Dans une étude intitulée « The Future Of Jobs, 2025: Working Side By Side With Robots », le cabinet de recherche Forrester a analysé l'impact de l'automatisation sur le marché du travail américain. Le constat est sans appel: les robots vont entraîner la disparition d'emplois. Beaucoup. Mais l'avenir du marché du travail n'est pas aussi sombre que le dépeignent certains média et intellectuels.


9,1 millions d'emplois menacés aux Etats-Unis

En 2012, le centre de cancérologie Memorial Sloan Kettering à New York accueillait une nouvelle recrue un peu particulière : Watson. Il s’agit d’une intelligence artificielle développée par IBM. Watson assiste les oncologues pour dresser des diagnostics et préconiser des traitements. Grâce aux millions de pages de journaux spécialisés et tests cliniques qu'il a ingurgité, il peut délivrer des résultats en quelques minutes, là où l'homme aurait besoin d'heures, voire de jours. De plus, Watson apprend de ses erreurs dans un processus d'apprentissage automatique.

Avec la transition numérique, les robots – intelligences artificielles ou machines physiques – se diffuseront de manière croissante dans tous les pans de la société. Certains nous accompagnent déjà au quotidien sans qu'on n'y prête attention: les guichets automatiques bancaires, les serveurs vocaux interactifs, ou encore les caisses en libre-service dans les supermarchés.

A l'horizon 2025, Forrester prévoit que l'automatisation entraînera la disparition de 16% des emplois aux Etats-Unis (22,7 millions). Mais en contrepartie la création des robots, des logiciels et la maintenance devraient engendrer 9% de nouveaux postes (13,6 millions). Ainsi, le rapport table sur une perte nette d’emplois de 7% (9,1 millions).

Des prédictions plus optimistes que prévu

Un nombre important d'emplois est donc menacé par l'automatisation mais nettement moins que les chiffres avancés en 2013 par deux professeurs d'Oxford, Carl Frey et Michael Osbourne. Ces derniers estimaient que 47% des emplois aux Etats-Unis (69 millions) avaient un risque élevé d'être remplacés par l'automatisation. En France, le cabinet de conseil Roland Berger rapporte que 42% des métiers présentent une probabilité d’automatisation forte. Ainsi, 3 millions d'emplois pourraient être détruits par la numérisation de l’économie à l'horizon 2025.

Parmi les fonctions les plus touchées, on retrouve les métiers du bâtiment tels que les maçons, les électriciens, les plombiers et les professions similaires. L'industrie ne sera pas non plus en reste puisque les robots équiperont les usines tout au long de la chaîne de production. Les fonctions supports et administratives seront aussi très impactées par l'essor croissant des logiciels de gestion. Enfin, les métiers autour de la vente – caissiers, représentants de commerce, vendeurs en magasin – verront leurs effectifs diminuer au profit des kiosques et des systèmes en libre-service.

Les robots transformeront nos emplois mais ne les remplaceront pas

Cependant, ces chiffres ne doivent pas nous effrayer. Le rapport Forrester souligne que l'évolution majeure liée à l'automatisation sera la transformation des métiers, pas leur disparition. L’enjeu futur pour la société sera donc de trouver un compromis entre les humains et la robotique. Ce cadre devra permettre aux deux partis de travailler ensemble, sans que les robots ne se substituent aux hommes. C’est déjà le cas au centre de cancérologie de New York, où l'intelligence artificielle Watson travaille de concert avec les oncologues sans pour autant remplacer l'intelligence humaine. En outre, les robots ne pourront se passer des humains ; il faudra des individus pour les concevoir, les programmer, les réparer et les faire progresser via le « deep learning ».

Par ailleurs, la robotique aura de nombreux bénéfices sur l'économie: modernisation de l'appareil productif, gains de productivité et réduction des coûts. Selon Roland Berger, l'automatisation permettrait d'engranger 30 milliards d'euros de recettes fiscales et d'économies budgétaires, et de dégager des investissements privés de l'ordre de 30 milliards d'euros. Pour le consommateur, cette transition pourrait libérer 13 milliards d'euros de pouvoir d'achat, sous forme de redistribution de dividendes et de baisse des prix. A terme, le robot pourrait donc devenir le meilleur ami de l’homme.

Pour aller plus loin sur ce sujet, Maddyness organise le 20 janvier prochain la Maddy Keynote, le sommet des décideurs de l'innovation.

Maddy Keynote 2016
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