Depuis le mois d'août, les catégories "jeune de 18 à 25 révolus" et "personne de moins de 30 ans non indemnisé ou reconnu handicapé" ne sont plus éligibles à l'Accre, ce dispositif qui permet une exonération partielle de charges sociales pendant un an et un accompagnement pendant les premières années d'activité. Une mise à jour du site service-public.fr le 16 novembre le précise, tandis que sur le site de l'URSSAF, il n'y a nulle trace de cette décision. Les Moineaux, ce mouvement de jeunes entrepreneurs qui souhaite promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes et les très jeunes s'insurgent contre ce "coup fatal porté à l'entrepreneuriat étudiant" dans un texte que nous publions.


Il y a près d’un an, le gouvernement se réjouissait de la création d’un statut étudiant-entrepreneur, destiné à promouvoir l’entrepreneuriat chez les jeunes. Mais c’est finalement un coup fatal que ce même gouvernement vient de porter à l’entrepreneuriat étudiant en supprimant le dispositif Accre (Aide à la Création ou Reprise d’Entreprise) qui permettait aux jeunes de 18 à 25 ans de bénéficier d’un allégement de charges lors de leur création d’entreprise. Les Moineaux, mouvement pour les jeunes entrepreneurs, ont le sentiment de s’être fait « pigeonner ».

A la rentrée 2014, Les Moineaux s’étaient félicités de l’avancée que représentait la mise en place d’un statut d’étudiant entrepreneur.

Plus d’un an après, force est de constater que ce statut n’était qu’un leurre. Alors que seules 3% des entreprises en France sont créées par des étudiants et que le taux de chômage chez les jeunes atteint près de 24%, le gouvernement vient de porter un coup fatal à l’entrepreneuriat. La loi MACRON a en effet supprimé les exonérations de charges qui permettaient aux étudiants de lancer leur entreprise avec peu de ressources.

Conséquences : les étudiants gérants d’entreprise vont devoir payer des cotisations pouvant aller jusqu'à 3 000 euros, sans même réaliser 1 euro de chiffre d'affaires. Et ceux qui étaient autoentrepreneurs pour financer leurs études devront désormais payer 22,9% de charges au lieu des 5,8% du temps de l’Accre ! Sachant que 72% des étudiants créent leur auto entreprise avec moins de 2 000 euros, le gouvernement est en train de tuer l’esprit d’initiative de la jeunesse française par cette mesure.

Ce n’est pas tout : les Moineaux ont constaté que les étudiants autoentrepreneurs ou gérants de SARL pouvaient se voir supprimer leurs allocations logement (APL) même s’ils n’avaient pas de revenus. Et les jeunes diplômés qui bénéficient du RSA n’ont quant à eux pas intérêt à devenir entrepreneur car ils pourraient perdre leurs indemnités ! Ce n’est donc pas étonnant que les étudiants soient ceux qui déclarent aujourd’hui avoir rencontrés le plus de difficultés au cours de leur création d’entreprise selon l'INSEE, alors même qu’ils sont 46% à vouloir créer ou reprendre une entreprise.

Les Moineaux ont été confrontés au désintérêt total du gouvernement sur cette problématique: absence d’interlocuteur pendant plusieurs mois suite au départ et au non remplacement immédiat de la Secrétaire d’Etat à l’enseignement supérieur Geneviève Fioraso ; report perpétuel des réunions avec le Ministère de tutelle de Najat Vallaud Belkacem ; enfin, promesse d’étendre le dispositif Accre pour les jeunes de 25 à 28 ans pour finalement le supprimer totalement pour tous les jeunes !

Il n’est donc pas étonnant que sur l’objectif de 20 000 créations ou reprises d’entreprises d’ici 2018 affiché par Geneviève Fioraso, seuls moins de 1 000 jeunes aient fait la demande du statut étudiant entrepreneur la première année.

Il est temps que ce gouvernement prenne au sérieux la jeunesse. Les étudiants peuvent trouver dans l’acte d’entreprendre une façon de s’épanouir et de se réaliser, de retrouver confiance en l’avenir et de participer à la croissance économique de la France. Le gouvernement doit désormais prendre la pleine mesure de ce défi et créer les conditions favorables pour faire éclore les futurs Zuckerberg à la française. A moins qu’il ne préfère voir fuir ses jeunes cerveaux à l’étranger.

Article écrit par Benjamin Suchar, porte-parole des Moineaux

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