Spécialiste de la levée de fonds,  Chausson Finance organise régulièrement des rencontres autour de problématiques et/ou de personnalités. Après Olivier Heckmann, cofondateur de Multimania et Kewego, Pierre Tremolières et Paul Amsellem, c'est au tour d'Hugues Lisan, CFO part-time pour startups (ASC Consulting), accompagné d'un banquier spécialiste des startups d'apporter leurs conseils sur la gestion financière d'une entreprise. Article proposé par Romain Dehaussy, Directeur chez Chausson Finance.


Les conseils d'Hugues Lisan en matière de pilotage financier

1) Marc Zukerberg a nommé son DAF à la création de Facebook

  • Les missions d’un DAF doivent être couvertes, très tôt, dans la vie d’une startup. Que la société fasse appel à un DAF part-time ou à une personne en interne.
  • Si le pilotage financier n'est pas mis en place, très tôt, dans la vie d'une startup, il sera plus difficile de le faire plus tard.

2) Ne pas confondre expert-comptable et DAF

Un expert-comptable est le garant du respect des normes comptables et fiscales françaises, celles-ci datant des années 50’ et étant peu adaptées aux startups. Il n’a généralement pas l’expertise requise pour faire un reporting conçu pour les startups car la matière comptable n’est pas adaptée.

3)  Ne pas confondre business-plan et reporting financier

  • Le BP financier a deux principaux objectifs : expliquer le business-model d’une société dans les grandes lignes et servir de budget pour l'année à venir.
  • Le reporting donne, pour sa part, une vision analytique du passé et permet de repérer les écarts mensuels entre données réelles et données prévisionnelles.
  • Le pilotage financier doit être réalisé sous l'angle du P&L mais aussi du bilan et du cashflow afin d’avoir une situation complète.

4)  Le pilotage financier d’une société est similaire à celui d’une voiture

Chaque voiture possède un tableau de bord comportant les principales informations à connaitre : compteur de vitesse, jauge d’essence... Ces informations sont fiables et fournies en temps réel. Ce sont les mêmes principes qui prévalent pour une société : un pilotage axé sur les principales KPIs, fiables et obtenues le plus rapidement possible.

5) Le pilotage financier permet de repérer les erreurs très rapidement

  • Le pilotage financier permet à l’entrepreneur d’avoir une vision business de sa société. Cette vision permet d’identifier rapidement les actions à prendre pour optimiser la création de valeur de la société.
  • Les reporting doivent être produits mensuellement pour que l’entrepreneur puisse réagir rapidement et prendre les décisions qui s’imposent.

4 conseils pour mieux gérer sa relation avec son banquier

1) Choisir un banquier qui comprenne les startups tout en s’inscrivant dans la durée

Pour un dirigeant de startup, le piège est d’avoir un banquier dont le portefeuille clients est constitué par de très petites sociétés, voire d’artisans. Ce banquier aura une valeur ajoutée limitée puisqu’il n’aura jamais été confronté aux problématiques d’une société en forte croissance. Opter pour un centre d’affaires entreprises, spécialisé sur une clientèle de sociétés de taille significative, parait donc judicieux.

La compréhension des métiers et business-models des startups peut s’avérer difficile pour des banquiers non initiés aux spécificités du monde digital. Opter pour un banquier ayant une certaine expérience des startups parait, là aussi, pertinent.

2)  Le banquier est avant tout un commerçant

Confier les flux et souscrire à des services bancaires du type cartes de crédit ou assurances permet de forger une relation solide avec le banquier. Et donc de faciliter les négociations dans l’obtention d’un crédit.

3)  Le banquier base son analyse sur le passé

  • L’analyse d’une entreprise se fait essentiellement grâce aux performances passées. Pour des entreprises en pleine croissance, cela peut être pénalisant.
  • L’entrepreneur doit procéder, dans la mesure du possible, à ses levées de fonds en fin d’année plutôt qu’au début. Une levée de fonds en décembre aura des effets bénéfiques sur son scoring bancaire dès le mois suivant alors qu’une levée en mars ne se traduira positivement que 10 mois après.
  • L’entrepreneur devra produire des situations comptables intermédiaires et des reportings clairs afin que le banquier détienne des informations fiables et récentes.

4)  Le banquier analyse aussi des critères subjectifs

  • Le banquier prend en compte des éléments aussi subjectifs que la capacité de l’entrepreneur à lever des fonds et à se faire recommander par des personnes référentes.
  • Le banquier est également sensible à la communication de l’entrepreneur. Ce dernier gagnera des points s’il envoie fréquemment au banquier un mail récapitulant l’activité et s’il l’avertit des possibles difficultés bien amont.