La chute de Kodak, avec l’arrivée massive des nouvelles technologies, est encore aujourd’hui l’emblème d’une mutation radicale de l’innovation et plus largement de nos entreprises. Alors que l’on pensait l’empereur de la photographie enterré, celui-ci renaît de ses cendres avec une nouvelle entreprise, Kodak Alaris. Rencontre avec son Business Director France et Benelux, Pascale Philbert-Grondel.


S’adapter au changement technologique peut représenter un challenge particulièrement ardu pour des entreprises établies au point d’être enracinées. En effet, avec une stature installée de longue date, il est souvent difficile de rompre avec les vieux schémas qui ont jadis bâti son succès. L’histoire de Kodak montre que l’innovation seule ne suffit plus.

Lorsqu'apparaissent des technologies de rupture, certaines entreprises sont totalement prises au dépourvu. D'autres sentent le vent tourner et s'adaptent avec le temps. Et il y a celles qui, comme Kodak, ont vu venir et n'ont pas su réagir et surtout s’adapter aux nouveaux usages. La faillite de cette légende de la photographie est emblématique et a marqué les esprits. Enterrée par la plupart des analystes et des médias, la marque n’a pas disparu, elle bénéficie d’ailleurs encore d’une notoriété certaine.

Kodak Alaris ou le renouveau d’un acteur emblématique

Aujourd’hui, la compagnie renaît de ses cendres. L’an dernier, le fonds de pension britannique KPP (Kodak Pension Plan) a en effet fait l’acquisition des entités Kodak Personalized Imaging et Document Imaging auprès de la société Eastman Kodak en faillite.

C’est ainsi qu’a vu le jour Kodak Alaris, un nouveau Kodak qui se veut résolument tourné vers les usages de notre ère connectée. Chez cette jeune société on pense qu’il faut essentiellement s’appuyer sur ses points forts tout en acceptant de s’adapter aux changements de son marché.

« Nous réussissons à tirer profit d’un service R&D toujours à la pointe afin de proposer des produits et des services aussi innovants que performants qui répondent aux besoins et aux attentes des consommateurs », explique Pascale Philbert-Grondel.

D’autre part, le capital sympathie dans l’imaginaire collectif et l’image de marque de Kodak jouent un rôle important dans sa transformation. Ces deux facteurs lui permettent aujourd’hui d’asseoir sa crédibilité dans les secteurs qu’elle a décidé de pénétrer. Kodak Alaris a su repartir sur de nouvelles bases avec de nouveaux managers recrutés dans les Télécoms et au sein de pure-players, tout en suivant les valeurs de la société : « Trusted Nimble Creative Driven ».

Kodak Alaris à l’assaut d’Instagram ?

Le secteur de la photographie, celui de Kodak, fut très vite propice à une mue, car il est devenu à la fois numérique et mobile, notamment grâce aux applications. C’est pourquoi dès sa création Kodak Alaris a fondé sa stratégie sur la photo mobile en créant l'application Kodak Moments. Loin des 400 millions d'adeptes d'Instagram, c'est aujourd’hui la seule application « tout en un » du marché, allant de la capture, en passant par le partage sur les réseaux sociaux, jusqu’à l’impression des clichés dans les magasins spécialisés photo ainsi que dans la grande distribution.

« Nous avons su nous adapter aux nouveaux usages pour en faire des alliés de notre activité : en développant des bornes d’impression connectées aux réseaux sociaux, connectables aux tablettes et smartphones en WIFI, et surtout notre application Kodak Moments est dotée de l’option Click and Collect », révèle Pascale Philbert-Grondel

kodak

C’est ainsi que l’entreprise compte offrir la pointe de l’innovation pour la distribution d’aujourd’hui que l’on peut qualifier d’hybride et multicanale.

Toutefois, malgré ce basculement numérique, est-ce la fin de la pellicule, métier historique de Kodak ? Il faut dire que le film fait de la résistance et continue de se vendre, aussi bien auprès des professionnels que des amateurs avertis et du grand public. La tendance actuelle est au vintage, et l’on observe un grand engouement et regain d’intérêt pour la photographie argentique. Si l’on regarde en parallèle le papier photo Kodak, celui-ci continue d’occuper la place de leader sur le marché mondial de l’industrie photo. Dans la musique, fort est de constater par exemple que les ventes de vinyles, représentent un "business" plus important encore que Spotify, Vevo et Youtube réunis. A l’heure du tout connecté, le vintage reste donc une valeur sûre.

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