Quand le numérique rencontre l'artisanat cela donne Tailor Corner, une marque de confection de vêtements sur-mesure qui affiche des prix similaires à ceux du prêt-à-porter. Et le succès est au rendez-vous, la marque se développe en franchise et entend ouvrir 50 boutiques d'ici 5 ans.


Comptez entre 70 et 200 euros pour une chemise et entre 300 et 800 euros pour un costume, de la version la plus sobre à la plus premium. Chez Tailor Corner, le prix du sur-mesure a été drastiquement tiré vers le bas grâce aux technologies imaginés par les deux cofondateurs Mehdi Cheddadi et Fabien Barrois, qui se sont connus sur les bancs d'une école d'ingénieurs. Attirés par le phénomène de personnalisation, ils décident de se tourner vers un métier qui coule plus ou moins dans les veines de leurs deux familles et s'orientent vers la mode masculine.

Ils se forment aux bases du métier de tailleur et passent des nuits entières à écrire chacune des lignes de code de ce qui deviendra en 2007 Pernac, une marque de costumes sur-mesure vendus 300 euros qu'il est possible de créer en ligne après avoir pris ses mensurations. Grâce aux nouvelles technologies, ils en sont persuadés, ils vont donner un autre visage au métier de tailleur.

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De Pernac à Tailor Corner

Une première boutique ouvre rue Mademoiselle en 2008 et la petite échoppe du 15ème arrondissement parisien attire rapidement les foules. La technologie y est reine et créé même la confusion. "Nous avons commençé avec des bornes de commande aux murs et il est arrivé que des clients entrent dans la boutique pour demander à acheter un ordinateur", se souvient Mehdi Cheddadi. A l'heure où l'on ne parle pas encore d'omnicanal, il y a en effet de quoi tromper le chaland. Le client lui, peut prendre ses mesures chez lui, puis finir son achat en boutique avant de recevoir sa confection spéciale à la maison.

Au fil des ans, le concept évolue et laisse place en 2010 à Tailor Corner, une marque plus compréhensible, inventée à l'origine pour le magasin installé dans le centre commercial de la Défense qui souffre lors de son lancement d'un manque de lisibilité, et donc de passage. Le concept est alors adapté à l'environnement : des prix ronds, une technologie de visualisation du produit fini, et Tailor Corner finit par trouver sa cible après quelques mois difficiles. Petit-à-petit Pernac laisse donc place à la marque Tailor Corner et au concept de magasin imaginé par Saguez & Partners.

L'artisanat devenu mass-market

« Les gens consomment du sur mesure de manière prêt à porter, on est le tailleur 2.0, on allie le monde physique et le monde web », affirme Mehdi Cheddadi.

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En boutique la technologie est partout mais n’est jamais gadget. Les bornes sont devenues des écrans intégrés à la massive table qui trône au milieu de la principale pièce où sont exposées les étoffes et les collections. Si les coupes créées par un styliste n’évoluent pas au fil des saisons, une collection « Trends » permet de choisir un tissu moins intemporel comme les carreaux et les couleurs vives ou encore le velours qui se décline de nombreuses couleurs. La technologie se retrouve à plusieurs niveaux, les écrans permettent d’accéder à son compte client et donc à ses informations, rien qu’en scannant sa carte de fidélité, mais ils permettent aussi d’avoir un aperçu très précis de ce à quoi ressemblera le produit fini grâce à un outil unique en son genre d’imagerie dynamique qui permet de générer en temps réel l’image du produit créé.

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Car chez Tailor Corner tout est personnalisable. On choisit sa coupe, cintrée, ajustée ou droite, son col, ses boutons, sa doublure, ses finitions, et bien sûr le tissu parmi plus de 4000 étoffes sourcées par les deux fondateurs. « Nous travaillons sur des matières nobles, chez nous pas de viscose ou de synthétique, nous respectons trop le métier de tailleur pour ça.» Chaque tissu présenté porte un code qu’il suffit de scanner, tout comme sa carte de fidélité pour que l’outil reconnaisse le tissu et offre un aperçu du rendu.

Les mesures se prennent à la maison, en suivant un tutoriel, ou en boutique avec un vendeur ou avec les écrans des cabines. Et une fois les mesures prises, plus besoin de recommencer puisque le client se voit attribuer une carte de fidélité qui répertorie ses tailles et ses achats. Une fois un achat effectué, il suffit d’un clic pour recommander un autre vêtement sur-mesure. Il faut compter en moyenne 4 semaines pour obtenir sa commande qui a été fabriquée dans des ateliers sélectionnés au Maghreb, en Europe de l’Est et en Chine.

Tailor Corner séduit : la startup dégage un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros et vient d’ouvrir son premier magasin en franchise. Objectif : ouvrir 50 points de vente d’ici 5 ans. La jeune pousse planche également sur de nouvelles technologies pour agrémenter encore un peu plus l’expérience d’achat. Miroir connecté, réalité augmentée…. mais chut tout est encore gardé sous clé.

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