Dans le monde de l’entrepreneuriat, nombreuses sont les belles histoires : pourtant, il existe des aventures qui ne rencontrent pas le succès escompté. Rencontre avec Sarah Esteve, fondatrice de Dehorslespetits.
C’est en 2005 que Sarah Esteve lance un blog à destination des familles, avec pour ambition de partager des idées d'activité à faire avec ses enfants. Or, à la fin de l’année 2015, elle annonce sur les réseaux sociaux à la fois l'arrêt de son activité, puis quelques jours après, sa reprise par une autre société.
Genèse du projet
Alors animatrice socio-culturelle à la ville de Montpellier, et maman d'un petit garçon de 1 an, le blog de Sarah enregistre une croissance intéressante. Le marché des loisirs locaux pour enfants explose et les premiers revenus sont rapidement dégagés grâce à la publicité. 2 ans plus tard, elle monte la structure juridique (SAS) - avec l'idée de lever rapidement des fonds – et recrute une maman sur la partie commerciale.
« En 2012, nous intégrons le Business Innovation Center, l'incubateur de Montpellier Métropole où nous sommes accompagnées, prenons des locaux, embauchons 2 personnes et récupérons des aides pour nous développer » , raconte Sarah.
La communauté des parents de Dehorslespetits grandit (100.000 utilisateurs en 2013), mais le chiffre d'affaires ne suit pas. Le marché de la publicité locale est compliqué par la présence de multiples acteurs et des annonceurs locaux qui commencent à comprendre les enjeux du numérique. «On vend du display mais on essaye aussi le print. Nous devenons un Groupon-like, avec une carte de fidélité » , ajoute-t-elle.
2013, début de la chute
En 2013, son associée quitte la société pour d'autres projets et dès le début de l’année 2014, la trésorerie impose le départ de deux salariés pour permettre à la boîte de survivre. En parallèle, Vincent Mallard intègre le projet comme associé et commercial.
« A ce moment, je suis la formation Koudetat #1 de The Family, pour mieux m'armer pour générer une vraie croissance pour ma startup » et c’est à l’été 2014 que Oussama Ammar (The Family - Education for entrepreneurs) lui suggère alors de basculer du modèle “Annuaire” à un modèle newsletter comme “MyLittleParis”.
En quelques semaines, le nouveau modèle est alors testé et rencontre un beau succès auprès de la communauté (plus de 15.000 abonnés en quelques mois). Mais surtout, ce modèle mailing/social suscite l'intérêt d'annonceurs plus importants.
Pourtant, fin 2015, assommée par les remboursements d'emprunts faits sur les premières années et avec une visibilité de trésorerie très courte (privée de découvert et avec des règlements clients à rallonge), Sarah n'a d'autre choix que de demander la liquidation de sa société. L’annonce est faite en octobre 2015 sur les réseaux sociaux : c’est la fin de Dehorslespetits. S'en suivent des centaines de messages de parents et partenaires tristes : soutien et remerciements sont nombreux.
Les 3 enseignements tirés de cet échec entrepreneurial
« J'ai tiré énormément leçons de mes erreurs (entrepreneuriales), et je pense que ma première fût de créer une société pour être prête à lever des fonds. Cela génère des coûts importants mais surtout inutiles » , regrette Sarah.
Deuxième erreur, le fait de s’être précipitée sur l'endettement, à la fois de son entreprise mais aussi personnel via des cautions importantes. Enfin, la troisième erreur aurait été d’avoir insisté trop longtemps dans une seule direction, avec un modèle peu scalable.
« A titre personnel, je dirais ne pas avoir saisi la nécessité d'avoir eu un confort personnel suffisant » , évoque Sarah, qui admet ne pas avoir toujours été disponible pour ses proches et à passé beaucoup de temps à gérer ses finances personnelles. « Le temps passe vite et littéralement, étant passé il ne se rattrape pas. Si on passe beaucoup de temps à régler ses problèmes d'argent personnels, on est tout simplement nettement moins focus sur le projet. Et c'est une vraie pollution ».
Epilogue
Les droits de la marque Dehorslespetits ont depuis été repris au Tribunal par une autre société qui poursuit l'activité. Pour autant, cette troisième entreprise n'aura pas eu raison de Sarah qui a eu l'opportunité d'intégrer il y a quelques semaines à peine, un projet open-source toulousain dans la Big Data. « Je serai en charge de créer et d'animer une communauté, C’est tout ce qui m’éclate : communiquer avec les autres, online et dans la vraie vie ».
Mais en tant qu’ambassadrice montpelliéraine pour France Digitale, elle continuera aussi à faire le pont entre Montpellier et Paris. « C’est une association que j'affectionne beaucoup, portée avec brio par une team super-impliquée dans sa mission ». Cet échec semble déjà être derrière elle, avec de nouvelles casquettes bien assumées, comme celle de mentor auprès des étudiants de Montpellier Business School.