Certains points sont négociables. D’autres non. On ne peut le savoir qu’à condition d’avoir déjà réalisé plusieurs levées de fonds venture. Le rôle des conseils s’avère clé sur ces sujets.
Dayuse a bouclé un tour A de 15m€ auprès de Idinvest Partners et de Partech fin 2015. Pour David Lebée, le CEO, «Nous avions peu d’expérience sur la façon de structurer un deal avec un investisseur institutionnel. Les échanges avec nos conseils nous ont permis de comprendre le sens réel des différentes clauses du pacte et d’être ainsi dans une position beaucoup plus confortable lors des négociations».
4. Evitez de crisper les investisseurs sur des points de négo secondaires
Ne perdez pas trop de temps et d’énergie dans la négociation des documents juridiques avec vos investisseurs institutionnels. Essayer de négocier chaque point vous fera perdre du temps et risquera d’agacer vos investisseurs. Mettez-vous d’accord avec eux sur les principaux points business, ceux qui peuvent réellement être impactants au niveau financier, et laissez ensuite votre avocats négocier les points juridiques. Pour David Szekely, « il est recommandé de négocier avec l’aide de conseils tiers. Cela vous donnera plus de marges de manœuvres dans le cadre des négociations ».
5. Mettez cartes sur table
Pour David Szekely « dans les premières étapes de votre levée de fonds, vous avez été en « pitch mode ». Une fois qu’un investisseur a décidé d’investir dans votre startup, sortez de votre rôle de vendeur pour avoir une relation plus franche avec ce dernier».
Tout investisseur qui finance votre société devient votre associé, et cela pour une période de 5 ans en moyenne. Cela signifie qu’il vaut mieux être sur la même longueur d’onde. Evitez les situations de non-dits ou de gêne ; jouez la carte de la transparence. Exposez de visu à l’investisseur vos éventuelles contraintes personnelles ou les éventuelles contraintes de la société pouvant avoir de l’influence sur le pacte et/ou sur les relations avec les investisseurs.
6. Tenez informés vos actionnaires de l’avancée des négos
Ne jamais sous-estimer le pouvoir de négociation des actionnaires en place. Tenez-les informés très régulièrement. D’une certaine manière, c’est également leur deal. Ils doivent donc y adhérer Les mauvaises surprises sont courantes et peuvent être très pénalisantes dans la finalisation du deal. « Dès le lancement du process, nous avons beaucoup communiqué avec nos investisseurs historiques afin de les intégrer à la vie de la société dans cette étape structurante, de les rassurer sur la défense de leurs intérêts et d’éviter toute situation bloquante », explique David Lebée.
7. Conserver quelques bonnes nouvelles dans votre manche
A l’instar de tout jeu de négo, ayez quelques bonnes nouvelles en réserve. A vous, donc, de bien gérer le flux de nouvelles en fonction de l’évolution des négos. « La signature d’un partenaire à l’échelle mondiale durant le process a eu son effet et a rassuré les investisseurs sur notre capacité à nous développer. D’autant plus que nous n’avions jamais évoqué les discussions en cours afin d’éviter d’éventuelles déconvenues », ajoute David Lebée.
Un process de levée de fonds est long et sur-promettre en amont risque de vous mettre dans une situation dans laquelle l’investisseur se posera des questions quant à votre capacité à délivrer. Mieux vaut distiller les bonnes nouvelles au fur et à mesure
8. Déployez la stratégie vendue aux VCs
N’attendez pas que l’argent soit encaissé avant de démarrer à déployez la stratégie que vous avez vendu aux VCs. Rencontrez de potentiels candidats pouvant rejoindre votre équipe, envoyez votre biz dev procéder à la mission d’exploration prévue sur le pays que vous convoitez l’année suivante. Cela vous permettra de gagner du temps et de montrer à l’investisseur que votre déploiement continue.
« Procéder à l’ouverture de notre bureau à New York, identifier des futurs profils et échanger sur les candidats pressentis à des postes clefs avec les fonds ont été autant d’éléments qui ont permis de rassurer les fonds sur l’après levée », observe David Lebée.
9. Structurez la société comme prévu
En prolongement du point précédent, et tout en les tenants informés, montrez aux fonds d’investissement vos actions de structuration, par exemple, vos prises de contact avec un DAF externalisé ou encore de board members indépendants vous permettant de franchir une étape.
10. Choisissez un bon resto et/ou un bar sympa
Last but not least, assurez-vous que le resto et/ou bar choisis présente un cadre sympathique et un bar fourni. La nuit peut s’avérer longue.